Le Maroc et la Turquie ont conclu la semaine dernière, à Ankara, un accord de libre-échange. Un accord qui ne plait pas à tous les opérateurs économiques marocains, mais que la conjoncture internationale impose. En présence des Premiers ministres des deux pays, Driss Jettou et Tayyip Erdogan, le Maroc et la Turquie ont signé un accord de non-double imposition fiscale, de lutte contre l'invasion fiscale en matière d'impôts sur le revenu et un accord de jumelage entre le port de Casablanca et celui d'Istanbul. Ces accords, constituant des mécanismes juridiques pour renforcer les relations entre les opérateurs des deux pays, permettront de promouvoir les échanges commerciaux entre le Maroc et la Turquie. Signalons dans ce cadre que ces échanges ne dépassent pas les 260 millions de dollars et restent ainsi en deçà des potentialités des deux pays. Driss Jettou a déclaré à la presse, lors de sa visite à Ankara, que « l'accord de libre-échange signé le mercredi 07 avril ouvrira de larges perspectives à l'économie et aux entreprises marocaines ». Les opérateurs économiques nationaux, notamment dans des secteurs concurrentiels tels le textile et l'agroalimentaire, ne cachent pas leur inquiétude quant à l'ouverture du marché marocain sur les produits turcs. Ils appellent, donc, à plus de protection avant de se lancer dans cette aventure. Toutefois, il faut admettre qu'aujourd'hui, le protectionnisme dans le domaine de l'économie est devenu obsolète. L'accord signé à Ankara offrira des opportunités de partenariat aux entreprises turques désireuses de participer aux projets lancés au Maroc, notamment en matière de construction de routes, d'aéroports et de sites touristiques. Encadré L'économie turque L'économie turque ne peut s'apprécier uniquement à l'aune d'une analyse strictement conjoncturelle. En effet, au-delà des soubresauts de la conjoncture, il existe un mouvement de fond important par lequel la Turquie normalise son régime de croissance en rompant avec les ressorts de la monétisation et de l'inflation. Ainsi, au cours des 30 dernières années, le PIB réel turc a progressé de 3,9% en moyenne par an alors que le PIB nominal augmentait de 66%. Ce découplage, entre valeur réelle et valeur nominale, est caractéristique des régimes de croissance inflationniste où l'Etat impulse la plupart des circuits économiques sous une contrainte budgétaire serrée. Les déficits financiers sont partiellement couverts par accroissement de la base monétaire alors que l'inflation, induite par ce choc de demandes, permet d'éroder la valeur réelle des dettes et des pertes enregistrées dans le secteur public. Aujourd'hui, l'économie turque semble être sur la bonne voie. Sur le plan macro-économique, les résultats sont satisfaisants et les objectifs annuels du gouvernement turc devraient être globalement atteints, notamment en ce qui concerne la croissance (5%) et l'inflation.