La coquette ville d'El-Jadida était bien conçue, urbanistiquement parlant, quand elle était Mazagan ! A l'époque de sa belle plage où jaillissait de l'eau un super bijou d'architecture, le casino, un édifice construit en pleine mer où pour y accéder, il fallait traverser un long pont qui le reliait au boulevard. Ne parlant pas de l'hôtel marhaba avec ses larges baies vitrées, ses beaux jardins suspendus, sa porte pivotante tout en verre, sa belle piscine et ses petites cabines ressemblant à un bateau de croisière !J'allais oublier le grand plongeoir et son tremplin où les hercules de maitres-nageurs bien tracés et biens bronzés roulaient les mécaniques avant d'exécuter un parfait plongeon du haut du plongeoir, les plus téméraires de la terrasse de l'hôtel ! Il faut dire que c'étaient de grands athlètes…Une fois leur journée de travail terminée, ils s'amusaient à épater les estivants en faisant un aller-retour à la nage, de la plage au « Moone » (la jetée) à marée haute comme à marée basse ! C'était leur façon de se détendre et de maintenir la forme…Ils s'amusaient aussi à fortifier et à assouplir leur corps par la gymnastique tôt le matin sur les bords de la plage avant d'entamer leur journée de travail. Des fois, pour le plaisir des gamins qui, tous mouillés, essayaient de tatouer un cœur, cadré par leurs doigts, de sable ; en s'écrasant sur une petite dune de sable bien chaude, le regard fixe sur nos fameux maitres-nageurs qui s'exerçaient à faire des figures gymniques sur le muret qui longeait la plage ! Ces gamins-là, on ne savait même pas où ils camouflaient leurs habits…Mais comme je faisais partie de cette génération, on cachait nos fringues sous les guérites plantées en face des cabines que les gens louaient durant la période estivale ! Quoique les vestiaires existaient où les gens de passage pouvaient déposer leurs habits. Tiens ça me rappelle le terrain de volleyball où se déroulaient des tournois de tonnerre à longueur de journée. Jouxtant le sympathique bar du Soleil avec son immense terrasse où l'on pouvait sirotait son soda bien frais à la paille tout en suivant une belle empoignade, entre Marrakchis et Doukkalis, de volleyball ! Il y avait aussi quelques cabines commerciales où l'on pouvait acheter des biscuits, soda, glace voire des beignets bien sucrés et partir ainsi au gré du vent le long de la plage, les pieds dans l'eau…Pour être finalement attiré par un autre tournoi de football bien animé par nos meilleures formations de Settat, Marrakech, Fès, Sidi Kacem, TAS et bien entendu le DHJ … ou tout bonnement par monsieur Figaro ! Un homme à la stature imposante, toujours en short et béret sur le crâne. Ce bonhomme dirigeait le grand chantier de la plage avec l'art ; la construction des châteaux de sable, des sirènes voire de belles femmes aux cheveux longs tout en sable par des jeunes, filles et garçons, des artistes en herbe ! Et la manière, en prodiguant des éloges aux jeunes sculpteurs qui savaient quoi faire de leurs dix doigts. Ne parlons pas du spectacle très comique où les gamins s'agrippaient au poteau enduit de savon noir pour aller décrocher les cadeaux surprises suspendus à sa cime…Que dire alors de ces belles régates des voiliers qui déboucheraient du club nautique sis en plein cœur du port de plaisance de Mazagan. Une vraie chevauchée de voiles multicolores sur une mer limpide et claire. Tous accostaient sur le sable propre de la plage où déjà un grand nombre de curieux les attendaient !Cette image féérique nous rappela les rares fantasias « Tbourida » qu'on organisait à l'occasion d'un grand événement à l'image des fêtes de la circoncision des petits qu'on habillait traditionnellement…De cette belle image pleine de nostalgie, il nous reste, hélas que les dégâts urbanistiques ! Regardez ou plutôt faites l'état des lieux de l'hôtel Marhaba, de la plage et de ces commerces anarchiques ! Entre autres la construction de ces cafés en plein cœur de la plage qui ont fait sauter le beau bar du Soleil et le terrain de volleyball ! Ne parlons pas des autres petits cafés construits dans le prolongement des petites cabines. Une œuvre des élus municipaux d'une certaine époque ! Cette œuvre a fait disparaitre le grand espace sablonneux où les bambins s'amusaient à rouler sur les dunes de sable avant d'aller piquer un plongeon du côté des escaliers ; le reste du beau Casino détruit à coups de massue ainsi que la belle salle de cinéma marhaba bien plus tard ! Des bijoux d'architecture que pleurent aujourd'hui des Mazaganais comme votre humble serviteur !