L'agence de notation Moody's a publié ce mardi 20 avril une note relative à la rentabilité des banques marocaines en 2020. L'agence estime que le coût du risque restera probablement élevé en 2021 mais inférieur à celui de 2020. Globalement et pour l'ensemble du secteur bancaire, la rentabilité a été mise à rude épreuve en 2020 en raison de l'augmentation des coûts de provisionnement en prévision de l'augmentation des créances en souffrance, de la baisse des volumes de transactions dans le cadre du confinement et de frais ponctuels liés aux dons au fonds spécial COVID-19, analyse Moody's Investors Service dans un rapport publié ce 20 avril 2021. Selon le rapport de Moody's, les quatre banques notées Attijariwafa bank (AWB, Ba1 négatif), Groupe Banque Centrale Populaire (GBCP, Ba1 négatif, b1), Bank of Africa – Groupe BMCE (BOA, Ba1 négatif, b1) et Crédit du Maroc (CDM, Ba1 stable, ba3), ont déclaré un bénéfice net global de 6,5 milliards de dirhams (0,7 milliard de dollars) en 2020, en baisse de 53% par rapport à 13,9 milliards de dirhams (1,4 milliard de dollars) en 2019. «La rentabilité finale restera sous pression à moyen terme», explique Mik Kabeya, analyste VPSenior chez Moody's et co-auteur du rapport. «Nous prévoyons que le revenu net d'intérêts augmentera de 3% à 5% en 2021 par rapport aux niveaux de 2020 alors que le revenu hors intérêts poursuivra sa lente reprise mais restera limité.», explique-t-on. Néanmoins, le coût du risque restera probablement élevé en 2021 mais inférieur à celui de 2020, les banques continuant à adopter une approche relativement prudente avant de revenir aux niveaux d'avant la pandémie en 2023. Moody's s'attend à un retour progressif à des niveaux de croissance normaux (environ 6% en glissement annuel) pour les banques marocaines, et à une reprise lente et régulière de la rentabilité, même si les niveaux de capital resteront modestes à moyen terme. Le système bancaire a connu un bon niveau de croissance des crédits au cours de l'année (3,9% en 2020 contre 5,3% en 2019) malgré des conditions de marchés difficiles, grâce à la contribution des prêts accordés dans le cadre de programmes de soutien tels que «Daman Oxygène» et «Damane Relance» lancés par le gouvernement marocain pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME). Associée à des taux inférieurs dans un contexte d'épargne de précaution plus élevée, la croissance du crédit a contribué à stabiliser le revenu net d'intérêts, compensant en partie la baisse des rendements des actifs. Le résultat d'exploitation combiné des quatre banques a augmenté de 5,3%, soutenu par une augmentation de leur revenu net d'intérêts combiné de 3,6% en glissement annuel. Les trois banques marocaines panafricaines ont profité de leurs positions géographiques diversifiées et de leur vaste gamme d'offres de produits nationaux, qui ont soutenu les revenus d'intérêts. Les confinements moins contraignants en Afrique subsaharienne ont atténué le choc de l'épidémie de coronavirus et ont entraîné une augmentation des volumes de crédit par rapport au Maroc. Au total, les banques notées ont déclaré une marge d'intérêts nette de 3,0% en 2020 sur une base consolidée, inchangée par rapport à 2019, en raison de rendements des actifs légèrement réduits (4,2% en 2020 contre 4,4% en 2019) compensés par un taux plus faible. (1,5% en 2020 contre 1,6% en 2019). Sur un autre registre, le rapport de Moody's note que les banques marocaines continuent d'avoir une capitalisation relativement modeste. L'ensemble du secteur a annoncé un ratio Tier 1 et un ratio de capital total de respectivement 10,1% et 13,1% en 2020, contre 10,4% et 13,3% en 2019, toujours au-dessus des minima réglementaires. La conversion des dividendes en actions et la croissance du crédit principalement axée sur les prêts garantis par l'Etat ont contribué à maintenir des ratios de capital globalement stables au cours de l'année. « Cependant, comme nous prévoyons un retour progressif à des niveaux de croissance normaux (environ 6% en glissement annuel) et une reprise lente et régulière de la rentabilité, nous prévoyons que les niveaux de capital resteront modestes à moyen terme », lit-on dans le rapport. L'intégralité du Rapport de Moody's sur le secteur bancaire marocain