La communication financière au Maroc a enregistré une nette percée durant la dernière période. Le Maroc a encore du chemin à faire en comparaison avec les pays développés. Création d'une nouvelle entité (Morocco Financial Communication) qui est le trait d'union entre émetteurs et les différents acteurs des marchés de capitaux. Tour d'horizon avec Asmâa Boukhris Barakat, DG de MFC. -Finances News Hebdo : Comment évaluez-vous le niveau de la communication financière au Maroc ? -Asmâa Boukhris Barakat : Après la correction qu'a connue la Bourse de Casablanca à la fin des années 90, le marché boursier national a marqué une période d'accalmie de près de cinq ans, pour enregistrer une reprise dynamisée par la relance des IPO, à commencer par le recrutement du titre Maroc Telecom à la cote casablancaise. Avec la multiplication des IPO, la surliquidité du marché et le retour des investisseurs étrangers, les indices de la Bourse de Casablanca ont enregistré leurs plus importantes performances courant la seconde moitié de la précédente décennie. Par ailleurs, et au vu de l'envolée du nombre d'investisseurs particuliers, la place de Casablanca s'est démocratisée durant cette même période. Dans ce contexte mouvementé et soutenu par la veille de l'autorité de marché sur l'amélioration continue du cadre législatif, le soutien effectif de la Bourse de Casablanca aux émetteurs de la place, ainsi que les interventions ponctuelles des différents acteurs du marché à l'instar des associations telles que la SMAF, l'APSB ou encore l'ASFIM, la communication financière au Maroc a enregistré une nette percée durant la dernière période. -F. N. H. : Quel regard portez-vous sur les informations financières exigées par l'autorité du marché ? -A. B. B. : Globalement, je peux vous dire que je porte un regard positif sur la qualité et la pertinence des informations financières exigées par l'autorité du marché. Rien que sur les dix dernières années, j'ai eu l'occasion de collaborer à plusieurs reprises avec les équipes dédiées du CDVM et je peux vous assurer que l'autorité veille en continu sur les intérêts des investisseurs. A ce titre, sachez qu'avant la diffusion d'une nouvelle circulaire, le CDVM invite les professionnels du marché à transmettre leurs interrogations et remarques et organise par ailleurs une réunion pour discuter ouvertement les différents points. A titre d'exemple, la dernière réunion date du 15 du mois en cours. En tant qu'ex-analyste financier, j'ai apprécié les efforts déployés par les équipes du CDVM qui demandent aux émetteurs de fournir des efforts dans le cadre de la communication financière, en élargissant, d'une part, le champs des obligations, et en renforçant par ailleurs la liste des recommandations. Quant aux émetteurs, je pense qu'il faut les saluer pour les investissements humains et matériels dédiés à l'amélioration de la communication financière sur les dernières années. -F. N. H. : Si vous aviez à faire un benchmark entre le Maroc et les pays à capitalisation boursière similaire, d'une part, et les pays développés, d'autre part, quelle serait selon vous la position du Maroc ? -A. B. B. : Comparativement aux pays développés, je pense que c'est assez clair ; nous avons encore pas mal de retard à rattraper, surtout si on se compare aux pays anglo-saxons… Comparativement aux pays à capitalisation boursière similaire et surtout avec la nouvelle circulaire en cours, je pense que le Maroc n'a rien à envier à ses paires. -F. N. H. : En tant qu'ex-analyste, comment les sociétés cotées perçoivent-elles la communication financière ? Est-ce une obligation ou au contraire un moyen de renforcer leur crédibilité sur la place ? -A. B. B. : Il m'est très difficile de répondre à cette question en tant qu'analyste financier. Mais en tant que conseillée en communication financière, je peux vous dire que la société qui a osé faire le pas pour s'introduire en Bourse ou procéder à un appel public à l'épargne est en principe déjà ouverte à la transparence. Par ailleurs, je pense qu'avec l'évolution du marché boursier durant les dernières années, la communication financière est passée d'une logique d'information pure à une logique de relation avec les investisseurs, analystes et actionnaires. À l'exception de certaines sociétés qui ont des contraintes internes ou encore faute de moyens humains et financiers, on peut dire que globalement les sociétés cotées considèrent que la communication financière est un moyen de renforcer leur crédibilité sur la place. -F. N. H. : Quelles sont les améliorations qui peuvent être apportées dans ce cadre ? -A. B. B. : Coté législatif, j'estime que l'autorité de marché travaille en continu sur différents projets pour permettre une meilleure communication financière. Pour sa part, la Bourse de Casablanca offre les soutiens nécessaires aux émetteurs pour réussir au mieux leur communication financière. Ce qui manque à mon avis, ce sont des conseillés spécialisés en communication financière. À ce titre, je souhaiterais préciser que le métier de conseiller en communication financière est un métier à part entière et dont les domaines d'intervention sont larges. Globalement, on peut les définir comme étant une gamme de services intellectuels, à savoir : • la mise en place d'une stratégie de communication financière en fonction des objectifs de l'émetteur; • le suivi du respect des obligations légales en matière d'information financière; • la rédaction des communiqués de presse; • la préparation des points de presse en veillant à la production de présentations avec le management et en anticipant les interrogations des investisseurs et analystes; • le développement des relations de l'émetteur avec la presse, les investisseurs ainsi que les analystes et les gérants; • la préparation des rapports annuels, etc.