Le pavé dans la marre de la fonction publique jeté par le dernier rapport de la Cour des Comptes est édifiant à plus d'un titre. Les magistrats de Driss Jettou se sont notamment focalisés sur l'évolution avantageuse de la masse salariale des fonctionnaires. On apprend ainsi qu'entre 2008 et 2016, la masse salariale de la fonction publique a augmenté de 59,2%, alors que dans le même temps la progression des effectifs n'a été que de 9% sur la période. «Cette forte progression de la masse salariale découle des niveaux de rémunération qui ont augmenté sous l'effet des promotions de grade et d'échelon (promotions automatiques ndlr), en plus des différentes décisions de revalorisation salariale qui étaient souvent prises en réponse à des situations conjoncturelles exceptionnelles», souligne la Cour des Comptes. Il importe de souligner à ce titre, le manque d'une vision clairement définie chez les pouvoirs publics lors des négociations du dialogue social. En effet, ces négociations ne sont pas saisies par le Gouvernement pour exiger, en contrepartie des revalorisations salariales, des objectifs à assigner aux bénéficiaires en termes de productivité ou de qualité de service, déplore la Cour. Par ailleurs, la comparaison des niveaux des salaires publics avec d'autres pays, d'une part, et avec le secteur privé d'autre part, permet de conclure que la rémunération des fonctionnaires est relativement élevée au Maroc. Dans la fonction publique de l'Etat, le salaire mensuel net moyen a atteint 7.700 DH en 2016, avec une évolution de 51,6% par rapport à 2006. Quant au salaire net minimum, il s'élève à 3.000 DH, marquant une évolution de 89,2% par rapport à 2007. Ces niveaux élevés, fait remarquer la Cour des Comptes, sont de loin supérieurs aux moyennes du secteur privé où, en 2015, le salaire mensuel net moyen a atteint 4.932 DH et le salaire minimum s'élève à 2.568 DH.