Le mois de mai, qui coïncide avec les moissons, a connu des niveaux de chaleur et de pluviométrie dépassant la normale, avec des effets dommageables sur les cultures. La faiblesse de la mécanisation et des moyens de stockage impactent également les récoltes qui peuvent être revues légèrement à la baisse. La facture des produits de base du Maroc sera toujours lourde, le marché des céréales subissant une forte volatilité alimentée par la sécheresse qui sévit dans des pays exportateurs. Les récoltes de l'actuelle campagne agricole risquent d'être perturbées par plusieurs facteurs qui peuvent impacter le rendement. Les résultats prévisionnels arrêtés par le ministère de l'Agriculture fin avril tablent sur 88 millions de quintaux, mais ce chiffre peut être légèrement revu à la hausse si l'on croit l'avis de certains spécialistes. Les aléas climatiques exceptionnels qui ont marqué le Maroc durant le mois de mai avec des pluies torrentielles et des vagues de chergui soutenues, auront un effet considérable sur l'état des cultures notamment précoces, à commencer par les céréales d'automne, véritable baromètre de la campagne agricole. D'après les données de la météorologie nationale, le niveau moyen de chaleur et aussi de pluviométrie dépasse largement la normale. C'est un climat qui ressemble aux conditions atmosphériques tropicales avec pour seule différence une alternance d'une forte humidité avec une aridité soutenue. Pour les spécialistes, les dernières pluies peuvent détériorer les champs en état de moisson et même ceux qui ont pu mener à bien le travail saisonnier qui peuvent rencontrer quelques surprises, notamment une défectuosité de la paille ou des caisses de blé. Durant de bonnes campagnes agricoles se pose également la question de l'approvisionnement et du stockage. Le faible niveau de mécanisation a engendré une forte pression sur les engins agricoles, notamment les moissonneuses-batteuses dont le nombre ne dépasse pas 4.000 pour tout le territoire national avec un parc notoirement vieillissant. «La plupart de ces machines opérationnelles sont vieilles de plus de 20 ans dont une bonne partie est achetée d'occasion de l'étranger avec un niveau d'entretien qui laisse à désirer. Les chauffeurs et les machinistes n'ont pas subi de formation dans le domaine et ont appris le métier sur le tas. Ce qui fait que l'opération de récolte ne se fait pas généralement dans de bonnes conditions», a expliqué Abderrahim Mahzouz, ingénieur agronome dans la région de Settat. Malgré une bonne campagne agricole, le Maroc pourrait être contraint d'importer une bonne partie de ses besoins de l'étranger. 4 millions de tonnes essentiellement de blé tendre et de maïs seront nécessaires pour combler le déficit du marché national. Pour faire face à la flambée des prix des céréales, le gouvernement a décidé de maintenir l'exonération des droits de douane jusqu'en 2012. La facture céréalière que le Maroc devra payer semble s'inscrire toujours en hausse. Malgré une bonne campagne agricole, le pays devrait importer 4 millions de tonnes de céréales, notamment du blé tendre et du maïs Malgré le retour de la Russie et de l'Ukraine dans le marché mondial après l'interdiction d'exportation arrêtée l'année dernière suite aux gigantesques incendies qui ont ravagé la région, le marché reste soumis à de fortes tensions. Le blé européen poursuit ses tendances à la hausse, progressant de plus de 6,25 euros/tonne pour s'établir au-dessus du niveau de 250 euros/tonne qui faisait résistance depuis le mois de février. surtout en France, principal fournisseur du Maroc. En effet, les fondamentaux continuent d'inquiéter les opérateurs du marché alors que les conditions climatiques extrêmes menacent sérieusement les récoltes en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord. La sécheresse continue de sévir dans le sud des Grandes Plaines, essentiellement au Texas, laissant les cultures d'hiver dans un état inquiétant comme en témoignent les notations de cultures toujours au plus bas depuis plus de 15 ans. Inversement, les semis de printemps sont toujours très en retard dans le nord du Midwest en raison des pluies qui se poursuivent. Ainsi, lundi dernier, 54% des surfaces avaient été emblavées contre 89% en moyenne à cette période de l'année. ?En Europe, la sécheresse s'est encore aggravée d'un cran alors que les précipitations annoncées ont finalement été extrêmement réduites avant le retour depuis plusieurs jours d'un temps chaud et sec. Les orages qui devraient toucher une grande partie du pays en ce début de semaine pourraient contribuer à soulager un peu le marché. Les cours du maïs ont atteint à leur tour un niveau historique avec 7,72 dollars le boisseau. Le sucre, fortement consommé au Maroc et dont 50% des besoins sont importés de l'étranger, connaît une flambée record due essentiellement à un déficit de 9,4 millions de tonnes.