* L'ALM n'a pas été imposée par le législateur mais demeure essentielle pour que l'activité de l'assurance fonctionne sur des bases financières saines. * L'allocation d'actifs, ainsi que la réassurance, sont certainement deux des outils les plus importants pour une bonne gestion intégrée des risques d'une compagnie d'assurance. Inutile de rappeler que le contexte dans lequel opèrent les compagnies d'assurance et les Caisses de retraite est très volatil. Mais toujours est-il judicieux de rappeler que ces organismes sont appelés à faire preuve de plus de prudence en vue d'honorer leurs engagements. Hormis le contexte, force est de constater que les activités de ces organismes portent en leurs germes des risques qui, à défaut de maîtrise, entraînent la disparition pure et simple de l'organisme en question. Face à cette montée de risques qui se profile avec l'exacerbation de la mondialisation, le législateur n'est pas resté les bras croisés, instaurant des règles prudentielles parfaitement instituées par le nouveau code des assurances. Mieux encore, face aux différents aléas, certains de ces organismes ont fait de la gestion actif/passif un cheval de bataille. Au Maroc, cette nouvelle méthode, appelée allocation d'actifs, est à ses balbutiements. Assurément, elle n'a pas été imposée par le législateur, mais elle demeure essentielle afin que l'activité de l'assurance fonctionne sur des bases financières saines. Les fonds reçus des assurés doivent être placés dans l'attente de la réalisation de la prestation. En outre, ces fonds doivent servir à faire face au règlement intégral des engagements. Les compagnies d'assurance ou caisses de retraite sont aussi appelées à disposer de fonds propres permettant l'absorption des pertes imprévues. La transposition de ces règles diffère d'un pays à l'autre en tenant compte de l'environnement social et économique propre, du niveau de pénétration et du niveau de développement du système financier. D'après Mustapha Abarbri, de la Direction des assurances et de la prévoyance du ministère des Finances et de la Privatisation (DAPS), le contrôle de l'Etat est exercé dans l'intérêt des assurés et des bénéficiaires de contrats d'assurance. C'est dans cet esprit que le régulateur a émis des règles que les assureurs doivent respecter, notamment dans le pôle financier. Il a exigé, de ce fait, que ces derniers soient en mesure, à tout moment, de faire face aux engagements qu'ils ont pris vis-à-vis des preneurs de contrats d'assurance. Le régulateur a ainsi défini les règles prudentielles que doivent dispenser les assurances , telles que la constitution de provisions techniques suffisantes et le maintien d'une marge de solvabilité minimale pour faire face aux risques. En quoi consiste l'allocation d'actif ? Dans le jargon habituel, l'application de cette méthode consiste à dire qu'il ne faut pas mettre tous ses ufs dans le même panier. La gestion actif/passif devient ainsi de plus en plus cruciale pour tout établissement devant placer des capitaux pour faire face à ses engagements et désireux de garantir une gestion financière équilibrée. Approches stochastiques Zouhair El Alaoui, Président d'Actuaris Consulting, définit la gestion actif-passif comme étant un mode de gestion des affaires visant à coordonner les décisions relatives à l'actif et au passif. Il s'agit donc d'un processus continu, impliquant la formulation, la mise en uvre, le contrôle et la révision des stratégies se rapportant à l'actif et au passif dans le but d'atteindre des objectifs financiers, compte tenu d'une certaine tolérance au risque et de certaines contraintes. La mise en place de cette méthode aboutit à l'édition périodique de reporting, dont les indicateurs seront normalisés et recevront une interprétation immédiate et claire. Elle permet aussi d'évaluer la situation financière à court, moyen et long termes de l'institution, de détecter d'éventuels problèmes structurels et d'analyser l'impact à court et long termes des différents remèdes possibles. Mieux encore, la gestion actif/passif permet aux gestionnaire d'une caisse de retraite de dépasser les limitations imposées par la réglementation. Les méthodes sophistiquées de mesure du risque intégrant des approches stochastiques (c'est-à-dire probabilistes) prennent le pas sur les méthodes déterministes qui, selon A. Majdoubi, Directeur financier de la SCR, par le biais d'études de sensibilité de certains facteurs, ne comblent plus les besoins d'analyse des décideurs. On retrouve aussi la Dynamic Financial Analysis (DFA) qui repose sur la modélisation stochastique du bilan et du compte de résultat et qui suscite de plus en plus d'intérêt. «La DFA est le procédé d'analyse et d'examen de la structure financière d'une compagnie, en considérant non seulement les relations entre les différents postes pris en compte, mais aussi la nature stochastique des facteurs qui peuvent affecter le résultat». Une comparaison de la DFA et de l'ALM en «vie» montre qu'un bon modèle DFA devrait stimuler stochastiquement les éléments d'actif, les éléments de passif, mais aussi les relations entre les deux types de facteurs aléatoires. D'après A. Majdoubi, de nombreuses approches ALM traditionnelles en assurance vie considèrent les dettes comme plus ou moins déterministes en considération de leur faible variabilité. Une hypothèse de ce type pourrait s'avérer dangereuse en assurance dommages, dans la mesure où les cash-flows du passif ont une nature plus volatile. En assurance non vie, le risque du passif joue un rôle primordial et la volatilité du passif d'une société d'assurance vie peut être qualifiée de faible comparée à celle de l'actif. L'ALM, ainsi que la réassurance, sont certainement deux des outils les plus importants pour une bonne gestion intégrée des risques d'une compagnie d'assurance. L'ALM est d'autant plus efficace que la volatilité du passif est réduite par des protections de réassurance.