L'homme est certes affable, ouvert, courtois, mais point singulier. Son parcours professionnel en dit long Tout d'abord, il embrasse le métier d'enseignant. Une noble profession qui apprend à aimer l'autre. L'enfant, le monde de l'innocence. Une profession qui incite à connaître profondément l'autre pour mieux l'appréhender afin de recourir à la méthode pédagogique la plus appropriée pour parvenir à lui faire passer le ou les messages objets de la leçon. Ensuite, il se reconvertit, dès les années 80, au journalisme. Un métier aussi noble que le premier. Mais également un métier des tracs, des problèmes, des peines, des difficultés, des embarras et des efforts. D'abord chroniqueur littéraire, il se transforme en grand reporter en politique internationale au sein de l'ORTF (Office de Radio-diffusion-télévision française), puis de Radio France Internationale (R.F.I) sans pour autant abandonner, totalement, la presse écrite puisqu'il continue à collaborer dans diverses revues. Une mission qui lui a valu de parcourir les quatre continents du monde malgré les dangers qu'il encourrait dans certains pays instables politiquement. Après l'indépendance des pays africains, il est appelé à apporter son concours à plusieurs radios et télévisions africaines, comme formateur de journalistes ou comme conseiller auprès de chefs d'état et de directeurs de radio. En 1984, il est nommé directeur de l'Université radiophonique et télévisuelle internationale (URTI), puis, de 1990 à 1999, il est à la direction des relations internationales de France Télévision (France 2, France 3…). A la chute du mur de Berlin, il est parvenu à organiser au siège de l'UNESCO la 1re grande rencontre internationale entre les radios et les télévisions de l'Est et celles de l'Ouest. Il a initié, entre autres pour le compte de France télévision, le projet de création de la télévision palestinienne à la demande de feu Yasser Arafat. En 2001, il atterrit dans les terres doukkalies. A El Jadida plus particulièrement. C'était le coup de foudre qui le poussa à s'installer définitivement à la sublime station balnéaire de Sidi Bouzid où il adopta toute une famille marocaine de la localité pour s'imprégner davantage de la population doukkalie qu'il adopta, à son tour, et qui l'accueillit chaleureusement à cœur ouvert. Peut-être qu'il ignorait, en ce moment, que sa vie allait amorcer un autre tournant, en tant que volontaire, aussi noble que ceux qu'il avait exercés en tant que professionnel. Il découvrit une ville et une région en plein mouvement. Une ville et une région dont le patrimoine historique est varié et riche. Aussi s'attela- t- il à l'étudier et à prendre sa défense pour sa préservation par des articles journalistiques publiés dans différentes éditions marocaines d'expression française. On ne peut lui retirer le grand mérite d'avoir remis au devant la scène les fauconniers et les faucons ainsi que les Tazotas, des constructions en pierre sèche. D'ailleurs, c'était lui qui avait représenté le Maroc, du 21 au 23 septembre 2012, au XIIIe congrès international de la pierre sèche avec son exposé «Les Tazotas, lieux de vie, mais chefs-d'œuvre en péril ». D'ailleurs, la ville d'El Jadida abritera les assises du 14e congrès. Hanté toujours par préserver et sauvegarder les monuments historiques et toute une culture et toute une tradition, Michel Amengual réalisa, en partenariat avec le Groupe OCP, son ouvrage «El Jadida, capitale des Doukkala» préfacé par Mourad Jamiî, gouverneur de la province, et édité par Maroc Premium Magazine. Un ouvrage aussi savoureux que savant. Cet ouvrage se compose de quatre parties : l'histoire, le patrimoine, l'art, la culture et les atouts d'une contrée en plein essor. Dès les premières pages, le lecteur plonge dans l'historique de la cité portuaire, connue aussi sous le nom de Mazagan, la démolition de la ville, après le départ des Portugais au XVIIIe siècle, sa réhabilitation par Moulay Abderrahmane au milieu du XIXe siècle, la cohabitation harmonieuse entre les trois communautés musulmane, juive et chrétienne que l'on remarque à travers la présence de mosquées, de zaouias, d'une synagogue et de plusieurs églises... Autant d'éléments rappelant le passé glorieux et la richesse d'une culture. Le pourquoi de cette initiative, l'auteur s'explique : «Au départ, il y a un constat, on ne retrouve pas grand chose sur El Jadida au point de vue touristique. Si vous allez dans l'échoppe de la cité portugaise ou ailleurs, vous trouverez de petites brochures qui ne reflètent pas l'ensemble de la vie à El Jadida ou dans les Doukkala. Il fallait alors compenser cela, on a tout sur Marrakech, sur les villes impériales, où l'on retrouve la partie touristique ou historique. Dans ce livre «j'ai voulu faire quelque chose de différent pour donner la possibilité à tous ceux qui s'installent ou qui passent, marocains ou étrangers, jeunes ou vieux, qu'il puissent savoir autre chose que ce que c'est la cité portugaise et ainsi savoir tout sur la région des Doukkala. Bien sûr, je me suis basé sur des articles sur la vie à Mazagan que j'avais écrits il y a longtemps et beaucoup d'autres écrits que j'ai réajustés ou que j'ai raccourcis ou réécrits de façon différente. Je n'ai pas voulu parler d'El Jadida comme un historien car je n'en suis pas un. Je suis un homme, qui a vécu au milieu des hommes, et qui sait comment d'autres hommes ont vécu. Je voulais restituer ceci et c'est ce qui motive ma façon de penser et aussi ma façon d'écrire. C'est vrai que le fait d'écrire un beau livre, ou un livre de prestige, requiert une écriture très impersonnelle, mais je ne peux pas m'empêcher d'écrire sur un ton personnel ; et c'est ce que j'ai voulu faire ». Et de poursuivre «Son format actuel a demandé un investissement financier et relationnel assez important. Personnellement, je pensais en faire un livre, à la portée de tout le monde, valant entre 50 et 100 DH, dans le format d'un guide sans qu'il n'en soit un. Mais très vite, monsieur le Gouverneur a compris que le besoin est présent car il voulait quelque chose de prestigieux à donner à ses visiteurs, et ils sont nombreux à venir le voir. Ils peuvent prendre entre leurs mains un livre officiel de tourisme ou d'artisanat, mais il fallait un prestigieux support qui racontait la ville et sa région. Je me rappelle de la première fois où je suis allé montrer à monsieur le Gouverneur ma première ébauche, il m'avait dit « Ce livre m'intéresse. Faisons d'abord El Jadida », il a ensuite pesé de tout son poids pour que ce livre puisse voir le jour et trouver les fonds nécessaires pour que ça soit fait. Et pour cela, il a été d'un précieux secours. Il a choisi Maroc Premium dont il connaît la réputation et les œuvres autour de l'art, sur lesquels ils ont travaillé. Le livre a été imprimé en Espagne, en respectant un délai très précis puisqu'il fallait le présenter à Sa Majesté le Roi au Salon du Cheval. Ce qui a été fait, d'ailleurs, en le présentant en mains propres à SAR le prince Moulay Rachid. L'écrivain poursuit sur sa belle lancée avec « Voyages en Doukkala. De L'Antiquité à l'Indépendance » (éd. Afrique-Orient 2012), véritable anthologie de textes écrits par des voyageurs étrangers - explorateurs, scientifiques, médecins et autres diplomates - qui ont visité la région de tout temps et ont pu en appréhender les indéniables mutations. Des narrations passionnantes, qui permettent de mieux comprendre les Doukkala actuellement. Epris par cette ville et fasciné par ses diverses richesses, Michel Amengual a sillonné toutes les rues d'El Jadida ainsi que tous les chemins de traverse de la région. Ce n'est pas en historien que l'auteur abord les pages anciennes des principaux sites historiques de la région, mais plutôt en écrivain humaniste qui tente de restituer la vie aux époques décrites. Il a fait renaître la vie à l'intérieur des remparts de la Cité portugaise quand elle était occupée par la Couronne lusitanienne, avec les peurs et les espérances de ses habitants, celle qui animait la Cité des Moudjahidines que l'on voit à l'entrée de l'autoroute d'El Jadida, mais aussi la vie religieuse intense qui animait la région, avec les mausolées d'Azemmour (Moulay Bouchaïb Erreddad, Abraham Moul Ness, Lalla Aïcha El Bayrhia…), présentés ici avec force détails, comme celui de Moulay Abdallah. Les chapitres réservés aux traditions sont tout aussi passionnants : des pages entières consacrées aux chevaux et à la culture équine dans les Doukkala, à l'artisanat avec la mise en exergue de la broderie d'Azemmour, du tissage de Sebt Saïss dont la renommée dépasse nos frontières, de la fauconnerie, dont les diverses associations réparties sur l'ensemble de la province rappellent les liens qui ont uni de tout temps les hommes de la tribu des Kwassem et les faucons. En outre, les Doukkala regorgent de potentiels économiques. C'est d'abord une terre agricole où l'on parcourt, avec l'auteur, les champs de primeurs et d'agrumes, le long d'El Oualja. La mer a également une dimension importante dans la région. Notamment avec la pêche et les algues. Jorf Lasfar est présenté comme le plus grand port minéralier du continent africain. Mais la zone industrielle actuellement en implantation représentera l'un des poumons économiques de notre Royaume.