La monnaie virtuelle bitcoin ravive les craintes d'une possible bulle spéculative auprès des milieux économiques et des acteurs du marché financier en Suisse, sa valeur ayant été multipliée par dix-sept en moins d'un an. Le principal problème est qu'en l'absence d'interventions des autorités compétentes, la valeur de cette cryptomonnaie est uniquement déterminée par la demande ce qui conduit à d'énormes fluctuations de prix dans les deux sens.Tel est le constat du président du conseil d'administration d'UBS, Axel Weber qui a appelé dimanche les organismes de régulation à intervenir pour éviter une bulle à l'avenir. La valeur de la cryptodevise a connu une ascension fulgurante avec un cours qui a atteint un pic de 20.000 dollars le 17 décembre, avant de redescendre légèrement, du jamais vu depuis son apparition pour la première fois sur le Chicago Board Options Exchange. Dans une interview à l'hebdomadaire NZZ am Sonntag, Weber a mis en garde les investisseurs contre la tentation de «prendre le train en marche», affirmant qu'une bulle allait inévitablement éclater. «A mon sens, les bitcoins ne sont pas de l'argent», a-t-il affirmé, insistant sur le fait que cette monnaie virtuelle souffrait de «défauts de conception». Le président de la plus grande banque helvétique a estimé que le bitcoin n'était pas un moyen réel de paiement puisqu'elle n'est pas universellement reconnue. «Elle n'est pas non plus un bon moyen de stocker de la valeur puisqu'elle est intrinsèquement instable», a-t-il expliqué. Andréa Maechler, numéro trois de la Banque nationale suisse (BNS), a estimé de son côté que la cryptomonnaie «va rester un instrument d'investissement à but spéculatif, loin de prendre la forme d'une vraie monnaie». S'exprimant lors d'une émission sur la télévision suisse RTS, elle a relevé que le risque de volatilité du bitcoin est régulièrement mis en avant, tout comme le flou qui entoure ce que cette monnaie virtuelle reflète véritablement. «Actuellement, la confiance dans le bitcoin est haute», observe Maechler, notant que sur le long terme, «la confiance ne peut être basée sur rien». Face aux risques de la cryptomonnaie, le groupe UBS a décidé de conseiller de manière explicite à ses clients de ne pas investir dans la monnaie virtuelle, a indiqué en soulignant que la banque ne la considérait pas comme «valable et durable». Pour protéger les investisseurs qui ne tiennent pas compte de l'avis de la banque, «les régulateurs sont nécessaires», a conclu le président de l'UBS.