La promotion de l'investissement public demeure parmi les axes prioritaires de toute politique de développement. Toutefois, elle demeure sous la contrainte de certaines variables telles que la limite des ressources ordinaires et l'incompressibilité de certaines dépenses courantes. Jadis, l'investissement public était considéré comme étant un vrai employeur. Aujourd'hui, avec la prolifération des entreprises privées, le secteur privé, au même titre que celui public, joue un rôle qui n'est pas des moindres dans l'emploi, la création de la valeur ajoutée et dans le PIB. Au fil des ans et avec la libéralisation, il s'est avéré indispensable de confier la gestion des entreprises étatiques au privé, afin que ce dernier puisse jouer le rôle de coordination dans un contexte de plus en plus libéralisé. Mais cela n'empêche que la promotion de l'investissement public demeure un axe prioritaire du programme d'action de l'Etat. Il demeure un passage obligé dans la perspective de mise à niveau de l'économie nationale et de la création d'emplois. L'effort d'investissement public prévu pour 2004 serait de 70 milliards de DH. En vue d'assurer un taux de croissance moyen de 5%, les analystes du CMC estiment que le rapport de la FBCF par rapport au PIB devrait évoluer de 24,2% en 1999 à 28% en 2004, et que parmi les priorités du projet de la Loi de Finances 2004, il est à noter la relance de l'investissement public. Cette relance est considérée comme une condition essentielle pour la création d'une assise matérielle du développement économique, sociale et culturelle du pays. Toutefois, cette priorité devra être accompagnée de stratégies sectorielles adéquates afin d'assurer une meilleure gestion des deniers publics. Par rapport à l'année précédente, le volume consolidé des investissements publics est en augmentation de 9,8%. Toutefois cette progression devrait être nuancée pour différentes raisons: Primo, le volume en question comprend les investissements du budget de l'Etat (budget général, budget annexe, comptes spéciaux du Trésor). Secondo, les interventions programmées du Fonds Hassan II pour le développement économique et social, les dépenses des collectivités locales et surtout les investissements prévus par les entreprises et les établissements publics. Ainsi, si ce qui précède témoigne de l'effort déployé par les différents démembrements de l'Etat, il n'en demeure pas moins que la contribution du budget de l'Etat et les comptes spéciaux, qui sont les véritables leviers du financement des infrastructures économiques et sociales de l'Administration centrale, ne représentent que 27% de ce total. Mieux encore, une part importante des ressources inscrites au budget général, soit 33%, sera affectée aux charges communes. Le montant des crédits prévus à cet effet, soit 6 milliards de DH, sera destiné à financer les participations et concours divers afin de couvrir les échéances des dettes des entreprises publiques. Ce remboursement des crédits permettra de participer indirectement à l'amélioration des capacités d'investissement de ces entités et à l'effort d'équipement de l'économie nationale. Contraintes Le développement de l'investissement public reste lié à plusieurs variables telles que l'instabilité des ressources ordinaires ou exceptionnelles due à l'effet du démantèlement tarifaire, aux aménagements fiscaux en vue de l'amélioration de certains secteurs. Par ailleurs, le seuil d'endettement réduit les capacités de financement par l'emprunt. En 2004, le contenu physique des investissements publics sera marqué par des choix stratégiques, qui jouent un rôle important dans le développement de l'économie. Il s'agit des projets concernant la réalisation des autoroutes, du complexe portuaire Tanger-Méditerranée, de la modernisation et l'extension du réseau des voies ferroviaires. De même que la réalisation, avec le concours du Fonds Hassan II, de zones touristiques, zones industrielles... Ainsi que la construction de complexes sportifs dans la perspective de l'organisation de la Coupe du Monde 2010. On remarque ainsi que dans un contexte de libéralisation, l'Etat commence certes à se désengager du tour de table des entreprises publiques, mais cela n'empêche qu'il continue à jouer le rôle du bailleur et gestionnaire de l'infrastructure nécessaire à la bonne marche de l'économie. Reste que la qualité fait toujours défaut en ce qui concerne les investissements publics. Leur exécution est souvent gênée par les fluctuations de dotations budgétaires, l'insuffisance des crédits entraînant des retards importants dans la réalisation des projets. Il s'avère donc indispensable d'améliorer la qualité des investissements publics, et ce à travers le renforcement et la coordination de l'intégration des programmes et projets au sein de chaque ministère pris à part et entre les budgets de différents ministères.