* L'année 2006 restera certainement dans les annales de la Bourse de Casablanca. Au tableau de bord de la place, tous les indicateurs affichent d'excellentes progressions. Flash-back. Euphorie. Tel a été le sentiment qui a caractérisé le comportement du marché boursier en 2006. Un exercice singulier durant lequel plusieurs records ont été pulvérisés. Indices, volumes, capitalisation boursière...tous les indicateurs affichent de belles performances. Les analystes sont désormais unanimes à dire que le marché a gagné en professionnalisme et en maturité. L'indice de toutes les valeurs cotées, le MASI, a clôturé l'année avec une performance de +71,14%, dépassant ainsi la barre des 9.400 points. Avec une telle performance, la Bourse offre, cette année encore, un taux de rendement de loin supérieur à celui des autres placements. Et encore, ce taux n'est qu'une moyenne de la progression des cours de l'ensemble des sociétés cotées. Il cache en effet des hausses beaucoup plus spectaculaires qui dépassent les 600% et des baisses, asymétriques soulignons-le, qui n'excèdent pas les 30%. Les titres CIH (+666% à 575 DH), Addoha (+387% à 2.850 DH), Le Carton (+293% à 196,95 DH), Fenié Brossette ( +228% à 969 DH), BCP (+147,35% à 1.870 DH), CDM (+123,29% à 949 DH)...ont affiché les meilleures performances du marché. À l'inverse, pas moins de 18 valeurs ont vu leur cours enregistrer des contre-performances. C'est le cas notamment d'Oulmès, Papelera de Tetuan, La Marocaine Vie, Lesieur Cristal, Cosumar dont les cours ont enregistré des baisses annuelles respectives de 31,15 %, 26,61 %, 22,25 %, 18,60% et 17,60%. Ceci dénote une certaine maturité du marché qui gagne de plus en plus en efficience. Les investisseurs récompensent les valeurs performantes présentant des perspectives claires, et négligent les moins bonnes d'entre elles. Le secteur «Immobilier» en tête du peloton Sur le plan sectoriel, le secteur qui s'est le mieux comporté est celui de « l'immobilier » dont l'indice affiche une performance annuelle de plus de 328 %. Il a été propulsé à ce rang grâce à la remarquable performance de la valeur Addoha qui a crû de plus de 387%. Addoha qui, rappelons-le, a fait couler beaucoup d'encre depuis son introduction en Bourse en juillet dernier. En cinq mois de cotation, le titre contribue à plus de 25% dans la progression des indices. Les volumes qu'il a drainés depuis son introduction représentent en moyenne 43% du quotidien global. Du jamais vu ! Jamais une valeur n'a eu autant d'écho au sein du marché. La deuxième place revient au secteur «Chimie» (+122,46%), grâce notamment à la nouvelle recrue Colorado qui s'est appréciée de +105% depuis son introduction, et à la SCE (+55,5%). Les sociétés de distribution (+117%) et les banques (+87%) suivent. À l'inverse, les secteurs Agroalimentaire, Sylviculture & Papier et Transport traînent au bas du tableau avec des contre-performances respectives de 10,56%, 26,61% et 4,11%. La liquidité du marché explose... Un bon cru donc côté rentabilité, mais pas seulement. Bon cru aussi sur le plan de la liquidité puisque les volumes de transactions n'ont jamais été aussi élevés à la Bourse de Casablanca. À 166,42 milliards de dirhams, le chiffre d'affaires annuel de la place affiche une envolée de +210% par rapport à l'année 2005 ! Mieux encore, plus de 70% du volume ont été réalisés sur le marché central avec plus de 128 millions de titres ayant changé de main. L'augmentation des volumes échangés s'est traduite par une amélioration du ratio de liquidité de la place casablancaise qui est ainsi passé de 14,9 % en 2005 à 28,17 % en 2006, témoignant de la vigueur de la Bourse de Casablanca qui est ainsi devenue de plus en plus attrayante pour les investisseurs aussi bien locaux qu'étrangers. Sur le compartiment de blocs, en l'absence d'opérations stratégiques majeures, ce marché a été surtout dopé par les opérations de revalorisation de portefeuilles qui ont concerné un volume global d'environ 18 milliards de dirhams. La capitalisation boursière s'est inscrite pour sa part à 417 milliards de dirhams, en hausse de plus de 65% par rapport au début de l'année, représentant ainsi plus de 82% du PIB. Une performance qui s'explique, d'une part, par la hausse des cours et, d'autre part, par l'élargissement de la cote, à travers notamment l'introduction en Bourse de dix nouvelles sociétés. Ce qui nous amène à un nouveau record que la place n'a jamais connu auparavant. En effet, la place casablancaise n'avait jamais accueilli dix nouvelles recrues en une seule année. Cette frénésie découle certes d'une conscience plus développée des entreprises marocaines, PME pour la majorité, par rapport à l'utilité de l'ouverture de leur capital au public et des vertus du marché financier. Mais la carotte fiscale, notons-le, a beaucoup aidé pour convaincre les indécis. ...mais n'est pas générale ! Il est vrai que la place casablancaise n'a jamais connu pareil enthousiasme en terme de volume d'échanges. Toutefois, si l'on pousse l'analyse un peu loin, l'on se rend compte que ce comportement frénétique n'est pas général et provient en grande partie d'une dizaine de valeurs qui, à elles seules, totalisent une somme de plus de 95 milliards de dirhams, soit plus de 81% du volume global des échanges. Les blue chips de la place ont le plus contribué au gros du volume. Ainsi, avec plus de 34 milliards de DH, Addoha accapare la part du lion du volume réalisé sur le marché central, pesant ainsi 29,16% du chiffre d'affaires annuel de la place. Elle est talonnée, de loin, par Maroc Telecom qui a engrangé environ 21 milliards de DH, soit plus de 17% des transactions à fin décembre. La filiale de Vivendi Universal est suivie de BMCE Bank avec un volume de près de 9 milliards de DH, soit 7,62% des volumes du marché central. Et parmi les valeurs les plus actives du marché, CIH et ONA tombent respectivement à 6,43% et 6,28% du total du volume 2006. Attijariwafa bank est à 5,77%, suivie de SAMIR à 3,12% et de SONASID, SNI, MANAGEM à moins de 3% chacune.