L'idée est de pousser la réflexion sur les outils de promotion à développer pour optimiser la commercialisation des produits touristiques marocains, tout en les adaptant aux besoins des opérateurs nationaux. Mais la promotion ne saurait se faire sans la qualité. Après une première édition, tenue en octobre dernier à Marrakech, l'Office National Marocain du Tourisme, en partenariat avec la Fédération Nationale du Tourisme et le Conseil régional du tourisme d'Agadir Souss Massa Draa, a organisé la deuxième édition des Journées professionnelles du tourisme (JPT), le week-end dernier à Agadir. Cet événement qui veut s'installer comme rendez-vous semestriel s'est tenu cette fois-ci sous le thème «Pour une action commerciale concertée». Et quelque 200 à 300 professionnels étaient présents aux différents ateliers dédiés à la promotion par marché, le commercial étant le nerf de la guerre dans un secteur hautement concurrentiel qui, de surcroît est en période de crise. En effet, en 2011, l'activité touristique a enregistré un timide 1 % et cette tendance semble se poursuivre puisque l'activité du mois de janvier 2012 est en baisse de 11% par rapport à la même période de l'année précédente. Ali Ghannam, le président de la FNT, a tenté de tempérer ce résultat en expliquant que la première moitié de 2011 avait démarré sur un trend haussier n'étaient le printemps arabe et les tristes évènements de l'Argana à Marrakech qui ont terni les résultats du deuxième semestre 2011, impactant ainsi le résultat global de l'année. Toujours selon l'analyse de A. Ghannam, le mois de janvier de 2012 est en progression de 5 % par rapport à janvier 2010. Néanmoins, il ne faut pas s'attendre à des progressions fulgurantes cette année. 2012 s'annonce donc difficile mais rien n'empêche de relever le défi et du contexte politico-économique et de la concurrence des pays de l'Asie et Pacifique (6,1 % de progression en 2011 et qui se confirme pour 2012). Et quand on dit action commerciale, thème de cette édition, on dit promotion, marketing et communication. Et si le budget de l'ONMT, qui communique à grande échelle sur la destination Maroc, a bénéficié pendant deux années successives d'une rallonge de 150 MDH par an portant son budget annuel à 550 MDH, cette année de crise (sic) l'Office devra faire avec les 400 MDH habituels. Ce n'est pas rien non plus en comparaison avec d'autres secteurs de l'économie. D'où l'intérêt de l'événement d'Agadir qui permet, selon Hamid Addou, le DG de l'ONMT, de faire un brainstorming et essayer de dégager des recommandations avec des actions précises concertées entre secteurs public et privé. Des experts nationaux et étrangers ont présenté leurs points de vue sur des sujets précis concernant notamment les outils de promotion à l'étranger. Pour certains, la plénière était plutôt didactique et il est important de familiariser certains professionnels avec des outils comme les workshops, éductours, salons et foires touristiques mais également l'utilisation d'Internet à la fois dans le volet promotion comme dans le volet commercialisation. C'est ainsi qu'un kit «Les Experts du Maroc» a été distribué aux professionnels participants ainsi que des affiches de certaines destinations nationales aux agences de voyages. D'ailleurs, une phrase de Hamid Addou est plus que révélatrice de la perte de vitesse en terme de promotion puisqu'il a indiqué qu'on s'était rendu compte que certaines agences n'avaient pas ces affiches qui sont un outil élémentaire de travail : à savoir vendre le rêve. Ceci pousse à réfléchir l'ONMT qui, en trois ans, a multiplié par 10 l'investissement dans le web. Cependant ne doit-il pas renforcer les outils de promotion dans les agences pour qu'elles se rapprochent du niveau de communications des 15 délégations de l'ONMT à travers le monde ? Histoire d'harmoniser l'action commerciale et la rendre plus agressive. Une fois la séance de familiarisation et d'échange sur ces outils de promotion achevée, les professionnels sont passés à l'étape suivante : discuter des actions commerciales ou de promotion à mener par marché. Et l'une des demandes qui est revenu, en boucle dans tous les ateliers est celle de l'aérien. Une véritable problématique dont souffre le Maroc puisqu'à cause de la flambée du kérosène, des compagnies ont maintenu leurs avions au sol, le cas de la compagnie aérienne low cost Ryan Air qui a immobilisé un tiers de sa flotte. Même la RAM a immobilisé des avions au sol. Les dessertes ont été réduites malgré l'accord d'Open Sky ! Une question qui semble taraudait le DG de l'ONMT qui s'est félicité d'ailleurs du retour de Air France sur Marrakech, en espérant convaincre d'autres compagnies d'investir la destination. Quitte à créer un fonds de soutien à l'aérien ? Bref, le tourisme sans l'aérien, voilà un handicap majeur qui se pose au secteur à cause des déboires financiers de la compagnie aérienne nationale. Quid de la qualité ? Lors de ces 2èmes JPT, on a à peine abordé la question de la qualité du produit lui-même. D'abord, en ouverture de ces JPT, c'est Tarik Kabbaj, le maire d'Agadir, qui s'est interrogé sur la perle du Souss : faut-il repenser le produit ou opérer une correction du marché face à la crise que connaît la destination ? La deuxième fois où l'on a évoqué cette question, c'était lors de l'intervention d'Ousmane Ndiaye, le Directeur régional pour l'Afrique de l'Organisation mondiale du tourisme. Récapitulant les conclusions de l'OMT sur le développement du tourisme mondial, il a évoqué la question du modèle de développement du secteur : surmonter les problèmes structurelles, analyser les initiatives de certains pays, renforcer le partenariat public-privé, développer la com.' puis créer des conditions favorables à l'investissement dans le tourisme. Et il est temps pour le Maroc de faire le point sur son modèle de développement touristique. Il est vrai qu'avec des Visions, on a de la visibilité sur l'investissement, la capacité litière … Mais une fois les lampions éteints, certains projets tournent court. Le DG de l'ONMT a lui-même précisé que la politique de l'ONMT est d'accompagner les ouvertures, notamment des stations balnéaires ; mais qu'en est-il de l'existant ? Et là, il n'est plus question de promotions mais du produit lui-même. Ce qui repose la question du classement, du contrôle, de la qualité … Ainsi, il est évident que la promotion ne peut se faire indépendamment de ce vaste chantier qui n'a pas encore abouti : celui du classement des établissements hôteliers mais également du contrôle dans les autres attractivités qui accueillent des touristes, de la qualité des prestations. Autrement dit, faire la promotion de chose qu'on n'a pas, ça frôle l'arnaque. Ce chantier est vaste et difficile, mais s'il n'aboutit pas encore c'est également à cause des poches des résistance dans ce secteur, notamment des opérateurs qui tirent profit de la situation actuelle faisant fi de l'intérêt de restructurer ce secteur qui pèse pour 10% du PIB et emploie 500.000 personnes sans compter les emplois indirects. A l'issue de ces JPT, il a été convenu d'améliorer la concertation entre l'ONMT et les professionnels pour la programmation et l'organisation de workshops, eductours et salons, notamment en incitant les associations professionnelles à préparer un planning et des thématiques complètes, avant fin août, pour 2013. Il a également été question de mettre au point des outils de partage de l'information entre l'Office et les professionnels, notamment les bases de données et plus particulièrement «Les Experts Maroc». De même mettre en place un plan d'action commun et ambitieux pour la promotion du tourisme interne. Mais toujours est-il qu'il faut insister : vendons ce que nous avons et non pas ce à quoi nous aspirons !