Ces derniers temps, l'insécurité a pris des proportions alarmantes dans les villes d'Azemmour et d'El Jadida. Jeudi dernier, le gouverneur d'El Jadida s'est montré rassurant après les interrogations de quelques membres du conseil provincial, qui tenait sa session du mois de janvier sur ce problème de l'insécurité. Mais au même moment, un élément de la brigade touristique d'El Jadida, victime de sa témérité et de son sens du devoir, a été transporté d'urgence à l'hôpital provincial de la ville pour fractures et blessures graves.
Le policier, Jabrane Talal, estimé et respecté dans les milieux jdidis pour son abnégation et sa fidélité à sa fonction, a tenté, même s'il n'était pas de service, d'arrêter un voleur à la tire qui venait d'arracher à une jeune femme son sac à main. Laissant sa femme et ses enfants sur place, il se jeta, dans une vaine tentative courageuse, de stopper la moto du malfrat. Le policier a été traîné par terre sur le goudron sur plusieurs mètres, avant que l'auteur des deux forfaits (vol et agression) ne prenne la poudre d'escampette laissant derrière lui sa moto et le blessé dans un état lamentable. Les policiers, venus à la rescousse, ont effectué des opérations de ratissage dans les environs. Mais en vain. Le malfaiteur s'était volatilisé. Et à l'écriture de ces lignes, il court toujours dans la nature.
Ca fâcheux et navrant incident, le troisième du genre en moins d'un mois contre des agents de sécurité et dont l'un d'eux l'avait échappé belle en esquivant de justesse un terrible coup d'épée que tentait de lui asséner un dangereux malfrat, très tôt dans la matinée du samedi 26 janvier, est une sonnette d'alarme que doivent prendre très au sérieux les s différents responsables à qui leur incombe la sécurité de la ville, des citoyens et de leurs biens. Des mesures draconiennes doivent être prises pour circonscrire ce fléau, grimpant à une vitesse vertigineuse, ou du moins l'atténuer.
La ville d'El Jadida est, aujourd'hui, une véritable métropole et à grande métropole, dit-on, grands maux. Aussi connait- elle, à son tour, à une recrudescence de la criminalité sous des formes de plus en plus spectaculaires auxquelles n'est pas habitué le citoyen jdidi en particulier. La vague d'agressions perpétrée, le plus souvent par des jeunes drogués, a instauré chez les habitants un climat de tension frôlant, par moments, une psychose. Désormais chacun se considère une victime potentielle si bien qu'on n'ose plus s'aventurer, même le jour, dans des lieux isolés et / ou vides. Les risques d'une agression sont devenus fréquents et peuvent subvenir à tout moment. Les femmes, proies faciles des braqueurs, n'osent plus se hasarder seules dans les rues et les marchés de peur d'être dépouillées de leurs biens ou d'être enlevées pour assouvir l'appétit charnel d'obsédés sexuels. Tout le monde garde en mémoire la mésaventure de cette malheureuse femme mariée qui a été arrachée, de force, des mains de son époux devant de dizaines de témoins en cette nuit du mois sacré de Ramadan l'année dernière. Le nombre de ce genre de délits n'est pas, actuellement, élevé comme dans d'autres villes du Royaume. Mais au rythme où vont les choses, il sera très difficile à cerner. Et tant que les forces de l'ordre sont incapables de maîtriser totalement ce phénomène, l'appréhension du citoyen s'accentuera et la délinquance augmentera de plus en plus au point de devenir, à la fois infernale et rocambolesque. Une impuissance de la part de ces forces pour satisfaire les besoins et les attentes du citoyen en matière de sécurité installera un climat de méfiance envers son supposé protecteur. Ce qui n'est guère souhaitable pour les deux parties.
Cependant, il ne faut pas nier que depuis l'installation du nouveau chef de la sûreté provinciale, bien de choses avaient changé. De grandes et sérieuses mesures sécuritaires avaient été établies et une autre approche avait été adoptée. Malheureusement, toutes ces dispositions préventives, malgré les contraintes du manque d'effectif et de la logistique suffisante (véhicules et carburant), ne pourraient, à elles seules, venir à bout des agressions tant que d'autres facteurs subsistent.
Ainsi, et il faut le dire tout haut, l'attitude et le comportement de certains flics participent, d'une manière ou d'une autre, à l'accroissement des crimes. Ces éléments, pour des pots-de-vin insignifiants, ne refusent pas, dans un bistrot de la ville, de s'attabler avec un ou des criminels notoires de la ville. D'autres s'adonnent à la drogue. Chez qui se procurent- ils ce poison ? Et autant d'autres exemples que voit, quotidiennement, le citoyen. Dans de telles situations inacceptables, le criminel prend de l'assurance et n'a plus cette phobie de l'homme de la loi. Un respect de sa personnalité et de sa dignité doit être imposé à ces inconscients. C'est le rôle de leurs supérieurs. La violation journalière de la loi n'est pas sans conséquences sur la prolifération du crime. L'occupation illégale du domaine public, l'état défectueux des bus et de certains petits taxis et tant d'autres comportements inciviques que ne combattent pas les autorités concernés ou qu'elles encouragent pour des billets d'argent n'enfanteront que l'anarchie. Personne ne considérera qu'il y a des lois et des responsables qui veillent à leur respect. D'autre part, le Conseil municipal doit être un acteur effectif dans ce rôle d'assurer une sécurité sécurisante en raison de ses retombées touristiques et économiques d'une manière générale sur la ville et ses habitants. Il devrait réserver une part du budget financier de la municipalité pour offrir à notre police les moyens logistiques lui permettant de remplir convenablement leurs rôles sécuritaires. D'autres départements étatiques et privés devraient y contribuer. Car la sécurité est un acte national et nous concerne tous.