■ L'absence de stratégie dans le mobile constitue un frein au développement du marché. ■ Explications de Youssef El Alaoui, Directeur associé de Mobiblanc, société spécialisée dans le développement des applications mobiles. ✔ Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous définir ce qu'est au juste une application pour smartphones ? ✔ Youssef El alaoui : C'est un programme informatique embraqué dans le téléphone et qui permet de fournir du contenu ou des services de manière simple et conviviale. Contrairement à des sites web mobiles, les applications n'ont pas besoin d'un navigateur pour être utilisées. Chaque application est adaptée à une plateforme donnée : iPhone, BlackBerry, Android. L'utilisateur peut les publier ou les télécharger directement sur les magasins d'applications, ce qu'on appelle aussi les Stores, comme AppStore, Android Market ou AppWorld de BlackBerry. ✔ F.N.H : Selon vous, à quoi est due cette effervescence remarquée dernièrement autour du marché des applications mobiles ? ✔ Y.E.A : Au développement de l'Internet Mobile 3G, et à la prolifération des smartphones nouvelles générations qui sont plus adaptés à la navigation sur Internet. Le nombre de mobinautes augmente de plus en plus, ce qui suscite l'intérêt des opérateurs à se positionner sur ce nouveau canal et d'avoir plus de visibilité. ✔ F.N.H : Comment se porte le marché des applications locales ? ✔ Y.E.A : Le marché reste encore embryonnaire, on compte une soixantaine d'applications sur iPhone, 160 sur Android et quelques dizaines sur Blackberry. Cependant, il y a déjà des expériences réussies comme Telecontact qui osé lancer trois applications en même temps sur les plateformes iPhone, Android et Blackberry, avec géolocalisation intégrée. Après 4 semaines, on atteint déjà les 7.000 téléchargements pour l'application iPhone, ce qui est déjà un vrai succès. ✔ F.N.H : Croyez-vous que le coût de la mise en place de ces applications représente un frein au développement du marché ? ✔ Y.E.A : Il y a, certes, le coût qui peut varier entre 40.000 et 100.000 DH en fonction de la complexité de l'application. Mais aussi une absence de stratégie dans le mobile et une difficulté d'adopter et d'intégrer ce nouveau canal, ainsi que les craintes par rapport au risque de sécurité et de confidentialité des données. ✔ F.N.H : Quelle est la valeur ajoutée de ses applications pour l'entreprise et pour le marché ? ✔ Y.E.A :- Il y a d'abord une valeur ajoutée marketing et commerciale dans le sens où : • le mobile devient un objet de plus en plus personnel et donc permet de capter une population qui utilise le mobile pour accéder à l'Internet • il offre plus de visibilité aux entreprises puisqu'il favorise l'utilisation des nouvelles fonctionnalités qu'offre le mobile : géolocalisation et le push de notification qui peut être une alternative aux SMS. Ainsi que l'utilisation des tablettes comme support de vente à la place des catalogues papier. Mais aussi, il contribue à l'amélioration de la productivité à travers : • la rapidité de traitement des données : utilisation du mobile pour la remontée et le traitement instantané des informations sur le terrain ; • la diffusion des reportings en temps réel sur le mobile et les tablettes pour accélérer le processus de prise de décision. ✔ F.N.H : Comment ces applications impactent-elles le marché du e-commerce ? ✔ Y.E.A : Le mobile crée des opportunités de vente supplémentaires. En effet, ce nouveau canal de distribution peut être utilisé n'importe où : au café, dans les transports en commun, le soir au lit, .. etc Il permet une rapidité d'accès à l'information qui peut accroître les actes d'achat. Il faut souligner qu'à l'échelle mondiale, le e-commerce connaît une convergence des deux canaux Web et Mobile. ✔ F.N.H : On remarque une quasi-absence du secteur public dans la mise en place de ces applications. À votre avis, quelles en sont les causes? ✔ Y.E.A : Effectivement, le secteur public est absent sur les stores, mais on commence à avoir des demandes de conseil pour justement avoir une idée sur ce que permet le mobile d'offrir aux citoyens. Il faut noter qu'au Maroc, on est à plus de 100% de pénétration mobile contre moins de 20% d'Internet ! Les causes de ce retard : • il s'agit d'une nouvelle technologie qui exige une certaine maîtrise ; • les problèmes de sécurité et de confidentialité sont aussi préoccupants, et• absence de stratégie globale dans le mobile. Les citoyens prouvent un réel intérêt d'avoir des applications services publics sur le mobile ; pour information, l'application iPhone de la nouvelle Constitution a été téléchargée plus de 10.000 fois …c'est un vrai succès. ✔ F.N.H : Avec votre expérience dans le domaine, comment croyez –vous que le marché se développera dans les années à venir? ✔ Y.E.A : Le marché va encore s'accroître : • croissance des smartphones de l'ordre de 30% chaque trimestre ; • d'après les statistiques à l'échelle mondiale, le nombre de mobinautes dépassera les internautes durant les deux années à venir. En fait, on se retrouve dans la même situation que pour le Web au début de l'Internet. D'ailleurs, ce qui s'est passé sur le web en quelques années peut arriver en quelques mois sur le mobile. ■ Propos recueillis par Wafaa Mellouk