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Textile-habillement
Publié dans Finances news le 13 - 01 - 2005

L'entrée en vigueur du démantèlement de l'accord multifibre à partir du 1er janvier 2005 laisse présager une nouvelle configuration du commerce international du textile. Au Maroc, le secteur se trouve aujourd'hui au bord du gouffre à cause d'une menace émanant de la Chine qui pratique des prix véritablement compétitifs.
Maillon capital de l'économie mondiale, le secteur du textile-habillement continue de susciter de nombreuses interrogations, notamment avec l'entrée en vigueur du démantèlement de l'accord multifibre le 1er janvier 2005. D'après l'OMC, le poids économique du commerce mondial du textile et de l'habillement représente, en 2003, environ 350 milliards de $, occupant la troisième place derrière l'électronique et l'automobile. Sur le plan international, ce secteur accapare 5,6% des exportations mondiales de marchandises et près de 8% de celle des produits manufacturés.
Nombreux sont les pays en voie de développement dont la part du secteur du textile-habillement occupe une place importante dans le PIB national. Les économies dont les exportations sont dominées par les vêtements et textiles sont le Bangladesh, le Laos, le Cambodge, le Pakistan, le Sri Lanka, le Népal, la Tunisie, le Maroc, la Turquie, l'Inde et la Roumanie.
Hégémonie asiatique
Au titre de l'année 2003, le chiffre d'affaires dégagé par le commerce mondial a été de l'ordre de 169 Milliards de $, faisant ressortir un taux de croissance annuel moyen de l'ordre de 3,4% sur la période 1999-2003.
Parmi les traits saillants de la configuration du secteur, on peut citer l'hégémonie de l'offre asiatique. Force est de constater qu'à fin 2003, les exportations de textile asiatiques représentaient 45% des expéditions globales. L'Asie capitalise sur la forte compétitivité de ses coûts de facteurs, notamment la main d'œuvre. Une étude de BMCE Capital sur le textile-habillement fait ressortir la classification suivante : le continent jaune se taille la part du lion, talonné par l'Europe Occidentale, avec une part de 39% dans les exportations sectorielles. Les 16% restant sont répartis entre l'Amérique du Nord, le groupement Euro, les États baltes et CEI, l'Amérique Latine, le Moyen-Orient et l'Afrique avec des proportions respectives de 8, 4, 2, 1 et 1%.
Concernant les importations de produits textiles, celles-ci demeurent dominées par l'Europe Occidentale et l'Asie, lesquelles polarisent ensemble plus de 63% de la demande. L'Amérique du Nord se place quant à elle en troisième position avec une part de 12%. L'Union Européenne constitue de loin le premier importateur mondial de vêtements avec des achats au reste du monde de près de 100 Md $. Les USA représentent, de leur côté, le deuxième plus grand marché mondial de l'habillement avec des importations de 70 Md $. Contrairement aux produits textiles qu'elle importe en quantité importante pour les réexporter après façonnage par son industrie de la confection, la Chine n'importe que 1,4 Md de vêtements.
La dépendance à la sous-traitance
Au Maroc, le secteur joue un rôle prépondérant aussi bien dans le développement économique que social. 1.673 entreprises opèrent dans le secteur, employant 43% des effectifs industriels et produisant l'équivalent de 24 milliards de DH, dont plus de 2/3 sont destinés aux marchés internationaux. La filière contribue, par ailleurs, à hauteur de 17% dans la valeur ajoutée industrielle. Enfin, sa part dans les exportations industrielles se monte à plus de 36%. Par ailleurs, note l'étude de BMCE Capital, et selon l'Association Marocaine des Industries du Textile et de l'Habillement AMITH, les investissements drainés par lesdites branches sont estimés à 1,4 Md de DH à fin 2003. Toutefois, et en dépit des chiffres annoncés par l'AMITH qui demeurent somme toute en évolution, il est à noter que l'essentiel des exportations, soit 90%, sont réalisées à partir de tissus importés. Ceci laisse dire que la sous-traitance demeure prédominante dans un secteur qui, au fil des ans, a connu plusieurs mutations. Les importations portent sur pratiquement toutes les matières, mais avec des proportions différentes. Il paraît, ainsi, évident que dans ce secteur, les opérateurs marocains se sont contentés de jouer le rôle du sous-traitant pour les donneurs d'ordre européens, dégageant ainsi une faible valeur ajoutée pour l'économie nationale. Au lendemain de l’entrée en vigueur de l'accord multifibre, les commentaires continuent bon train concernant l'avenir d'un secteur ayant été protégé pendant longtemps.
Nouvelle configuration internationale, nouvelle stratégie...
Devant les caméras de la première chaîne de télévision, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau des entreprises, Salaheddine Mezouar, a confirmé que l'entrée en vigueur du démantèlement de l'accord multifibre met à nu le secteur du textile-habillement devant la concurrence étrangère, en particulier celle de la Chine et de l'Inde. À cet effet, Mezouar suggère que, dans ces conditions, il est impératif d'affronter l'ennemi non pas avec les mêmes armes, mais avec celles qui lui font défaut, à savoir l'innovation, la qualité et le respect des délais.
Pendant longtemps, le Maroc a bénéficié des arrangements internationaux en matière de contingentements. Ces accords lui garantissaient un accès privilégié aux marchés étrangers, notamment ceux de l'Union Européenne. La nouvelle configuration en gestation s'annonce donc préjudiciable aux pays dont la structure économique est fortement dépendante des exportations de produits textiles. Cette nouvelle structure du commerce mondial du textile laisse prédire que la suppression des barrières quantitatives, liées aux échanges, et la baisse des tarifs douaniers devraient entraîner une augmentation sensible des échanges internationaux, du moins en volume tant pour les textiles que pour les vêtements.
Le poids du continent asiatique devrait se renforcer davantage pour polariser 50% du marché mondial à cause de sa forte compétitivité due à la faiblesse des coûts de main d'œuvre, la forte intégration de la filière, l'effet des économies d'échelle...
Cet état de fait se traduirait certainement par la faillite de plusieurs sociétés éparpillées un peu partout dans le monde qui, à défaut de pouvoir pénétrer des marchés, ne pourront joindre les deux bouts.
Lacunes et carences d’un secteur en perte de vitesse
Le Maroc, à l'instar d'autres pays, se trouve aujourd'hui dans une position délicate. Dominé par des structures familiales peu enclines aux techniques de gestion moderne et aux changements, le secteur souffre également du poids des circuits informels et de la faible capitalisation.
Par ailleurs, et bien que le gouvernement accorde une attention particulière à la pérennisation du secteur, il n'en demeure pas moins qu’aucune mesure d'envergure explicite n'a été prise afin de palier sa faiblesse majeure, à savoir son intégration en amont. Les mécanismes de financement mis en place dans le cadre de la mise à niveau du secteur, tels que le Fortex, n'ont pas profité à l'ensemble des entreprises. Le secteur du textile-habillement voit donc ses fils s’enchevêtrer.


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