La pandémie du Covid 19 née en Chine à Wuhan en Décembre 2019 s'est propagée dans le monde entier. La première vague qui a touché l'Afrique a été faible puisqu'elle n'a occasionné que 3,3 millions de contaminations et 82.000 décès. Cependant à partir de la fin 2020, le continent africain a subi une deuxième vague violente, et fait face à de nouveaux variants plus virulents. C'est le Nord et le Sud du continent qui ont été les plus touchés, avec un taux de létalité plus élevé que ce qui avait été observé depuis un an. Le nombre de cas de contaminations atteint maintenant les 4 millions et le nombre de morts dépasse les 108.000. Outre les mesures de prévention qui sont plus ou moins respectées par chaque pays africain, la grande question est désormais celle des vaccins. Tenant compte d'une population africaine de 1,2 milliard d'habitants, il faut 1,5 milliard de doses pour vacciner 60% de la population sur la base de 2 doses par vaccin, afin de parvenir à l'immunité collective. Or le Directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne cesse de dénoncer les inégalités d'accès aux vaccins contre le Covid 19. Il a déclaré le 22 Mars dernier « L'écart entre le nombre de vaccins administrés dans les pays riches et le nombre de vaccins administrés dans les pays pauvres se creuse et devient chaque jour plus grotesque. Certains pays font la course pour vacciner toute leur population alors que d'autres pays n'ont rien ». Cependant l'OMS n'est pas restée sans réagir devant cette situation et a été à l'origine de la création du COVAX (Covid 19 Vaccines Global Access) qui est une initiative ayant pour but d'assurer un accès équitable à la vaccination contre le Covid 19 dans 200 pays. Le dispositif COVAX doit permettre de distribuer d'ici la fin de l'année 2021 deux milliards de doses de vaccins, dont 1,3 milliard gratuitement aux 92 pays ayant une économie faible ou à moyen revenu. Il est prévu un quota de 600 millions de doses de vaccin à l'Afrique pour l'année 2021 pour vacciner aux moins 20% de population. De son côté, l'Union africaine a obtenu 270 millions de vaccins anti-Covid pour les pays membres qui n'ont pas les moyens de financer l'immunisation de leur population. Les vaccins seront fournis par les laboratoires Pfizer – BioNTech, AstraZeneca dont la production est en Inde, et Johnson&Johnson. Des accords pour aider les pays africains à financer l'achat de ces vaccins ont été conclus avec la banque panafricaine Afreximbank et la Banque mondiale. Au 14 Mars 2021, une vingtaine de pays africains ont commencé leur vaccination. Les vaccins utilisés sont le chinois Sinopharm, le suédo-britannique AstraZeneca, le russe Spoutnik V, et l'américain Moderna qui a été utilisé seulement par le Rwanda. La Chine est un important fournisseur de vaccins anti-covid 19 à l'Afrique soit sous forme de dons, soit sous forme de contrats de vente à prix préférentiel. C'est ainsi qu'elle a offert 200.000 doses au Sierra Leone et 100.000 à la Tunisie, et que son vaccin Sinopharm est utilisé par plusieurs pays africains, car il peut être stocké à une température entre 2° et 8°. L'Inde où est fabriqué AstraZeneca sous licence, a fait un don de 50.000 doses aux Seychelles et 100.000 à l'Ile Maurice, et a fourni d'autres pays africains dans le cadre du mécanisme COVAX. Enfin la Russie a livré son vaccin Spoutnik V à l'Algérie et à la Tunisie. Au niveau des réalisations, le Maroc se place largement en tête des pays africains, puisque au 25 Mars 2021 le cumul des personnes qui ont reçu une dose de vaccin est de 4,3 millions et ceux qui ont reçu deux doses est de 3 millions. En conclusion, l'Afrique a pris du retard dans la vaccination de sa population. Il est regrettable que les Etats-Unis et l'Europe n'ont pas apporté jusqu'à maintenant leur aide à la vaccination en Afrique. Pourtant le Président Macron avait proposé le 19 Février 2021 aux dirigeants du G7, l'envoi rapide de 13 millions de doses de vaccins à l'Afrique pour vacciner les 6,5 millions de soignants du continent. Il y a nécessité d'urgenter les livraisons des vaccins aux pays africains, afin d'éviter une catastrophe en cas de propagation rapide des variants et notamment le sud-africain. Il faut aussi vaincre la méfiance d'une partie de la population africaine afin qu'elle accepte la vaccination. A moyen terme, il y a lieu d'implanter en Afrique des usines de production de vaccins pour ne pas recourir systématiquement aux importations. Le Maroc a obtenu l'accord de la Chine pour la construction d'une usine de vaccins dans le Nord du Maroc pour approvisionner le marché local et l'Afrique. Il faut aussi demander la levée temporaire des droits de propriété intellectuelle sur les brevets de vaccins en cas de pandémie dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dirigée actuellement par une Africaine la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala. Par Jawad KERDOUDI Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)