* La forte volatilité des actifs et le changement perpétuel des contrats constituant les engagements des compagnies d'assurance mettent en exergue l'insuffisance des règles prudentielles prônées par le législateur. En vue de faire face à ces contraintes, les compagnies d'assurance et les caisses de retraite se penchent de plus en plus sur les techniques ALM (gestion dactif/passif), et ce pour une meilleure analyse et évaluation des risques inhérents à leurs activités, essentiellement dans un contexte très fluctuant. Abdelkrim Khiraoui, Président-Fondateur d'ARM Consultants, livre son point de vue. Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la gestion actif/passif, surtout pour des organismes tels que les Caisses de retraite ou les compagnies d'assurance ? Abdelkrim Khiraoui : Il s'agit d'un ensemble de méthodes de prévision, d'outils d'analyse des risques et de techniques de gestion orientés vers la maîtrise des risques financiers de toute nature. L'ALM peut être scindée en deux processus : l'un d'évaluation permanente des risques et l'autre de décisions pour faire face à ces risques. Elle a pour objectifs d'identifier et de gérer l'ensemble des risques, d'asseoir une stratégie optimale d'allocation d'actifs en représentation des provisions techniques et fonds propres, et de disposer d'outils performants d'aide à la décision et de pilotage. F. N. H. : Peut-on savoir où en est actuellement le Maroc dans l'application de ces règles dans les compagnies d'assurance ? A. K. : Au niveau national, la majorité des compagnies d'assurance, caisses de retraites et institutions de prévoyance commence à prendre conscience de l'importance de l'ALM dans leur pilotage. En témoigne l'important et récent appel d'offres international lancé par la CMR (Caisse Marocaine des Retraites des Fonctionnaires). Les compagnies ont par ailleurs entamé études, recrutement et formation de spécialistes (actuaires et financiers) et mis en place des structures propres à l'ALM. F. N. H. : Comment se fait la complémentarité entre les règles prudentielles initiées dans le code des assurances et la méthode ALM ? A. K. : La réglementation marocaine de l'assurance et de la prévoyance n'impose pas aux assureurs l'instauration de la gestion actif/passif. Toutefois, elle impose des règles de gestion tant du passif que de l'actif qui, à mon sens, constituent la base de l'ALM. C'est ainsi que le législateur a imposé des règles prudentielles ayant un lien, je dirais même direct, avec l'ALM : à savoir notamment des provisions techniques suffisantes, des actifs de bonne qualité et une marge de solvabilité supérieure à un niveau minimum. F. N. H. : Quelles sont les limites de cette méthode ou quels sont les garde-fous à mettre en place dans une compagnie d'assurance ou une caisse de retraite afin que cette méthode atteigne ses objectifs ? A. K. : La réussite d'un projet d'instauration de l'ALM dépend de la qualité des données et informations techniques, économiques et financières, tant exogènes qu'endogènes à l'assureur. Ce qui suppose l'existence de systèmes d'information et de reporting performants. De plus, elle nécessite la mise en place en interne de deux organes : - la cellule d'études ALM, chargée de mettre en place, à la disposition du Comité ALM et du Management, des études et informations ; - le Comité ALM, chargé du suivi des travaux d'ALM et de la coordination entre les différents départements concernés (cellule d'études ALM, actuariat financier et comptable, contrôle de gestion, études économiques et financières etc.