Lancement du premier Observatoire des risques au Maroc. Le devoir de conseil, un fondement de l'acte commercial. La protection des investisseurs présente des lacunes qu'il faut pallier. «Il y a dans les meilleurs conseils de quoi déplaire». Cette citation de Jean de la Bruyère résume de manière assez éloquente le premier thème de l'Observatoire des risques au Maroc. Eh oui, le Maroc s'est enfin doté de son premier Observatoire des risques. Cette action, initiée par le cabinet de conseil Kurt Salmon, a fait l'objet récemment d'une conférence sur le thème «La Gestion des risques et le devoir de conseil». En effet, ces dernières années, la crise financière a induit de nouvelles réflexions visant à renforcer le devoir de conseil afin de pallier les différents risques rencontrés. La crise a montré que malgré des dispositifs réglementaires et jurisprudentiels rigoureux, selon les pays, concernant le devoir de conseil, la protection des investisseurs restait déficiente. Les lacunes sont apparues d'autant plus clairement qu'au même moment, les agences de notation, qui sont l'autre pilier sur lequel repose la protection des investisseurs, apparaissaient comme insuffisamment fiables. Cette réalité a poussé Kurt Salmon à décortiquer cette problématique et à essayer de trouver les solutions adéquates pour y faire face. Cette conférence a donc rassemblé plusieurs cadres dirigeants des grandes banques marocaines dans le but d'apporter un éclairage sur les enjeux et contraintes du devoir de conseil, notamment dans le secteur bancaire, au vu des évolutions récentes en termes de législation, relations entre les acteurs et dispositif de maîtrise des risques. En vérité, même si les salariés des agences bancaires sont un peu mieux informés que le citoyen lambda sur les produits financiers, il faut reconnaître qu'ils sont surtout des commerciaux rémunérés à la commission. «Leur but premier n'est pas de faire gagner de l'argent au client», souligne Jean-Fabrice Feuillet, associé à Kurt Salmon. Il faut préciser que le devoir de conseil est un fondement de l'acte commercial, tout comme la relation client/fournisseur. «Pour le secteur financier, il s'agit de responsabiliser les réseaux bancaires en matière de conseil à la clientèle, lors de la distribution de produits financiers, et professionnaliser un certain nombre de professions accessoires», relève ce dernier. Concernant les contraintes opérationnelles associées au devoir de conseil pour le Maroc en particulier, Jean-Fabrice Feuillet a expliqué «qu'il est primordial que les entreprises marocaines proposent en premier lieu des produits adaptés au client. Elles doivent également opérer une vérification des connaissances des commerciaux tant au niveau du produit que du client, et ce au travers d'enquêtes en interne comme en externe. Et enfin, vérifier que les obligations en matière d'entrée en relation avec le client ont été réalisées». D'ailleurs, seule une stratégie globale des risques, bien maîtrisée et régulièrement actualisée, permet de gérer le développement de l'entreprise et d'assurer sa pérennité. W. Mellouk *Kurt Salmon : Bientôt un autre Observatoire des risques Après le succès fulgurant qu'a connu le lancement des autres Observatoires des risques en Europe, ainsi que celui du Maroc qui n'en est, certes, qu'à ses débuts mais qui laisse présager un avenir tout aussi riche et intéressant que celui de ses prédécesseurs, Kurt Salmon s'attaque aux pays du Benelux. Il a été prévu à cet effet d'ouvrir prochainement un nouvel Observatoire des risques en Belgique afin d'être plus à même d'englober toutes les problématiques afférents à ce dernier sur place, et donc de se doter des moyens nécessaires pour le faire.