Le marché boursier navigue toujours en zone rouge. A la fin de la séance de mardi dernier, le Masi et le Madex affichaient des performances respectives de -4,05 et -4,02 %. Ainsi, après quatre mois, l'atonie règne toujours sur la place où il est, pour l'instant, bien difficile de faire des pronostics. Ou plutôt si : la reprise n'est pas pour maintenant, la Bourse de Casablanca n'offrant aucune visibilité. Cet avis semble partagé par maints analystes. Surtout dans un contexte où les investisseurs, passablement irrités par les résultats des sociétés cotées, sont plus que jamais dans une posture attentiste. Rien d'étonnant cependant. Car, dans ces mêmes colonnes, nous avions soutenu que la physionomie du marché ne changerait point s'il n'y a pas de véritables signaux de la part des autorités de tutelle. Et il faut se rendre à l'évidence : la Bourse ne figure pas parmi les priorités du nouveau gouvernement. Pour le moment en tout cas. Car, l'urgence semble être autre : la maîtrise du déficit budgétaire et la relance de la croissance dans une conjoncture marquée par une campagne agricole compromise, l'envolée des cours du baril de pétrole et la mauvaise passe que traverse le premier partenaire économique du Royaume, l'Europe. Même la mise en place de la Place financière de Casablanca semble être actuellement davantage une priorité que la relance de la Bourse de Casablanca. L'une va-t-elle sans l'autre ? A l'évidence non. Il faut faire quelque chose. C'est clair. Avant que la situation ne se dégrade davantage. Oscar Wilde disait, à juste titre, «l'expérience est le nom que l'on donne à ses erreurs». Mais il semble bien que l'histoire récente du marché boursier n'ait pas servi de leçon aux autorités. Lesquelles ont une fâcheuse habitude : attendre que le marché soit au plus mal et que les professionnels lancent des cris d'orfraie pour proposer des solutions ponctuelles, concoctées dans l'urgence, et qui s'avèrent inadaptées à moyen et long termes. Il est utile de rappeler, de temps à autre, que ce n'est pas de cette façon que les investisseurs retrouveront confiance et que le marché pourra s'inscrire dans une dynamique de croissance durable. Et redonner confiance aux investisseurs passera par de profondes réformes, mais aussi par une moralisation des affaires financières, surtout après les irrégularités et manquements dénoncés dans le dernier rapport de la Cour des Comptes (www.financenews.ma).