Les aléas, les difficultés financières et les nouveaux engagements du gouvernement seront un casse-tête pour retenir les hypothèses du projet de Loi de Finances 2012. Les élections législatives, la rentrée scolaire, la campagne agricole, les secteurs impactés par le printemps arabe sont les dossiers urgents de l'exécutif. C'est une rentrée exceptionnelle que le Maroc va vivre dans quelques semaines. L'adoption de la nouvelle Constitution et le climat de grogne sociale pèsent encore sur la scène nationale. Le gouvernement actuel doit mener plusieurs opérations avant la nomination d'un nouveau cabinet issu des élections législatives d'octobre prochain. Il est clair que la période actuelle et les autres phases qui vont suivre sont cruciales pour le pays, surtout que la conjoncture nationale et internationale est largement dominée par des incertitudes. La Loi de Finances, les préparatifs pour la rentrée scolaire, la campagne agricole, le coût de l'apaisement social, les préparatifs du scrutin d'octobre dans le service public, sont les principaux points auxquels l'équipe d'Abbas El Fassi doit s'atteler dans l'urgence. La Loi de Finances 2012 reste un véritable puzzle pour Salaheddine Mezouar et son équipe. Les aléas, les difficultés financières et les nouveaux engagements du gouvernement seront un casse-tête pour retenir les hypothèses du projet de Loi de Finances 2012. D'un côté, les dépenses de l'Etat sont mises à rude épreuve, en particulier avec les engagements en faveur de la Caisse de compensation. Ce poste a déjà englouti à fin juin 2011 21 Mds de DH. Malgré l'injection de 15 Mds de DH il y a quelques mois, il ne reste plus que 13 Mds de DH pour couvrir les besoins du second semestre. Une enveloppe largement en deçà de la réalité ! Puisque les prix du pétrole semblent s'inscrire dans des tendances haussières où les cours du brut frôlent les 120 dollars le baril. La facture alimentaire est également très lourde. Le blé, le sucre et les oléagineux, des produits subventionnés dont une grande partie est importée, ont connu une flambée à l'international. Sous la pression des syndicats et pour apaiser la grogne sociale, un nouvel engagement financier s'est imposé. Le gouvernement a décidé une augmentation salariale générale de 600 DH par mois et le recrutement de plus de 4.000 diplômés chômeurs. Si les dépenses de l'Etat devraient sensiblement augmenter, du côté des renttrées c'est la quasi-stagnation. Les recettes fiscales sont toujours impactées par la baisse des taux, et le climat de prudence qui règne dans les milieux des affaires a perturbé le dynamisme de l'économie. Le ministre de l'Economie n'avait de choix que d'opter pour l'endettement. Une sortie à l'international n'est pas exclue. Mais ce qui est sûr c'est que Mezouar a déjà tranché pour la cession de 7% des parts de l'Etat dans Maroc Telecom. Une opération qui peut drainer près de 10 Mds de DH. Certes, cette manne peut colmater les brèches, elle reste cependant insuffisante pour renflouer les caisses de l'Etat. Bien que certains organismes publics à caractère commercial commencent à reprendre des couleurs comme l'OCP où le volume des exportations a progressé, au cours du premier semestre de 53%, il faut souligner que d'autres entités sont dans le rouge et sollicitent le soutien de l'Etat comme par exemple la RAM. Dans cette conjoncture incertaine et une configuration des finances publiques fragile, un dérapage en matière de déficit est probable. Le niveau de 5% du PIB peut être dépassé. La grogne est à son paroxysme. Entre 2010 et 2011, le nombre de grèves a atteint des records. Plusieurs secteurs ont fonctionné au ralenti, voire contraints à l'arrêt. Les élèves de l'enseignement public ont failli frôler l'année blanche, la Justice était en quasi-blocage pendant des mois, les agents des collectivités locales ont lancé des mots d'ordre de grève à répétition sans compter les autres secteurs qui étaient sur le qui-vive. Actuellement, d'autres mouvements sont en activité au point que certains grévistes, ou contestataires, mènent des opérations de sabotage comme le blocage du train des phosphates, du tramway ou des réseaux de circulation. Le personnel et les agents des collectivités locales ont menacé de mener des grèves illimitées jusqu'à la réalisation de leurs revendications. Le secteur privé n'a pas été épargné. Les sit-in et autres mouvements de contestation se sont amplifiés. Les marchands ambulants ont investi massivement la voie publique, perturbant sérieusement la fluidité de la circulation. Le gouvernement est appelé à remettre de l'ordre sinon les choses vont s'amplifier davantage et le pire est à craindre. Le mois de septembre sera également celui des préparatifs pour les élections législatives. Les partis politiques sont tenus de présenter leurs programmes surtout en matière sociale et économique. La campagne s'annonce rude et acharnée et les enjeux sont de taille. Le prochain gouvernement devra travailler sur un terrain miné. La rentrée sera également marquée par les préparatifs pour la campagne agricole. Il est question de réussir la prochaine saison, surtout qu'elle intervient après trois années de bonne récolte. Le plus important est de généraliser et d'assurer une large diffusion des semences sélectionnées et d'inciter à l'utilisation des intrants. Une opération qui ne peut réussir qu'à travers l'accessibilité des prix et le renforcement du réseau de distribution. L'Etat est appelé également à revoir le système de soutien de l'alimentation de bétail dont les coûts ont grimpé alors que les marges n'ont pas bougé. Le maïs et le soja, principaux composants, ont connu des flambées records dans le marché international. Il faut dire aussi que le département de l'Agriculture doit redoubler d'efforts pour entamer les autres phases en matière de réalisation du Plan Vert. Le gouvernement est appelé également à lancer de nouvelles mesures en faveur de la rentrée scolaire. Le nombre élevé des grèves a fait que le nombre de déperditions est assez élevé et dépasse la moyenne des cinq dernières années. Par ailleurs, il est question de donner un coup de pouce aux secteurs impactés par le printemps arabe comme le tourisme où certains opérateurs tirent déjà le signal d'alarme. Sans la contribution majeure des nationaux, plusieurs unités touristiques auraient connu la catastrophe. Il ne fait pas de doute que les incertitudes vont peser largement sur la prochaine rentrée d'automne.