C'est en plein centre du magnifique parc Mohamed V, qu'El Jadida, par le biais de sa délégation régionale de la culture et en partenariat avec la médiathèque Driss Tachfini, vient d'assister à l'organisation de la deuxième édition de son salon régional du livre. Un événement qui a eu le double mérite de combler le vide culturel dans la région, tout en réussissant à faire unanimité autour de lui, parmi petits, et grands. C'est donc un parc en fête, qui avait rendez-vous avec l'écrivain Michel Amengal, pour la présentation de son nouvel ouvrage Voyages en Doukkala, de l'antiquité à l'Indépendance. Un livre qui vient à peine de sortir des presses de la grande maison d'édition Afrique-Orient. Un livre qui relate l'histoire des explorations et de la découverte du Maroc par les occidentaux, au sein de laquelle, la région des Doukkala tient une place singulière. Une quinzaine de kilomètres seulement sépare ce royaume de l'Europe, et pourtant peu de voyageurs européens se sont aventurés au cœur du pays, et quand ils le firent, ce fut souvent par la ruse ou au péril de leur vie .Cette situation dura jusqu'aux portes du XXe siècle. Au début du siècle dernier, les deux tiers du Maroc étaient encore inexplorés, en ce début du XXIème siècle, les temps ont bien changé ! La région des Doukkala a cependant, depuis toujours, attiré la curiosité des étrangers. Ainsi avec voyages en Doukkala , de l'antiquité à l'indépendance , Michel Amengual présente une véritable anthologie de textes écrits par des occidentaux qui ont sillonné ce territoire depuis les temps les plus reculés où les phéniciens cherchaient à établir des comptoirs. C'est cependant à partir de XVIème siècle, que les Doukkala font leur entrée dans l'histoire, avec leur occupation par les portugais qui y construisent notamment Mazagao (Mazagan) : Cette citadelle devait être le bastion de chrétienté en terre d'Islam, mais les portugais doivent l'abandonner en 1769 sous les coups de boutoir des Marocains. Elle est aujourd'hui classée au Patrimoine mondial de l'humanité et visitée à nouveau par de nombreux touristes venus de tous pays. Mais le départ des Portugais n'a pas mis fin pour autant aux séjours d'étrangers dans la région, bien au contraire des explorateurs, des scientifiques, des médecins, des diplomates, des militaires, des écrivains se succèdent dans les plaines doukkalies, sur les rives de l'Oum Errabiâ ou les côtes atlantiques. Les textes sélectionnés dans ce livre offrent une foison de renseignements sur les compagnes et les cités traversées Mazagan/ El jadida, Azemmour. Moulay Abdallah, Boulaouane, Oualidia… Au fil des quelques quarante récits étalés sur plusieurs siècles, rapportés dans ce livre, on assiste aux mutations profondes qui ont bouleversé la région. Ces narrations permettent de mieux comprendre les Doukkala actuels, de retrouver l'emplacement de cités aujourd'hui abandonnées, des itinéraires oubliés, des coutumes disparues mais aussi ce qui fait l'orne spécifique, éternelle, des Doukkala. Des documents qu'il faut restituer dans leur contexte et que Michel Amengual souhaite voir juxtaposés et comparés à ceux de narrateurs arabes ayant sillonné les Doukkala aux mêmes époques. Tout un travail de recherches qui reste donc à faire. Et justement, ces Voyages en Doukkala nous y invitent fortement. Michel Amengual est un auteur qui a été pendant longtemps journaliste au sein de l'audiovisuel public français et a apporté son concours au développement des radios et télévisions d'Afrique francophone, tout comme il a initié le projet de création de la télévision palestinienne. En 1984, il a été nommé Directeur de l'Université Radiophonique et Télévisuelle Internationale (URTI ) à Paris, puis, en 1990, adjoint au Directeur des Relations internationales de France Télévision. Il a également participé à la création, au sein du festival de télévision de Monte-Carlo, et sous l'égide du Prince Albert de Monaco, du Grand Prix du Documentaire de Création et du Prix Jeune Télévision. A la chute du mur en Berlin, il a organisé, au siège de l'Unesco, la première grande rencontre internationale entre radios et télévisions de l'Est et de l'Ouest. Etabli au Maroc depuis 2001, il contribue, par ses écrits et ses actions, à la défense et à la promotion de patrimoine des Doukkala, la région où il réside, et a publié, en 2011, un fort beau livre sous le titre «El Jadida, Capitale des Doukkala ». Récemment, il est allé en Sardaigne pour présenter les Tazotas de Doukkala en particulier et celles du reste du pays en général, au Congrès International de Pierre Sèche, Là aussi il a réussi à assurer l'organisation du prochain congrès par la ville d'El Jadida.