L'ICPC accorde une importance particulière à la prévention et à la lutte contre la corruption dans le secteur privé. Depuis le lancement du portail www.stopcorruption.ma, quelques 667 plaintes ont été réceptionnées, dont 172 dénonciations valides (concernant la PME) et 495 dénonciations invalides (ne concernant pas la PME). Abdesselam Aboudrar, président de l'Instance centrale de prévention de la corruption, estime que la révision du cadre légal constitue un nouveau départ pour l'Instance. -Finances News Hebdo : Quel est le rôle de l'ICPC dans l'amélioration du climat des affaires? -Abdesselam Aboudrar : Le climat des affaires est parmi les domaines les plus touchés par la corruption, celle-ci réduit le volume des investissements, nuit à la croissance et dégrade les conditions économiques et sociales des citoyens. De ce fait, l'ICPC accorde une importance particulière à la prévention et à la lutte contre la corruption dans le secteur privé ; elle a pris, à cet effet, plusieurs initiatives à savoir : • les recommandations concernant le projet de décret relatif aux marchés publics; • la création d'un Observatoire de l'éthique douane/secteur privé; • le lancement du portail www.stopcorruption.ma, dédié aux PME ; • le partenariat avec la CGEM dans le cadre du renforcement de la coopération en matière de prévention de la corruption. -F. N. H. : Vous avez mis en place une plate-forme dédiée aux PME pour dénoncer toute forme de corruption. Peut-on avoir une idée chiffrée sur le nombre de requêtes reçues et la suite donnée à ces dénonciations ? -A. A. : Depuis le lancement du portail «www.stopcorruption.ma» le 29 novembre 2010, nous avons reçu environ 667 plaintes, dont 172 dénonciations valides (concernant la PME) et 495 dénonciations invalides (ne concernant pas la PME). Les plaintes recevables sont en cours de traitement par la cellule dédiée au traitement des plaintes. -F. N. H. : Pensez-vous que la mentalité a évolué vers une prise de conscience du droit du citoyen de ne pas se laisser faire, quand il s'agit de ses droits, et qu'il n'a pas à payer automatiquement un bakchich ? -A. A. : Effectivement, une grande majorité des citoyens marocains sont conscients des méfaits de la corruption et ont développé, au cours des dernières années, un esprit de lutte contre ce phénomène. La corruption n'est plus un tabou et toutes les composantes de la société, notamment la société civile et les médias, en parlent en toute liberté. Aujourd'hui, la lutte contre ce fléau se trouve au cœur des revendications des citoyens, comme en témoignent les manifestations qu'a connues le Maroc ces derniers temps. -F. N. H. : Comment voyez-vous l'avenir de l'Instance à la lumière de la révision du cadre légal comme ordonné par SM le Roi ? -A. A. : La révision projetée vise à mieux positionner l'Instance dans la perspective de sa constitutionnalisation, tout en élargissant son champ d'intervention en tant qu'institution de prévention et de lutte contre la corruption sous ses diverses formes. L'élargissement des prérogatives de la future instance porte notamment sur la possibilité d'auto-saisine. En effet, l'Instance pourra se saisir directement d'une affaire de corruption au sens large, suite à une plainte, à une dénonciation ou à une information qui lui parvient par tous moyens. L'auto-saisine implique un pouvoir d'investigation et d'audit, sachant que l'Instance doit respecter le principe de la séparation des pouvoirs. De plus, cette révision constitue un nouveau départ pour l'ICPC, dans la mesure où elle lui permettra de mieux appréhender la lutte contre la corruption en la dotant des moyens financiers et humains nécessaires afin de générer une action plus efficace. Propos recueillis par I. B. & S. E.