La BCE a tiré la sonnette d'alarme et pressé les Etats de sauver la monnaie européenne. Au Maroc, une chute de l'euro pourrait avoir plusieurs effets sur l'économie nationale. L'euro est en danger ?! La question se pose de plus en plus. Les avis des experts sont partagés et même les prix Nobel de l'économie n'ont pas tranché sur la question. Mais ce qui est sûr, c'est que la monnaie européenne passe par des moments difficiles à cause de la crise de la dette grecque, et une possible contagion à d'autres pays de l'Union européenne comme l'Espagne, l'Irlande, le Portugal ou l'Italie. En l'absence d'un gigantesque plan de sauvetage de la Grèce à coups de plusieurs milliards d'euros dont les principaux chefs de file sont la France et l'Allemagne, Athènes sera en défaut de paiement et devra abandonner l'Euro. Un tel scénario, considéré comme quasi impossible il y a quelque temps, devient de plus en plus probable, aidé en cela par l'approche des échéances électorales en Europe. «La monnaie unique européenne est en danger en raison des dépenses incontrôlées des Etats de la zone Euro et de la crise de la dette qui en a découlé», met en garde une récente étude de la Banque centrale européenne (BCE) Les gouvernements et institutions de la zone Euro doivent agir rapidement pour résoudre la crise des dettes souveraines au risque d'une contagion de l'économie mondiale, ont déclaré sept des dirigeants des pays du G20 dans une lettre adressée au Président français Nicolas Sarkozy, la France assurant la présidence du G7 et du G20. Il faut souligner que le destin de l'Euro intéresse aussi les partenaires de l'Europe, à commencer par le Maroc qui bénéficie d'un statut avancé. L'Europe, surtout la zone Euro, est notre principal partenaire. La monnaie nationale est indexée à 70% sur l'Euro. Une bonne partie de nos échanges et de nos avoirs extérieurs sont libellés en euros. Sans oublier que la majeure partie de nos MRE sont installés en Europe et sont l'un des principaux pourvoyeurs en devises. Celle nouvelle crise nous rappelle les prémices qui ont précédé le crach, d'il y a deux ans. En effet, entre 2008 et 2009 des milliers de nos concitoyens en Europe avaient perdu leur emploi, surtout en Italie et en Espagne. Les mesures drastiques ordonnées par ces deux pays pour réduire le déficit ont impacté le marché du travail. Quant aux autres activités exportatrices, même si elles connaissent une reprise, leur expansion reste limitée par l'atonie de la demande en Europe consécutive aux effets récessifs des politiques de rigueur. Le tourisme, l'immobilier et les autres secteurs exportateurs comme le textile, le cuir, n'arrivent pas encore à trouver leur vitesse de croisière. A la fin de l'année 2009 et au début de 2010, il y avait un certain manque de visibilité pour les opérateurs marocains. Et c'est le même scénario qui se profile actuellement. La reprise a commencé à toucher seulement les pays émergents comme ceux du sud-est asiatique, notamment la Chine, le Brésil, l'Inde ou l'Argentine. Les autres pays développés n'arrivent pas encore à retrouver le chemin de la croissance. Il faut souligner également que même les prévisions les plus optimistes des instances économiques internationales restent très prudentes, surtout que les turbulences financières touchent les Etats et les banques européennes qui ont besoin d'une grande recapitalisation. Mais la question qui se pose actuellement est : est-ce que le gouvernement a pris les mesures nécessaires pour faire face à une éventuelle rechute en Europe ? A priori non puisque le document de la Loi de Finances 2012 dont plusieurs clauses ont filtré avant son ajournement, ne mentionne pas de mesures de grande importance. Le gouvernement actuel, en période préélectorale, préfère laisser le texte à son successeur. Par ailleurs, le wali de Bank Al-Maghrib n'a pas caché ses craintes quant à l'impact de la crise grecque sur l'économie européenne et sur l'Europe. Mais il a toutefois nuancé les effets sur l'économie nationale en précisant que l'économie marocaine présente des fondamentaux solides. Le dernier rapport du FMI a prévu des indicateurs encourageants pour le Maroc en 2012, qui restent des plus élevés de la région. Mais des interrogations persistent quant au potentiel d'immunité?de?l'économie nationale.