Le premier effet des révoltes populaires est la hausse du prix du baril de pétrole. Au Maroc, l'économie est impactée via les cours du pétrole, les flux migratoires de retour, mais aussi les effets des révoltes sur le tourisme. En matière budgétaire, une loi rectificative est peut-être envisageable. La mesure de l'impact du printemps arabe n'a cessé de tarauder les esprits des analystes, et ce depuis l'éclatement de l'événement. Aussi, la mesure de cet impact a suscité l'intérêt des agences de notation qui, à leur tour, se sont interrogées sur les incidences dans l'ensemble des pays de la rive Sud de la Méditerranée. Récemment, les conjoncturistes ont publié un communiqué où ils essayent de lancer quelques pistes de réflexion relatives à l'impact des derniers évènements qui ont secoué le Monde arabe sur notre économie. Au cours des dernières années, les agences de notation agréées (Fitch Ratings, Moody's, S&P, etc.) qui constituent de véritables aiguilleurs du ciel de la finance et de l'économie mondiales, sont devenues?les?médecins modernes pour juger de la bonne santé des différentes économies de la planète. Depuis la réglementation bancaire Bâle II de 2006, et surtout depuis le début de la crise économique de 2008, ces agences se révèlent détenir un puissant pouvoir pour l'établissement des diagnostics voire des prédictions du potentiel compétitif de tous les pays sans exception. D'après les agences de notation, les effets sur l'économie mondiale des révoltes populaires, qui ont secoué plusieurs pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ont pour premier effet la hausse du prix du baril de pétrole. Pour la région MENA elle-même, les pays exportateurs voient leur croissance profiter de la hausse des cours qui produit un impact négatif sur la croissance des pays importateurs, alors que les concernés au premier chef par les révoltes connaissent une dégradation importante de leurs perspectives de croissance. «Au Maroc, l'économie est impactée via les cours du pétrole, les flux migratoires de retour, mais aussi les effets des révoltes sur le tourisme, les exportations et les investissements étrangers», apprend-on dans le communiqué du CMC. De façon plus générale, les prix des matières premières connaissent de fortes hausses sur les marchés internationaux depuis plusieurs mois. L'indice des matières premières du?Fonds?Monétaire International évalue le cumul des hausses enregistrées sur une année à près de 32%. L'indice des prix à la production industrielle a en effet enregistré une hausse moyenne de 3,1% par mois durant le premier trimestre de 2011. Budget 2011 : quelles incidences ? Les analystes s'interrogent par ailleurs si de telles révoltes n'auraient pas un impact sur l'exécution du budget au cours de l'année 2011. A cet égard, l'exécution de la Loi de Finances qui a été votée par le Parlement doit être régulièrement contrôlée, en vue d'éviter certains dérapages susceptibles de compromettre la bonne marche de l'économie. De nombreux évènements de nature à peser lourdement sur le budget initial incitent à se poser la question sur le bouclage du budget de l'année en cours. Les marges de manœuvre de l'Etat seraient de ce fait limitées et le problème de financement du déficit en forte aggravation devient de plus en plus préoccupant, si bien qu'une Loi de Finances rectificative serait envisageable en cours d'année. Enfin, la faiblesse des IDE drainés par le Maroc suscite de nombreuses interrogations sur les déterminants majeurs de cette faiblesse structurelle. Considéré comme l'un des déterminants majeurs de la croissance et l'un des principaux leviers de modernisation du tissu productif national, le Maroc à l'instar de nombreux autres pays déploie des efforts appréciables pour inciter le capital étranger à s'investir dans les différents secteurs de l'économie nationale. Dans l'ensemble, et même si le solde net de ces capitaux est positif et est à l'avantage du Maroc, les rythmes d'évolution sont particulièrement faibles depuis le déclenchement de la crise financière. Ainsi, le flux net des IDE relevé en 2010 ne progresse que de 2,7% seulement contre respectivement 4,9% en 2009 et 7,1% en 2008. Aujourd'hui, on se demande si cette faiblesse structurelle est due à un problème de gouvernance économique, à la lenteur des réformes ou à une faiblesse d'opportunités d'investissement comparativement aux économies tunisienne et jordanienne. Le rythme de croissance des IDE connaîtra-t-il une évolution suite au printemps arabe ? Va-t-il changer dans la perspective de réforme constitutionnelle en cours de finalisation ? Autant de questions qui restent posées et toute réponse avancée aujourd'hui peut être hasardeuse.