Des délais de paiement supérieurs à 120 jours qui touchent pratiquement tous les grands secteurs. Focus sur les résultats de la 3ème enquête de Coface Maroc.
L'équipe de Coface a dévoilé hier les résultats de la 3ème enquête sur les délais de paiement. Il s'agit d'une nouvelle édition de l'enquête annuelle de Coface (avec BMCI et CFCIM) qui scrute le comportement de 256 entreprises de différents secteurs d'activité. Un échantillon qui a été enrichi de 23% par rapport à l'édition de 2016 et compte davantage d'entreprises exportatrices. Le premier constat qui se dégage de l'enquête est que les délais de paiement ont tendance à s'allonger en 2017. La part des entreprises ayant des délais de paiement supérieurs à 120 jours a augmenté significativement. La proportion de celles dont les délais se situent entre 90 et 120 jours est restée stable. En moyenne, les délais de paiement ont été de 66 jours en 2015, de 82 jours en 2016 et de 99 jours en 2017. La moyenne a atteint 45% pour les entreprises issues du secteur de la construction (38% en 2016), 46% pour pour celles du secteur de la distribution (29% en 2016). Cette enquête se veut également un moyen pour Coface Maroc de suivre les entreprises, diagnostiquer leur santé et, surtout, accompagner celles qui se trouvent en difficulté. La répartition sectorielle révèle que la part des délais de paiement supérieurs à 120 jours a augmenté significativement et d'une manière assez généralisée pour les grands secteurs. Elle atteint 45% pour les entreprises issues de la construction, 46% pour celles du secteur de la distribution, 33% pour les entreprises agroalimentaires et 47% dans les services aux entreprises. A noter également que la répartition des délais de paiement en fonction de la taille de l'entreprise interrogée, montre que celles de grande taille sont plus nombreuses à rencontrer des délais de paiement supérieurs à 120 jours. Pour les entités de petite taille, les délais sont mieux répartis, puisque 34% ont des délais de paiement supérieurs à 120 jours, 21% des délais entre 90 et 120 jours, 17% des délais de 60 à 90 jours et 27% des délais inférieurs à 60 jours. Les délais de paiement sur les six premiers mois se sont allongés aussi bien lorsque les clients sont des entreprises privées que lorsqu'ils sont issus du public. Et seules les entreprises étrangères ont été épargnées avec des délais de paiement stables pour 65% de l'échantillon.
En dépit d'une dégradation des conditions de paiement de leurs clients, plus de 83% de l'échantillon n'appliquent pas de pénalités de retard
Ce que révèle l'enquête, c'est qu'en dépit d'une dégradation des conditions de paiement de leurs clients, plus de 83% de l'échantillon n'appliquent pas de pénalités de retard. Une habitude ancrée dans le comportement des entreprises. Il ressort ainsi que malgré une amélioration de la conjoncture économique en 2017 et sa corrélation avec les délais de paiement, il est observé un allongement dépassant les 120 jours. «Le ralentissement économique de 2016 pourrait apporter des bribes d'explications», annonce Sofia Tozy, économiste à Coface. Et d'enchaîner : «La baisse de la croissance de près de 3 points et la contraction du PIB agricole de plus de 10% ont eu des répercussions sur l'activité des entreprises et semble perdurer au premier trimestre 2017". Des propos appuyés par Frédéric Louat, administrateur Directeur général de Coface Maroc, qui explique à juste titre que les défaillances d'entreprises ont augmenté de 15% en moyenne en glissement annuel au cours de la même période. Le ralentissement économique ne semble pas être le seul facteur. Le manque de liquidités et l'accès au financement des entreprises peuvent être également à l'origine de l'allongement des délais de paiement. Les entreprises sondées anticipent une stabilisation de leurs délais de paiement et une amélioration de leur environnement économique.