■ Grosses ambitions de la société dans le secteur de l'immobilier. ■ Mohamed Ali Ghannam, Directeur général de la Compagnie Générale Immobilière (CGI), nous dévoile la nouvelle stratégie du groupe. ✔ Finances News Hebdo : D'une manière globale, quelle évaluation faites-vous du marché de l'immobilier au Maroc? ✔ Mohamed Ali Ghannam : Le marché de l'immobilier, contrairement à ce qui se dit, est un marché solide, essentiellement sur la composante du logement principal. Nous constatons que ce marché est tiré aujourd'hui par le logement social vu que c'est la plus grande masse en terme de quantité. Toutefois, le logement intermédiaire et de haut standing est toujours bien portant, notamment dans les zones de Rabat et Casablanca. Nous pouvons distinguer aujourd'hui le logement social qui connaît une forte demande avec les différents avantages mis en place par l'Etat. La CGI compte, à travers la filiale Dyar Al Mansour, s'impliquer davantage dans ce logement social. Aujourd'hui, ce sont les marchés de logements secondaires et les marchés destinés aux étrangers qui soufrent, notamment dans des villes à destination touristique comme Marrakech, Tanger, Fès… Dans le cadre de la stratégie actuelle de la CGI, nous sommes en train de nous adapter par rapport à cette configuration et par rapport à la concurrence. Pour ce qui est du haut standing, il y a encore du potentiel dans les villes de Casablanca et Rabat tandis que pour les autres villes de moyenne gamme, il y a une place pour un logement de moyen standing qui est plus accessible en terme de budget. Nous sommes donc en phase de réadapter le produit par rapport à cette demande. Les premiers projets adaptés à cette demande voient le jour, notamment celui d'Oujda où le budget est compris entre 800.000 DH et 1,2 MDH pour les appartements qui connaissent un bon écoulement. En ce qui concerne le logement social nous avons fixé les orientations de notre filiale Dyar Al Mansour qui va porter tout le programme ambitieux du logement social pour réaliser 10.000 logements par an à partir de 2013. L'orientation de cette filiale a été modifiée, passant d'une filiale spécialisée dans le relogement des bidonvillois à une filiale à orientation sociale. Aujourd'hui, Dyar Al Mansour a dans le pipe des projets de plus de 5.000 logements. Actuellement, nous sommes en phase de constituer une réserve foncière pour atteindre les objectifs fixés. ✔ F.N.H. : Comment avez-vous fait face à la crise mondiale, notamment pour les logements de haut standing et les logements destinés aux étrangers ? ✔ M.A.GH. : Nous avons adapté nos prix aux destinations comme Marrakech, Tanger et Fès. À partir de ce moment, nous avons remarqué un meilleur écoulement, principalement par des acquéreurs marocains et très peu d'étrangers. En conclusion, aujourd'hui la CGI adapte ces produits par rapport à notre cible principale : logement principal pour les Marocains, et secondaire, plus accessible pour la classe moyenne et supérieure. ✔ F.N.H. : Quelles sont les spécificités qui attirent de plus en plus de promoteurs immobiliers étrangers au Maroc, malgré la crise? ✔ M.A.GH. : Premièrement, le marché marocain a un besoin très important en logement principal. Le Maroc soufre d'un déficit estimé par le ministère de l'Habitat et la Fédération qui tourne entre 800.000 et 1 million de logements avec 80% pour le social et 20% pour le moyen standing et le haut standing. Le Maroc est un pays émergent, il y a donc un réel potentiel conformément à la corrélation entre le développement et le besoin en logements. Deuxièmement, tous les avantages donnés pour le segment du logement social attirent de plus en plus un certain nombre de promoteurs étrangers, notamment espagnols, qui trouvent chez nous des opportunités de travail en dehors de leur marché qui est déprimé avec la crise. ✔ F.N.H. : La CGI investit aussi bien dans le luxe que dans le moyen standing. Sur quel axe misez-vous le plus en termes de résultats ? Où en êtes-vous avec les grands chantiers lancés ces dernières années ? ✔ M.A.GH. : Nous avons, au premier semestre de l'année en cours, principalement déstocké les grands projets terminés comme le projet Guich des Oudayas à l'entrée de Rabat et ceux d'Agadir, de Marrakech Targa et Bab Atlas, de Tanger et de Fès. Les grands projets démarrés il y a 2 ans sont en cours de livraison actuellement. Je parle notamment du grand projet de Bouskoura, pour lequel les titres fonciers des premières tranches sont en cours de finalisation, le projet Al Massira Fnideq dans le Nord, le projet de Madinat Badès d'Al Hoceima. Tous ces projets sont livrés, en terme technique ; il reste uniquement la partie procédure. Nous sommes ainsi en conformité avec nos délais de livraison. En parallèle, nous lançons de nouveaux projets : celui d'Oujda avec la nouvelle configuration du moyen standing, Wassat El Jadida un projet qui s'étale sur 90 hectares et le projet Al Boustane à Rabat sur 260 hectares. Nous avons également entamé la première phase du développement de l'ancien aéroport d'Anfa avec le lancement des premiers appels d'offres. ✔ F.N. H. : Quelles sont les contraintes que vous rencontrez pour la réalisation et l'achèvement des projets? ✔ M.A.GH. : Les contraintes sont beaucoup plus administratives. Mais nous maîtrisons la partie technique, c'est-à-dire tout le processus de la chaîne. Comme le marché n'est plus le marché euphorique des années 2007/2008, ce qui implique que les entreprises de construction marocaines auxquelles nous faisons appel disposent de capacités suffisantes pour nous permettre de soutenir la compétition et rester une entreprise assurant la qualité à des prix compétitifs. Pour ce qui est de l'autorisation, de l'assainissement du foncier et tout ce qui est en aval après l'achèvement des travaux, nous avons des délais qui ne sont pas maitrisables. C'est un point qui est valable pour tous les opérateurs et il faudrait une amélioration dans ce sens pour raccourcir la chaîne de l'immobilier entre les autorisations jusqu'à la livraison. ✔ F.N.H. : Quelle est la part de marché de la CGI dans les différents segments du logement ? ✔ M.A.GH. : Pour le logement social notre part de marché est négligeable pour le moment, vu que nous venons de démarrer dans cette catégorie. Pour le moyen et le haut standing je dirais que nous sommes entre 20% et 30% de part de marché. Pour cette dernière nous sommes présents dans tout le Royaume, contrairement à nos concurrents, et nous pensons que nous sommes parmi les leaders de cette gamme. De plus, nous avons l'ambition de devenir un leader dans le social. ✔ F.N.H. : Quelles sont vos estimations concernant les résultats du premier semestre 2011 ? ✔ M.A.GH. : Les résultats sont en évolution positive par rapport au premier semestre 2010. Ils sont dans l'objectif du budget 2012 en termes d'objectifs du 1er semestre de l'année. Bien que cela ne représente que 38% du chiffre global, nous serons au rendez-vous à la fin de l'année parce que nous avons prévu de livrer des projets importants au second semestre. Nous sommes relativement en adéquation avec nos prévisions et en évolution par rapport à l'année dernière, notamment en termes de mix produits. Nous revenons au cœur de métier qui est le logement avec une progression de 30% qui s'accentuera avec les livraisons au cours du 2ème semestre. Pour nos projets en stock et nos projets actuels nous avons un chiffre d'affaires potentiel de 15 MMDH desquels 10 MMDH sont déjà prévendus, soit précommercialisés avec des compromis de vente. C'est ce qu'on appelle le chiffre d'affaires sécurisé. La CGI progresse régulièrement et sûrement et nous sommes confiants pour réaliser nos objectifs du plan moyen terme 2011 et au-delà. ✔ F.N.H. : Quelles sont vos perspectives? ✔ M.A.GH. : L'objectif de la CGI est, d'une part, de devenir l'un des premiers leaders sur l'ensemble des segments de l'immobilier avec un retard à rattraper dans le social et, d'autre part d'aboutir à un palier où nous aurons une vitesse de croisière pour arriver à un niveau d'investissement de 4 MMDH par an et un chiffre d'affaires qui serait entre 4,5 et 5 MMDH/an ainsi que des objectifs de résultats de 20 à 25% net. Pour parvenir à honorer nos engagements nous avons placé en termes d'organisation et de ressources humaines les équipes nécessaires. Par rapport au financement, nous avons assuré le nôtre pour tout le développement entre nos fonds propres qui sont à peu près de 50% du total bilan, l'emprunt obligataire de 1,5 MMDH que nous avons levé avec une possibilité de lever 1,5 MMDH sur les 4 prochaines années, quelques dettes bancaires adossées à des projets particuliers et, bien entendu, avec la dynamique des avances clients qui préfinance une partie. ■ Dossier réalisé par C. J. L. B.