L'entreprise marocaine entre dans une nouvelle ère géostratégique caractérisée par la maîtrise des flux de savoir et de connaissance, devenue l'une des variables essentielles de la compétitivité et du développement. Le ministère du Commerce, de l'Industrie et de la Mise à niveau de l'Économie a initié un projet consistant à mettre en place d'un dispositif de veille stratégique pour l'industrie et le commerce. Veille stratégique, innovation et compétitivité : tel a été le thème organisé les 7 et 8 mars par l'Association Recherche et Développement (R&D) Maroc. Le choix du thème n'est pas fortuit, car il est d'une actualité brûlante dans un contexte où les frontières sont poreuses. Le présent colloque cherche à répondre à un double objectif permettant ainsi aux responsables de présenter les dispositifs mis en place dans le cadre d'observatoires, de services ou cellules et d'échanger leurs expériences tout en nouant d'éventuels partenariats. Étaient présents à ce colloque des experts nationaux et étrangers qui ont communiqué deux jours durant l'art de la veille, les outils et les méthodologies mises en oeuvre. La veille stratégique a pour composantes majeures la veille technologique et la veille concurrentielle. Les entreprises, toutes catégories confondues, sont ainsi appelées à être de plus en plus aux aguets. Elles devront être amenées à détecter de nouveaux brevets, collecter des informations informelles tout en respectant les règles d'éthique et de déontologie. C'est de cette manière que les entreprises pourront être plus compétitives. L'innovation permanente vise à préserver un avantage concurrentiel durable. Elle peut recouvrir soit l'innovation produit, levier essentiel de stimulation de la demande, soit l'innovation de procédé et l'innovation organisationnelle qui sont souvent plus discrètes, moins apparentes, mais génératrices de gain de compétitivité, de productivité et de qualité. Lors du colloque, les experts ont essayé de passer en revue les raisons qui font que le recours aux outils et pratiques de l'intelligence économique constitue aujourd'hui un facteur décisif. Ils ont essayé également de mettre en exergue les conditions préalables à la mise en place de politiques publiques et privées de promotion et de diffusion des pratiques de l'intelligence économique. En effet, il n'est un secret pour personne que l'innovation est le parent pauvre de nombreuses entreprises, notamment les PME. Le recours à la technologie demeure à un niveau dérisoire. Par ailleurs, l'adoption d'une stratégie en bonne et due forme n'est que l'apanage des grandes entreprises. D'une manière globale, le constat est amer. Un bilan à mi-parcours Toutefois, cela n'empêche que le gouvernement marocain est bien conscient de cet enjeu et a adopté dans ce sens plusieurs actions visant à mettre à niveau le tissu productif marocain et améliorer l'économie nationale. Le ministère du Commerce, de l'Industrie et de la Mise à niveau de l'Économie a initié, dans le cadre de la coopération avec la France, un projet de mise en place d'un dispositif de veille stratégique pour l'industrie et le commerce. Le projet susvisé consiste en létablissement d'un dispositif organisé et intégré visant à fournir aux opérateurs économiques l'information leur permettant une meilleure connaissance de leur environnement afin de conserver une constante longueur d'avance sur leurs concurrents. Il s'agit concrètement de répondre aux attentes des entreprises en informations en procédant à la collecte et à l'analyse de l'information utile à l'élaboration de leur stratégie. Mohssine Semmar, directeur au sein du ministère du Commerce, de l'Industrie et de la Mise à Niveau de l'Économie, annonce que "le ministère envisage de lancer une opération pilote avec linstauration d'une cellule de veille sectorielle qui s'attachera à mettre à la disposition des entreprises d'un secteur d'activité à fort potentiel, l'information à caractère stratégique". Par ailleurs, à travers l'Institut Marocain de l'Information Scientifique et Technique (IMSIT), le gouvernement concrétise sa volonté de promouvoir la recherche scientifique et technique au service du développement économique. Une enquête sur les besoins en informations scientifiques, techniques et technologiques a été destinée aux entreprises des cinq secteurs de transformation industrielle. Cette enquête vient appuyer quelques-unes des principales missions de l'IMST, celles d'assurer les activités de veille technologique au profit du développement économique et social national et de fournir aux décideurs et chefs d'entreprise une information pertinente pour une meilleure aide à la décision. Les actions précitées ne sont pas exhaustives. D'autres initiatives sont en phase de concrétisation... Et l'industrie automobile ? La politique d'industrialisation du secteur automobile prônée par le ministère du Commerce et de l'Industrie a été matérialisée par les projets des véhicules dits économiques. Cette politique se trouve favorisée par les tendances internationales. Dans son nouveau rôle, l'AMICA accorde un intérêt particulier dans ses nouvelles missions à la fonction «veille», puisqu'elle s'attelle à anticiper l'évolution du secteur et sa mutation vers l'international d'une part, et à favoriser l'amélioration continue de la compétitivité au niveau des entreprises en tant que condition sine qua non de leur intégration à la mondialisation, dautre part. Une chose est donc sûre : l'économie nationale n'a d'autre alternative pour maintenir sa croissance que d'évoluer au-delà des frontières en développant sa compétitivité productive et commerciale. Le monde entier semble engagé dans une telle dynamique. Le nouvel enjeu n'est plus de choisir d'y adhérer ou non, mais plutôt de définir comment et à quelle vitesse.