Consciente des potentialités marocaines, la BAD est le premier bailleur de fonds du pays et compte l'accompagner encore dans les années à venir. Le cadré législatif et le marché financier sont des atouts non négligeables pour attirer les IDE. L'agriculture est l'un des secteurs les plus attractifs, notamment pour la Banque mondiale qui y voit une réelle opportunité d'investissement. Contre vents et marées, le secteur du tourisme affirme encore plus sa solidité. L'Afrique est devenue le continent de l'espoir. C'est en ces termes qu'a décrit la représentante résidente de la Banque Africaine de Développement au Maroc (BAD), Amani Abou Zeid, le continent africain, lors du «Morocco Investor's Summit 2012» tenu dernièrement à Casablanca. Le continent est présenté par la BAD comme terre d'investissement à forte croissance. Il faut rappeler que même en temps de crise, alors que l'Europe entière a du mal à se stabiliser, l'Afrique est l'un des rares continents à enregistrer une croissance positive. À cet effet, Amani Abou Zeid précise que l'Afrique affiche des taux de croissance entre 6% et 7%, malgré les difficultés que le monde vit actuellement». En effet, l'Afrique affiche des taux de croissance intéressants et se démocratise dans tous les domaines. C'est aussi le continent qui s'urbanise le plus dans le monde entier. Cependant, si le continent offre plusieurs opportunités, certains freins à relever persistent, notamment le renforcement du système financier, mais aussi l'amélioration des infrastructures de base. Une chose est cependant sûre : c'est que la BAD représente l'arme de développement économique du continent et compte bien renforcer cette position. À cet effet, un dialogue a été instauré avec le Maroc afin d'améliorer l'attrait de ce dernier et de faire profiter les investisseurs présents des opportunités qu'offre le pays. L'un des constats généraux qui ressort des différentes présentations est que la Maroc recèle plusieurs opportunités à saisir et la mise en place de plusieurs stratégies de développement ne fait que renforcer cette réalité. La BAD l'aura compris. En effet, Amani Abou Zeid a rappelé que «la BAD est le premier partenaire de l'Afrique, c'est aussi le premier partenaire du Maroc et nous sommes au service du Royaume». Le portefeuille d'actifs de cette dernière s'élève à 2,3 milliards d'euros rien que pour le Maroc et il est prévu d'injecter encore 1 milliard d'euros pour cette année encore. Cet investissement est en adéquation avec la stratégie de la BAD pour le Maroc. En effet, la banque compte aider le pays à renforcer son système de gouvernance et l'inclusion sociale, mais aussi à développer ses infrastructures, et surtout les infrastructures vertes. Ces chiffres démontrent grandement l'attractivité du pays. Mais qu'en est-il réellement de ces opportunités marocaines ? Avant de se lancer dans n'importe quelle expérience d'investissement, l'une des préoccupations majeures de l'investisseur est le climat des affaires, mais aussi le cadre législatif qui régit le pays. La stabilité politique et les bons fondamentaux macro-économique du pays sont l'un des facteurs aidant à attirer les IDE, mais pas seulement. «Le cadre législatif est très attractif», affirme Azzedine Kettani, Fondateur du cabinet Kettani Law Firm au Maroc. En effet, la mise en place de la loi 08-07 qui régit l'arbitrage international est une avancée majeure en la matière et participe à instairer un environnement des affaires sécurisé pour les investisseurs étrangers. Tout autant , le marché financier marocain, notamment le marché bancaire et des assurances, est considéré parmi les secteurs les plus développés, non seulement dans le pays, mais sur tout le continent. Et la création de la CFC, considérée comme un hub financier du continent, ne fait que renforcer cette réalité et asseoit davantage les potentialités marocaines sur le marché africain. L'agriculture, ce secteur complexe L'un des secteurs qui fait l'unanimité est sans conteste l'agriculture. En effet, représentant 15 % du PIB du Maroc et 23 % des exportations du pays, et employant près de la moitie de la population active, le secteur agricole et agro-alimentaire (avec la sylviculture et la pêche) est l'un des piliers de l'économie marocaine. En zone rurale, il représente la principale source d'emplois et de revenus pour environ 80% de la population active. Cependant, ce secteur est semé d'embuches; c'est du moins le constat de la Banque mondiale. La mise en place de certaines politiques a fortement limité les possibilités de l'agriculture traditionnelle et des petits agriculteurs. Mais tout cela est appelés à changer avec le lancement d'une stratégie de développement agricole au pouvoir transformateur : le Plan Maroc Vert (PMV) 2008-2020. «Le PMV est une stratégie ambitieuse qui vise à transformer le secteur agricole et agro-alimentaire en une source stable de croissance, de compétitivité et de développement économique plus diversifiée dans les zone rurales, grâce aux investissements agricoles et à des réformes parallèles systématiques du secteur public», souligne Eavan O'Halloran, chargé de programme senior au département des pays du Maghreb à la Banque mondiale. Le PMV représente un changement majeur et se démarque de l'intervention de l'Etat qui remplace le secteur privé pour se concentrer sur la fourniture de biens et de services publics et le développement de partenariats public-privé (PPP) pour appuyer le secteur. Ces PPP sont indispensables pour réaliser le potentiel de croissance nationale des exportations du secteur agricole et agro-alimentaire. En particulier et notamment dans les fruits frais et légumes transformées de haut de gamme, rendu possible grâce à la position géographique du Maroc et à son accès privilégié aux marchés de l'Union européenne et ceux des Etats-Unis ainsi qu'une demande locale accrue pour les produits alimentaires de qualité. «Permettre aux PPP d'aider à la commercialisation, l'assistance technique et la bonne qualité des services, permettra sûrement aux petits producteurs de participer à un secteur grandissant et dynamique», affirme Eavan O'Halloran. La Banque mondiale estime que le système actuel réduit les revenus des producteurs en raison des coûts de transaction très élevés. Il génère également des prix à la consommation très élevés, ce qui affecte les pauvres dans les zones urbaines de manière disproportionnée. Il contribue également à limiter les incitations d'ajout de valeur, ainsi que l'intégration des producteurs dans les chaînes de valeur, et à altérer les échanges commerciaux nationaux. «Enlever les politiques qui empêchent la participation du secteur privé à la modernisation des marchés de gros des fruits et légumes, les abattoirs, et la pêche aura un impact majeur sur les producteurs et les consommateurs marocains, permettra au secteur de fonctionner d'une manière efficace à l'échelle nationale et de concurrencer le marché international», conclut Eavan. Le tourisme, un secteur attractif Aujourd'hui, la stratégie nationale de développement du secteur est ancrée autour de la Vision 2020. Imad Barrakad, président du Directoire de la Société Marocaine d'Ingénierie Touristique (SMIT), a dressé le bilan du secteur et a mis en exergue les potentialités du pays en ce sens. Il a annoncé à cet effet que «le Maroc a réalisé beaucoup d'avancées dans le secteur du tourisme, puisqu'au moment où il ne recevait que 2 millions de touristes, il avait mis en place la Vision 2010, ce qui avait permis d'avoir environ 9,5 millions de touristes durant la dernière décennie. Ce sont là des réalisations importantes. L'ambition du Maroc est de doubler en 2020 la taille du secteur et d'aller vers 18 millions d'arrivées». Par ailleurs, ni les incidents ayant eu lieu au Maroc n'ont eu d'impact réel sur le secteur. Barrakad rappelle qu'«en terme d'arrivées, comme le reflètent les chiffres du ministère, en 2011 le Maroc a enregistré une hausse de 1%, alors qu'en Egypte et en Tunisie on a noté entre -40 et -60 %». C'est pour dire que le secteur du tourisme s'en sort presque avec les honneurs, eu égard à la conjoncture mondiale. Le plan et la stratégie marocaine semble séduire. Il n'y a qu'à voir le nombre d'acteurs étrangers investissant dans le secteur pour s'en convaincre. Transport et logistique : un atout non négligeable Le secteur du transport et de la logistique a également été passé au crible. Le moins qu'on puisse dire est que contrairement au idées préconçus, c'est un secteur générateur de valeur ajoutée. Consciente des opportunités du secteur, la stratégie nationale pour le développement de la compétitivité logistique, qui a fait l'objet du contrat-programme 2010-2015, prévoit de réduire les coûts logistiques de 20 à 15 % du PIB. Portant notamment sur la réalisation de 70 plateformes logistiques dans plusieurs villes (2.080 ha) d'ici 2015, la nouvelle stratégie logistique du Royaume ambitionne d'accélérer la croissance économique de 0,5 point de PIB par an, soit 5 points de PIB en 10 ans. C'est dans ce cadre que Younes Tazi, Directeur de la Stratégie des Programmes et de la Coordination des Transports au sein du ministère de l'Equipement et des Transports, a présenté lors du sommet les grands chantiers des transports et de la logistique ainsi que la nouvelle stratégie logistique. Cette stratégie vise à gérer de façon optimale les flux grandissants de marchandises tant à l'import qu'à l'export et se veut donc un maillon essentiel de toutes les stratégies sectorielles et leur clé de voûte pour servir directement les intérêts des opérateurs économiques et renforcer leur compétitivité. Younes Tazi affirme «qu'à travers l'organisation du transport et des flux de marchandises autour des 70 plateformes logistiques (zones logistiques multiflux) directement connectées aux ports et aux infrastructures autoroutières et ferroviaires et à proximité des sites de production et de consommation, la stratégie logistique permettra une régulation du transport de marchandises par camions, en particulier dans les villes, et une diminution de la congestion dans les centres villes en limitant les flux urbains aux camions de petits tonnages pour l'approvisionnement». La nouvelle stratégie logistique aura également un impact très appréciable sur l'environnement, puisqu'elle permettra une diminution de 35% des émissions de CO2 liées au transport de marchandises, contribuant ainsi aux objectifs d'amélioration de la politique environnementale. Ces améliorations devraient générer une plus-value économique directe de 20 Mds de DH et globale (directe et indirecte) de 40 Mds de DH sur la même période, et la création de 36.000 emplois d'ici 2015 et environ 100.000 à l'accomplissement de la stratégie, 15 ans plus tard. Dossier réalisé par W. Mellouk & S. Zeroual