■ Le lien de causalité entre la croissance et les exportations est confirmé, mais cela n'empêche que les firmes des pays ouverts sont appelées à être compétitives. ■ La crise financière internationale n'a eu d'impact sur les branches exportatrices qu'en 2009, avec une détérioration du taux de croissance de 0,8%. N otre balance commerciale continue de susciter le débat. Notre taux de couverture ne cesse de reculer. Il est passé à 47,3% à fin septembre 2011 contre 51,2% en 2010. On constate depuis quelques années un déficit commercial qui a atteint le niveau record de 138 Mds de DH à fin septembre 2011. Aujourd'hui, la conjoncture n'augure rien de bon dans la mesure où notre principal partenaire, à savoir le continent européen, vit une crise sans précédent et adopte une politique d'austérité qui risque d'altérer davantage notre taux de couverture. Cette baisse continue du taux de couverture depuis 2007 s'explique par la faiblesse de la diversification qui caractérise aussi bien la nature des produits exportés que les marchés vers lesquels ces produits ont été écoulés. Elle suscite bien entendu des interrogations quant à son impact sur le taux de la croissance. Sur ce plan, les analystes et les empiristes se sont entendus, depuis longtemps, pour dire que le commerce international est un signal fort de la croissance économique. Les échanges entre nations constituent une réelle incitation à l'efficience dans la production, pour que chaque pays puisse exploiter au mieux ses ressources, dans une recherche du meilleur avantage comparatif. A tel point que l'on pouvait prétendre que les pays les plus ouverts sur le plan économique sont ceux qui ont eu à connaître l'amélioration la plus importante du niveau de vie de leurs populations. C'est ce qui a motivé plusieurs pays à exposer un nombre croissant de secteurs à la concurrence internationale. Toutefois, il est à préciser que l'ouverture n'est pas un indicateur de performance en soi. Les firmes des pays ouverts sont appelées à fournir d'importants efforts pour bien pénétrer ces marchés, essentiellement dans un contexte de démantèlement tarifaire et de mise en conformité aux normes internationales qu'impose la mondialisation. Un lien de causalité confirmé Certains des analystes de l'Observatoire de conjoncture se sont attelés à déterminer le type de corrélation susceptible de lier la génération de la valeur ajoutée aux performances de l'exportation. On relève parmi les hypothèses les plus établies, les aspirations compétitives sur le marché mondial, que certains temporisent sans rejeter le fait de causalité, en faisant valoir que le pouvoir des exportations n'a été que celui de réduire la pénurie d'importation. Dans une situation pareille le Maroc aurait tout intérêt à s'inscrire dans une ouverture sur le commerce international, où il pourrait s'octroyer un rôle naturel dans les rapports Nord-Sud afin de tirer le meilleur parti de la valorisation de son potentiel compétitif. La question que se posent d'emblée les conjoncturistes est la suivante : est-ce que c'est la croissance qui est tenue de soutenir à tout prix l'exportation, ou est-ce que ce sont les exportations qui créent la croissance ? D'après les experts de la Banque mondiale les réussites des modèles économiques des pays émergents de l'Asie sont une illustration. Ils reconnaissent toutefois que si la relation est avérée elle demeure différenciée selon les pays. Ils complètent par le corollaire énonçant que la relation n'est pas à sens unique. «La situation du commerce mondial montre qu'un pays qui jouit d'une bonne situation économique a toutes les chances de réaliser une forte croissance et, partant, de disposer de meilleures opportunités compétitives». Quid du Maroc ? Au cours des dernières années la tendance de la croissance économique au Maroc a connu un niveau relativement soutenu. La crise financière qui s'est déclenchée en 2008 dans les pays partenaires du Maroc n'a été ressentie par le Royaume qu'en 2009. Elle a altéré les performances des branches dépendantes de l'extérieur. La détérioration du taux de croissance a été de l'ordre de 0,8. La forte reprise des exportations et, dans une moindre mesure, des importations, n'a pas eu d'effet sur la croissance de 2010 qui a poursuivi sa contraction pour atteindre le niveau de 3,7%. D'après les conjoncturistes l'effet de l'impact différé se fera probablement sentir en 2011. Pour eux, l'impact des perturbations qui se produisent chez les partenaires du Maroc est souvent transmis avec un décalage accompagné parfois d'amplifications à travers les canaux du commerce extérieur. Cette contagion est d'autant plus aisée que les exportations marocaines souffrent d'une carence de compétitivité due essentiellement à la faible teneur en technologie et innovation, une faible contenance en main-d'œuvre valorisée. Devant un tel constat on peut dire que le Maroc est appelé à repenser sa stratégie en la matière, en fixant davantage l'intérêt sur la diversification sectorielle du tissu productif, en élargissant la part des branches porteuses de valeurs ajoutées et de haute technologie et en renforçant la prospection de nouveaux marchés. ■ S. Es-siari Qualité : principal credo En vue de conquérir de nouveaux horizons les exportations marocaines doivent non seulement être compétitives en termes de prix, mais aussi en terme de qualité. Ce dernier facteur joue un rôle déterminant à long terme et constitue ainsi une compétitivité structurelle. Les entreprises marocaines doivent s'intéresser davantage à l'encouragement de l'esprit d'innovation et à la mise en place d'une stratégie efficace de différenciation des produits par la qualité. C'est dans ce sillage que s'inscrivent les différents plans sectoriels mis en œuvre récemment par les pouvoirs publics : Plan Emergence pour l'industrie, Plan Vert pour l'agriculture, Plan Halieutis pour la pêche et Plan Azur pour le tourisme.