La 76ème de l'Assemblée Générale de l'ONU a débuté à New York le mardi 21 Septembre 2021 par un discours du Secrétaire Général António Guterres. C'est lui qui a qualifié l'état du monde comme étant au bord du précipice. Pour étayer son argumentation il a cité les crises qui frappent actuellement le monde. En premier lieu, la pandémie du Covid-19 qui est née en Chine en Décembre 2019 et qui s'est propagée au monde entier. A ce jour, 219 millions de personnes ont été contaminées et on déplore 4,5 millions de décès. L'économie mondiale a connu une récession de 3,5% en 2020 qui a entraîné la faillite de plusieurs entreprises et la perte de millions d'emplois. Grâce à la mise au point de vaccins dans un délai très court, la croissance de l'économie mondiale va atteindre 5,5% en 2021. Malheureusement, la répartition des vaccins a été très inégalitaire entre les pays riches et les pays pauvres. C'est ainsi que seulement 10% de la population africaine est vaccinée à ce jour. Guterres propose la mise en œuvre d'un plan de vaccination mondial afin de combler le retard des pays défavorisés. La seconde crise est climatique et se manifeste par des températures caniculaires, une perte de la biodiversité, la pollution de l'air et de l'eau, ainsi que des espaces naturels. Le Secrétaire général de l'ONU a rappelé que pour limiter l'augmentation de la température à 1,5°, il faudrait une réduction de 45% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, alors que les scientifiques tallent plutôt pour une augmentation de 16% à la même date. Pour la lutte contre le changement climatique, l'OCDE indique qu'il manque 20 milliards de dollars pour les pays en développement. Mr Guterres propose d'imposer les émissions de carbone, arrêter les subventions aux combustibles fossiles, et interdire la construction de nouvelles centrales à charbon. La future conférence sur les changements climatiques qui aura lieu à Glasgow du 1er au 12 Novembre 2021 sera l'occasion de faire le point des engagements des pays signataires de l'Accord de Paris. La troisième crise qui sera abordée par l'Assemblée Générale de l'ONU sera consacrée aux conflits locaux. Mr Guterres propose une aide humanitaire à l'Afghanistan et la défense des droits humains dans ce pays notamment ceux des femmes. Il préconise la solution à deux Etats pour le conflit israélo-palestinien, l'institution d'un cessez-le-feu en Ethiopie, le retour de la démocratie à Myanmar, et le rétablissement de la sécurité au Sahel. Enfin la sortie de l'impasse à Haïti, Libye, Syrie et Yémen. Il regrette qu'il y ait encore dans certains pays la prise de pouvoir par la force, les clivages géopolitiques qui paralysent souvent le Conseil de sécurité de l'ONU, l'affrontement idéologique entre les deux grandes puissances les Etats-Unis et la Chine. Le monde se caractérise aussi par le fossé entre les riches et les pauvres aggravé par la pandémie du Covid-19. Alors que les économies avancées investissent prés de 28% de leur produit intérieur brut dans la reprise économique, les pays intermédiaires n'investissent que 6,5%, et les pays les moins avancés 1,8%. Guterres se réjouit de l'émission par le Fonds monétaire international de 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux, mais il propose qu'ils ne soient pas distribués sur la base du quota, mais en favorisant les pays qui ont le plus besoin. Il demande également que la suspension du service de la dette pour les pays en développement soit prolongée jusqu'en 2022. Le Secrétaire Général de l'ONU engage les pays membres de procéder à des réformes fiscales pour mettre fin à la fraude fiscale, le blanchissement d'argent et les flux financiers illicites. Il demande également à combler le fossé entre hommes et femmes afin de parvenir à la parité à tous les niveaux de la hiérarchie. Même demande pour la fracture numérique qui concerne la moitié de l'humanité et qu'il faut combler d'ici 2030. Enfin Mr Guterres met l'accent sur la jeunesse qui constitue actuellement 1,8 milliard de personnes dans le monde, qui doit bénéficier de la transformation de l'éducation afin de constituer un projet d'espoir pour l'avenir. En conclusion, le monde vit en cette année 2021 de nombreux problèmes dont les plus importants sont la sortie de la pandémie du Covid-19 et la lutte contre le changement climatique. A ces problèmes s'ajoute une crise morale qui met en cause les valeurs fondamentales : droits humains, dignité, égalité, justice, solidarité. Il est temps que les dirigeants du monde se ressaisissent en revenant au respect des valeurs fondamentales et en trouvant des solutions pratiques aptes à rétablir la stabilité, la confiance, et la prospérité. Par Jawad KERDOUDI Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)