■ La Société islamique pour le développement veut accompagner le développement de la finance islamique au Maroc. ■ Ses exigences risquent cependant d'être un frein à l'essor de son activité dans le Royaume. La Banque Islamique accorde de l'intérêt à la finance islamique au Maroc. C'est ainsi qu'une conférence-débat s'est tenue dernièrement au siège d'Attijariwafa bank , au cours de laquelle la Société islamique pour le développement du secteur privé (SID), filiale de la Banque islamique de développement, a présenté ses différents produits et services. Comme l'ont exprimé les participants avant la présentation, la BID paraît déterminée à profiter du débat sur la finance islamique au Maroc. En effet, le projet de Casablanca Finance City et l'éventuelle proposition de loi visant à autoriser au Maroc l'exercice de la finance islamique sous forme institutionnelle, semblent séduire plusieurs intervenants dans ce segment, dont la SID. Cette dernière a été créée en 1999 par décision du Conseil des gouverneurs de la BID. Elle a pour objet de contribuer au développement économique des pays membres en encourageant la création, l'extension et la modernisation des entreprises privées. Ainsi, la SID joue un rôle complémentaire à celui de la BID qui s'occupe essentiellement du financement des projets du secteur public et de la promotion du développement économique des pays membres. La SID, par ailleurs , finance les entreprises privées et leur facilite l'accès à d'autres sources de financement. C'est dans cette optique qu'elle compte soutenir les entreprises privées marocaines et mettre à leur disposition différentes gammes de produits, allant des simples produits de financement, court et moyen termes, aux prises de participations et la gestion d'actifs. Cependant, la majorité des questions posées pendant le débat concernait la stratégie de la SID pour concurrencer les financements classiques, surtout que, malgré le manque de liquidité, le secteur bancaire marocain est en pleine forme, et les banques marocaines très compétitives au niveau national et continental. A ce titre, le top management a clairement précisé l'incapacité de la SID à concurrencer les banques classiques dans le sens où celles-ci, au-delà du financement, offrent d'autres services à leur clientèle. Dans un marché comme celui du Maroc, «la SID accorde un prêt à une banque classique qui, à son tour, octroie des lignes de financement, compatibles avec la chari'a, principalement destinées au financement des PME», confie-t-on auprès de la BID. Ainsi, la SID mise, au-delà de la qualité de ses produits de financement, sur le rôle de catalyseur de la finance islamique sous sa forme alternative à la finance conventionnelle, principalement dans les prises de participations compatibles avec la chari'a, notamment la Moucharaka et la Moudaraba et sur le financement à terme (ijara, istisna'a …). Reste que parmi les contraintes relevées par les spécialistes lors de la conférence, figure la batterie de conditions exigées par le SID pour qu'une entreprise soit éligible au financement. Au-delà de la nature de l'activité de l'entreprise, l'investissement «doit avoir un impact sur l'ensemble de l'économie et être entrepris par des promoteurs expérimentés». Or, l'économie marocaine a besoin d'accompagnement et de financement adaptés aux jeunes entrepreneurs et aux TPE/PME. A cela s'ajoute la durée de financement proposée par la société qui ne dépasse pas en moyenne les cinq ans. «Les conditions ne sont pas en adéquation avec la nature des entreprises marocaines, qui veulent souvent un financement à 7 ans, voire plus, pour des montants dépassant les seuils proposés», déplore un banquier. Egalement, la SID accorde tous les financements en Dollar, ce qui expose les entreprises qui en bénéficient au risque de change. C'est dire la nécessité pour la SID de repenser ses offres afin de les adapter à la nature du marché marocain. ■