Taoufik Hjira a tenu à ce que sa première rencontre avec la presse, le mercredi 23 février à Rabat, se fasse à cur ouvert pour reprendre ses termes. À lordre du jour de cette rencontre, le bilan de 2003-2004 et le plan daction pour 2005. À mi-parcours de son mandat, Hjira a cherché à évaluer le travail de son ministère, parler des problèmes rencontrés et des chantiers qui névoluent pas bien. Entouré des directeurs de services et responsables de son ministère, Hjira a entamé son intervention en faisant le bilan des projets mis en chantier. Pour commencer, il a souligné que tous les projets lancés par S.M. le Roi avancent à un bon rythme. Mohammed VI a effectivement donné le coup denvoi, début 2003, de 96 projets, soit 265.000 unités. Entre 2003 et 2004, ce sont au total 450.000 unités qui ont été mises en chantier. Cest durant cette même période que les chantiers du logement économique à bas coût ont fleuri avec le lancement de 9.500 logements à moins de 120.000 DH lunité. Les deux années ont été marquées par la poursuite du programme des 200.000 logements sociaux, avec au total 240.000 unités produites à fin janvier 2004. Le secteur privé y a contribué à hauteur de 78 %. Ambition justifiée ? Lambition du ministre est de faire de l'année 2005 celle de la production des 100.000 logements, comme il a été exprimé strictement dans la Déclaration gouvernementale faite devant le Parlement. Certes, le budget du ministère est passé de 820 millions de dirhams en 2003 à 1.420 millions de dirhams en 2004 permettant ainsi d'ouvrir plusieurs chantiers, mais pour passer à ce rythme de croisière le secteur privé devra davantage adhérer à leur réalisation. Pour ce faire, le ministre a assuré que la viabilisation du foncier et sa passation au secteur privé à des conditions préférentielles sont à même dencourager le secteur privé dans ce sens. Le ministère a également activé certains projets qui avaient peine à démarrer. Ainsi, sur 408 projets, 217 ont été réactivés avec un investissement global de 10 milliards de DH. Le programme des villes sans bidonvilles, lancé en 2003 et qui concerne 99.736 familles, avance bien pour sa part. Il est engagé à 47 % grâce notamment à la signature de conventions. Hjira na pas caché sa ferme intention de clôturer ce programme au cours de cette année et de reloger les 60.000 familles restantes. Mais, il ne sest pourtant pas engagé dans ce sens vu les difficultés que pose le combat contre lhabitat insalubre, notamment dans les villes de Casablanca, Témara et Khemissset. Indicateurs de performance Par ailleurs, et lors de cette même rencontre, le ministre a exposé quelques indicateurs de performance pour témoigner de la bonne santé du secteur. Ainsi, il a révélé que les encours de crédit en la matière ont augmenté de15 %, tandis que la consommation de ciment a connu, en 2004, une augmentation de 5,6 %. Le chantier de lhabitat menaçant ruine nétait pas en reste. Le ministère doit dans ce sens poursuivre le programme de restructuration des logements de 11.700 familles touchées. Un programme national a été lancé avec le concours du Fonds de solidarité pour le logement avec une enveloppe de 850 millions de DH. En décembre 2004, le ministère avait signé quatre conventions concernant le programme durgence pour la ville de Fès. Pendant les deux dernières années, le ministre a cherché à encadrer le secteur à travers les agences urbaines et réhabiliter le ministère dans son rôle de régulateur par le biais des opérateurs publics. Au final, il a affiché un bilan globalement positif de cette restructuration. Lannée 2005 sera résolument lannée de la récolte des premiers fruits des efforts entrepris. Bien évidemment, le bilan nest pas entièrement rose, puisquil y a les dossiers qui marchent moins bien, prennent du retard ou qui n'ont pas pris la bonne cadence. Il sagit, entre autres, des caisses de garantie, du programme de logements dans le monde rural, du code de l'urbanisme, du secteur de la location, des normes d'habitat et d'urbanisme. Le ministre sest engagé à sy atteler. Perspectives Vingt chantiers forment la priorité de cette année 2005. En plus de lobligation de respecter les délais des projets lancés par le Roi, cette année devra démarrer le cycle de production de 100.000 unités par an. Cinq ou six villes seront déclarées villes sans bidonvilles. Elles seront viabilisées avec un label puisque, comme le souligne Hjira, «on ne va pas combattre lhabitat insalubre à linfini ». De grands projets et chantiers seront lancés dans le secteur du logement social. De nouveaux espaces urbains seront créés, avec notamment la création de nouvelles villes ou des villes périphériques pour pallier linsuffisance de loffre dans des villes comme Rabat, Marrakech ou Casablanca. Lactivation des caisses de garantie fait également partie de cette liste de priorité, ainsi que la généralisation du guichet unique pour permettre au public davoir des permis de construction en moins de 15 jours. Dans le cadre des restructurations, lannée 2005 connaîtra la poursuite du programme dintégration des établissements publics de lhabitat en un seul groupe : Al Oumrane. Lautre chantier qui devrait être réalisé durant cette année concerne ladoption du projet de loi n° 04-04. Une loi qui devra éditer diverses dispositions en matière dhabitat et durbanisme. Pour une seule année, Hjira a du pain sur la planche.