■ Les jeunes sont à la base des renversements des régimes de dictature. ■ Des mesures d'accompagnement sont désormais indispensables afin de rendre la participation des jeunes effective et efficiente sur tous les plans. Les dernières révolutions qui se sont manifestées dans quelques pays arabes ont mis en exergue la volonté des jeunes de mettre un terme à la dictature et de promouvoir la démocratie. Après plusieurs années de déni, de mauvaise gouvernance, de corruption, de clientélisme… les jeunes aspirent au changement. La montée des courants islamistes dans des pays tels que le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, la Libye… est un signal fort qu'une nouvelle page s'ouvre désormais. Une page où les jeunes sont appelés à contribuer activement au développement. Comment impliquer les jeunes en tant qu'acteurs à part entière dans le processus de développement ? Comment les préparer à relever les défis du développement durable? Quelles mesures d'accompagnement mettre en place pour rendre cette participation effective et efficiente sur tous les plans ? Quel est le rôle des gouvernements, des acteurs politiques et économiques, des partenaires au développement, de la société civile et des médias dans la promotion de la participation des jeunes ? Tels sont certains des axes thématiques autour desquels s'est déroulé le Forum pour le développement en Afrique du Nord prévu à Tunis du 8 au 10 décembre 2011. Ce Forum est organisé par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, à travers son Bureau pour l'Afrique du Nord (CEA- AN), et ce en partenariat avec l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (ISESCO), l'UNICEF, l'UNESCO, le FNUAP, le PNUD et l'ONUDI et l'UMA. Placé sous le thème «Les jeunes, acteurs du développement», ce Forum a pour objectif, selon Karima Bounemra Ben Soltane, Directrice du Bureau (CEA-AN), «de renforcer les synergies entre les différentes parties prenantes impliquées dans les politiques et programmes de développement, et de mettre en place une plateforme d'échange et de dialogue avec les jeunes des deux sexes issus des pays de la région». Plus de cent cinquante participants ont été invités à enrichir le débat sur les différents aspects de la participation active des jeunes au développement, tout en mettant en exergue les meilleures pratiques au niveau sous-régional et national en matière d'implication des jeunes dans la vie publique, économique, sociale et culturelle. Des questions spécifiques sont traitées, notamment en relation avec l'emploi, la santé, le développement durable, l'intégration régionale, les médias et les réseaux sociaux. Des difficultés à aplanir Les discussions ont permis ainsi d'identifier les contraintes et les limites de la participation des jeunes, et de proposer de nouvelles pistes de réflexion pour des stratégies et des politiques publiques plus inclusives et mieux adaptées, en tenant compte des derniers développements qu'a connus la région et de la dynamique qui s'en est suivie. Une connaissance plus approfondie des attentes et des besoins des jeunes, toutes catégories confondues, s'avère indispensable pour apporter des solutions pertinentes aux nombreux problèmes qui se posent aujourd'hui avec acuité et qui entravent leur épanouissement et leur participation au développement de leurs pays respectifs. A cet effet, une étude sur la situation des jeunes au Maghreb coordonnée par la CEA-AN a servi de base à l'établissement d'un état des lieux exhaustif en vue de dégager des alternatives visant à favoriser la participation réelle des jeunes au processus de développement. Cette étude a été enrichie par les données et les réflexions qui sont présentées, entre autres, par les organisations régionales participant au Forum, comme la Ligue des Etats Arabes. A l'issue de ces trois jours d'échange et de débat, des recommandations opérationnelles sont faites à l'attention des gouvernements, des partenaires au développement et l'ensemble des parties prenantes concernées, en vue de mieux intégrer les préoccupations des jeunes dans les politiques publiques, et de créer un environnement favorable à leur participation effective dans le processus de développement. Une Déclaration finale trace les lignes directrices à suivre et servira de cadre de référence pour la mobilisation des jeunes eux-mêmes, des décideurs politiques, des acteurs économiques et sociaux, de la société civile et des médias, aux fins de promouvoir le rôle des jeunes en tant qu'acteurs de développement, mais aussi en tant que responsables de l'avenir de leurs pays et de leurs sociétés. ■ Soubha Es-siari Les jeunes au Maroc La place qu'occupent les questions relatives aux jeunes dans les discours royaux reflète bien l'intérêt porté par SM le Roi à cette catégorie de la population. Le Souverain a toujours placé la jeunesse marocaine au cœur de toute stratégie de développement intégré en mettant l'accent sur l'importance de l'intégration de la jeunesse, particulièrement celle instruite, dans le processus de production afin de tirer profit de ses potentialités remarquables et de ses hautes compétences au service du développement économique et social du pays. Il ressort de l'examen des politiques menées en faveur de la jeunesse marocaine que celle-ci occupe une place primordiale dans les stratégies de développement du pays. Mais les différents indicateurs la concernant montrent que les résultats atteints ne sont pas encore à la hauteur des attentes. Leur insertion sociale et économique s'est trouvée réduite, durant les cinquante dernières années, par la faiblesse de l'encadrement, en matière d'éducation, d'engagement politique et d'activités culturelles et sportives.