Tout le monde a en mémoire ce mercredi noir, du 21 novembre 2007, où les habitants de la ville d'Azemmour ont manifesté ouvertement leur mécontentement à cause de la criminalité qui s'était élevée d'une façon impressionnante et alarmante. Agressions à main armée, vente des stupéfiants, viols, prostitution, vente illicite de l'alcool, proxénétisme étaient devenus le lot quotidien des Azemmouris qui, n'en pouvant plus et qui poussés par la peur pour leurs vies et celles de leurs progénitures, ainsi que pour leurs biens, ont fini par s'éclater et manifester, massivement devant le commissariat de circonscription de la ville durant des heures, protestant vivement, contre cette loi de la jungle sévissant et s'amplifiant au fil des jours dans la ville. Le conseil municipal devait tenir, à ce sujet, une session extraordinaire pour débattre de la situation et des moyens à apporter pour la restauration de la sécurité. Un plan d'urgence a été dressé par la police qui, épaulée par des éléments des forces auxiliaires et de l'autorité locale, était parvenue à atténuer de l'ampleur du crime sans, toutefois, l'éradiquer définitivement. La ville d'Azemmour, d'une population de près de 40.000 habitants et d'une superficie de près de 8 km, souffre, en effet, de mille maux et de nombreuses carences malgré l'intervention des autorités provinciales, en la personne de Mourad Jamiî, et de quelques bonnes volontés originaires de la ville, voués à sa cause, par la plantation du festival des Malhouniyates, de celui des Rempars'Arts et de la transformation de maisons en Riads pour faire décoller le tourisme dans cette localité. Mais le désœuvrement total de ses jeunes et d'une grande majorité des hommes et des femmes n'aide guère à l'instauration d'une sécurité stable. A cela, s'ajoute sa proximité d'une agglomération rurale non contrôlée Notamment du côté de la C.R de Sidi Ali Benhamdouche qui s'est avérée être le refuge de dangereux criminels notoires fuyant la justice. Les lieux de distraction sont inexistants. Le parc du centre- ville reste le seul coin où espèrent respirer les jeunes et les familles. Mais il est fréquenté par des laissés- pour- compte. Les clients des cafés sont, constamment, dérangés et assaillis par des clochards et des malades mentaux venant d'en ne sait où. L'oisiveté et le chômage ont créés une situation dramatique, insupportable et insoutenable qui a poussé beaucoup de jeunes, garçons et filles, à dévier du droit chemin. Ce vide criard a engendré, bien sûr, un taux de délinquance très élevé et a poussé la prostitution à proliférer encore davantage. La situation ne pouvait rester ce qu'elle est. La sécurité, que garantit la Constitution, est un droit indéniable de chaque citoyen. Un jeune commissaire, ayant roulé sa bosse dans l'un des rudes arrondissements urbains d'El Jadida, a été nommé, en 2010, à la tête du C/C d'Azemmour. Charafeddine Kasraoui savait à quoi s'en tenir. Les moyens humains et logistiques, auxquels il faut ajouter les contraintes telles le décourageant état des lieux, la précarité sociale de la plupart des habitants et l'absence totale d'opportunités adéquates de travail, constituaient un handicap sérieux pour assainir une situation qui pouvait à tout moment dégénérer. Un plan d'action, à la fois préventif et répressif, a été tracé en fonction des moyens disponibles. Un redéploiement des forces de l'ordre a été opéré à travers tout le périmètre urbain avec, toutefois, une surveillance accrue des points jugés noirs et une protection particulière assurée aux rares étrangers de différentes nationalités. De ce côté, aucune agression, de quelle que nature ce soit, n'a été enregistrée. Outre les rondes qu'effectuent les deux estafettes policières, deux autres équipes de la police judiciaire ont été créées pour assurer une présence permanente à travers les quartiers de la ville. La nomination de l'actuel chef de sûreté provinciale, Noureddine Sennouni, a donné un élan à ces efforts en assurant un renfort quotidien à la police locale par des policiers en civil et en uniforme qui contribuent, à leur tour, à garantir la sécurité de la ville et de sa communauté. Ces efforts ont donné, très vite, leurs fruits et la confiance s'est rétablie entre le citoyen et sa police. Et si des actes criminels subsistent encore, ils ont diminué d'intensité et de gravité. Rien qu'au mois de mai, près de 200 affaires ont été réalisées. « Des affaires bénignes », certes, comme on dit dans le jargon policier. Mais qui ne pourraient laisser les responsables dormir sur leurs lauriers. La recrudescence des crimes pourrait, à tout moment, refaire jour tant que d'autres mesures parallèles n'aient été entreprises. La police, actuellement, fait de son mieux grâce à son commissaire et à son supérieur pour son soutien accru. Et c'est tant mieux. La balle, maintenant, est dans le camp du conseil urbain de Zakaria Semlali. Il lui est impératif de soutenir l'action policière en lui apportant aide et soutien. La ville n'a aucune débouchée autre que le tourisme pour son développement socio- économique. Malheureusement, la ville est étouffée. Elle n'a aucune alternative pour son éclosion. Elle n'a d'avenir, en fait, que dans le secteur touristique. Or, pour son épanouissement, la cité doit jouir d'une sécurité sécurisante. Azemmour mérite vraiment ce sacrifice. Son paysage est magnifique. Elle est l'une des plus anciennes et des plus pittoresques villes de l'Atlantique. Ibn Al Khatib avait écrit à son propos au XIVe siècle : « C'est la fiancée du printemps et de l'automne… ».