Le Maroc est reconnu à l'échelle mondial par son potentiel démographique, culturel et géologique impressionnant. En 2014, le géoparc de M'Goun, situé dans la région de Tadla-Azilal, a obtenu le label « Global Geopark » décerné par l'UNESCO. Le Maroc est devenu ainsi le premier pays arabe et africain à intégrer le Réseau mondial des géoparcs qui compte aujourd'hui 169 territoires répartis dans 44 pays. Selon le Dr. Ali Aoulad Sidi Mhend, Professeur-chercheur à l'Institut Scientifique de Rabat de l'Université Mohammed V, le géoparc est défini par l'UNESCO comme étant un territoire possédant un patrimoine géologique d'intérêt international qui fait l'objet, avec les autres patrimoines de son territoire (patrimoine naturel, patrimoine culturel tangible et intangible) de stratégies de valorisation et qui met en place des politiques intégrées et innovantes de développement durable. Il porte la responsabilité de protéger, conserver et promouvoir les patrimoines. Les géoparcs se doivent aussi à atteindre les objectifs stratégiques à travers la stimulation de l'activité économique dans le cadre du développement durable. Parallèlement à la géoconservation, la création d'un développement économique et durable est l'un des piliers fondamentaux du développement d'un géoparc au sein du réseau mondial de géoparcs de l'UNESCO dit GGN (Global Geopark Network). Tous les géoparcs ont donc pour mission, avec l'aide de l'UNESCO, de favoriser un développement socio-économique durable sur les plans culturel et environnemental. « L'instauration d'une politique de labellisation des géoparcs par l'UNESCO aura un effet de levier conséquent pour le développement socio-économique du Maroc » rapporte Dr. Ali Aoulad Sidi Mhend. Selon lui, la mise en place des géoparcs encouragera la création d'entreprises locales innovantes, de petites entreprises, d'industries artisanales, la formation sur de nouveaux emplois génératrices de nouvelles sources de revenus (par exemple les géoproduits) et cela tout en protégeant les ressources naturelles géologique du géoparc. L'autre aspect important qui contribuera non seulement au développement socio-économique mais aussi au rayonnement du patrimoine marocain à l'International, et qui pourrait s'inscrire dans une stratégie d'influence dite de « Soft Power » est le géotourisme. C'est un terme générique pour décrire les nouvelles opportunités économiques, axées sur le succès et les nouvelles opportunités commerciales et touristiques dans un environnement économique durable impliquant une forte coopération multidisciplinaire entre les sciences de la terre, la géographie, l'archéologie, la biologie, l'économie, la gestion, le tourisme, l'environnement, l'agriculture, la sylviculture etc... Il s'agit d'une approche territoriale innovante, intelligente et holistique de développement économique durable dans laquelle les géoparcs ont un rôle particulier et de premier plan. Ce développement économique durable a un impact positif direct sur le territoire du géoparc en améliorant les conditions de vie des Hommes et l'environnement rural et urbain. Il renforce l'identification de la population avec son territoire et stimule la fierté et l'appartenance du lieu et le développement culturel, qui à son tour encouragent l'appréciation et la protection directe du patrimoine géologique. Plusieurs autres initiatives d'intégration de territoires au réseau des géoparcs sont en cours d'élaboration, notamment celui du Parc National de Talassemtane et la côte des Ghomara qui se trouvent au Nord du Maroc et font partie intégrante de la réserve de Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée (RBIM). « C'est un espace naturel inscrit sur la liste du patrimoine exceptionnel du Maroc et reconnu par l'UNESCO » déclare Dr. Ali Aoulad Sidi Mhend. Sur une étude de terrain qu'il a menée sur plusieurs années, réparties entre la recherche liée à une thèse sur le patrimoine géologique et celles de certaines études scientifiques, il a pu relever au niveau de ce Parc National un taux élevé de chômage et d'analphabétisme, l'absence de couverture médicale pour la quasi-totalité des femmes ainsi que des conditions sociales et économiques défavorables. Ces facteurs poussent la population, surtout les jeunes, vers des actions illégales, voire à l'immigration clandestine et à la dévalorisation des produits de terroir qui, malheureusement, n'assure pas une juste rémunération des producteurs et ne contribue pas au développement de leur activité et améliorer leur niveau de vie. Et c'est sur cette base de constats remarqués sur le terrain et dans une perspective de promouvoir et préserver la richesse du Parc de Talassemtane, que le Dr. Ali Aoulad Sidi Mhend a procédé à une réflexion profonde et a proposé un projet qui vise à intégrer le Parc de Talassemtane et la côte des Ghomara au réseau Européen des géoparcs qui constituent un modèle intéressant de développement durable. Ce projet pourrait contribuer à l'encouragement et au développement de l'intégration au réseau des géoparcs en mettant au centre d'intérêt l'humain et en se focalisant sur un certain nombre d'éléments comme la formation des jeunes de la région sur les bonnes pratiques économiques dans le milieu rural, une perspective pédagogique visant à promouvoir le développement d'une éducation plus adaptée à la réalité du territoire, une perspective environnementale, visant à préserver, restaurer et améliorer la qualité de l'environnement et une perspective économique visant à valoriser les produits de terroirs et la stimulation du géotourisme à travers un panel de nouveaux produits avec comme prérequis la coopération avec la communautés locale. L'intégration des territoires au réseau mondial des géoparcs et sa démarche de mettre le citoyen et l'humain en son centre est parfaitement aligné au Nouveau Modèle de Développement et représente une solution de développement réaliste et réalisable. Néanmoins, la présence d'affleurements géologiques impressionnants et d'importance internationale ne suffit pas à elle seule pour constituer un géoparc. Une condition préalable à l'approbation de toute proposition de géoparc est l'établissement d'un système de gestion efficace et d'un programme de mise en œuvre pour développer le territoire de manière durable. Pour la réussite d'un tel projet, il est nécessaire d'avoir un plan de gestion aligné aux besoins sociaux et économiques de la population locale et nécessite un travail en transversalité entre les différentes parties prenantes issues du monde politique, économique et sociétal, dirigées par un organe de gestion où le partenariat doit disposer d'une infrastructure de gestion efficace, d'un personnel qualifié adéquat et d'un soutien financier durable pour entreprendre sa mission de développement durable. Par Youssef Bennady Consultant Expert en Intelligence Economique- Cabinet Value Advisors