Le monde arabe semble s'engager enfin dans la voie de l'intégration régionale afin de mieux assurer son ancrage dans le marché mondial. Le Conseil économique et social de la Ligue Arabe, réuni dernièrement, s'est déclaré satisfait des étapes franchies l En janvier 1998, quinze États arabes dont le Maroc ont procédé à la mise en uvre d'une zone arabe de libre-échange. C'est, en effet, une première phase du processus d'intégration économique devant aboutir à la création d'un marché commun arabe. Aujourd'hui, le projet de création d'un ensemble arabe économiquement intégré commence à connaître un début de concrétisation. Ainsi, on peut dire que le monde arabe s'engagé dans la voie de l'intégration régionale afin de mieux réussir son ancrage à l'économie mondiale. L'enjeu prochain de la nouvelle décennie sera de réussir cette intégration de la façon la plus harmonieuse possible. Cette dernière sera facilitée par la libre circulation des capitaux et des marchandises entre les pays arabes et l'exploitation des différents effets de synergie existant entre eux. A cet égard, le Conseil économique et social (CES) de la Ligue Arabe réuni dernièrement s'est déclaré satisfait des étapes franchies durant les deux dernières années sur la voie de l'instauration d'une grande zone arabe de libre-échange. Le Conseil a relevé, lors de la séance de clôture de sa 25ème session tenue récemment au Caire, que les pays arabes constituant cette zone ont procédé à des baisses de leurs tarifs douaniers qui ont atteint 30% au 1er janvier 2000. Si on prend l'exemple de l'Union Européenne, on peut dire que l'avènement de l'euro n'est pas le fruit du hasard, mais le couronnement d'un long processus qui a abouti à l'Union Économique et Monétaire. En outre, par le biais de l'euro, monnaie unique, l'Europe se donne les moyens de mieux concentrer sa politique monétaire. Cette mise en place de la monnaie unique est de nature à améliorer les conditions d'une croissance saine au niveau de l'Union Européenne basée sur la maîtrise de l'inflation, la dynamisation du secteur financier et la relance de l'investissement. Elle se traduira aussi par la baisse des coûts de transactions avec la disparition pour les entreprises du besoin de se couvrir contre le risque de change ainsi que la suppression des dévaluations compétitives des pays membres. Il s'agit là d'un enseignement que les pays arabes pourraient prendre à leur compte. Sachant que la libéralisation du commerce est tributaire de la mise en uvre de lois et de mesures limitant les monopoles et garantissant une concurrence loyale, il faut donc souligner l'importante de l'assainissement du climat des investissements. Conscients des enjeux de la concurrence, les hommes d'affaires arabes ont organisé des forums dont l'objectif s'inscrit d'emblée dans une évaluation des impacts de l'ouverture sur les marchés arabes, suite à l'accentuation de la concurrence, ainsi que les défis qui leur sont posés. Les rencontres ont porté aussi sur les stratégies nécessaires pour accompagner les évolutions actuelles et se mettre au niveau de la compétition internationale à travers un partenariat équilibré. Le Conseil économique et social de la Ligue Arabe a souligné l'importance du suivi de la mise en uvre du projet de zone arabe de libre-échange par les comités d'exécution et de suivi et ceux des négociations commerciales à travers notamment la libéralisation du commerce interarabe. Rappelant que la libre circulation des biens et services fait face à plusieurs entraves, nécessitant l'implication des organisations arabes concernées et du secteur privé à travers des unions des Chambres de commerce, d'industrie et d'agriculture arabes dans le processus de prise de décisions en la matière, le Conseil a décidé la tenue le 6 juin prochain d'une réunion extraordinaire des comités de négociations commerciales et de suivi pour l'examen des questions ayant trait notamment aux impôts et taxes. Le Conseil a souligné l'importance de réunir les données nécessaires pour l'instauration d'une grande zone arabe de libre-échange. La modernisation des rouages administratifs et douaniers dans les pays arabes constitue assurément un levier de développement du commerce interarabe dans la perspective de relever les défis de la compétitivité.