A l'occasion de la Journée mondiale du climat, célébrée le 8 décembre 2020, l'AESVT-Maroc a organisé, en partenariat avec l'AMCDD, une visioconférence sous le thème « Action commune pour une adaptation aux changements climatiques : Bilan et perspectives du projet Mobilisation de la société civile pour renforcer le dialogue sur la résilience au changement climatique au Maroc et en Tunisie (MS3C) ». Le projet MS3C, cofinancé par l'AFD, est mis en œuvre dans le cadre d'un partenariat entre l'AESVT-Maroc, le WWF Nord Afrique et le WWF France. Cette journée exceptionnelle pour l'ensemble des citoyens et acteurs de l'environnement, du développement durable et du climat, s'est tenue 5 ans après les Accord de Paris. Aujourd'hui il est temps de faire le bilan des engagements nationaux et des engagements de la société civile en matière d'adaptation au changement climatique, l'adaptation étant primordiale en Afrique. Les résultats sont mitigés et ils ont été et seront encore aggravés par la crise sanitaire actuelle qui a des conséquences importantes sur notre système économique, financier et social, tout entier. O Ces questions intéressent de plus en plus, avec une participation croissante des associations marocaines dans ces domaines. La participation de la société civile est indispensable pour faire face aux défis du changement climatique. Il faut promouvoir les valeurs du travail ensemble, de l'engagement citoyen et de l'action de terrain à partir d'une vision claire et commune pour aller vers un changement des politiques publiques et la mise en œuvre de mesures efficaces. Le projet MS3C, que l'AESVT mène avec le Fonds mondiale pour la nature (WWF Nord Afrique et WWF France) est un projet de mobilisation de la société civile pour lequel 16 associations marocaines environnementales ont été identifiées et qui ont pu voir leurs capacités renforcées en vue de mener un dialogue constructif auprès des pouvoirs publics sur la résilience aux changements climatiques et pour la mise en place de mesures d'adaptation à travers le développement de projets de terrain. Cette visioconférence organisée à l'occasion de la Journée mondiale a connu la participation de plus de 50 membres de la société civile et fut l'occasion de présenter l'état d'avancement du projet MS3C et d'écouter les témoignages et recommandations des associations et experts concernés par la thématique. Après les discours d'ouverture de Ksiri Abderrahim, président de l'AESVT, et Saïd Chakri, coordinateur de la commission Climat de l'AMCDD, 3 spots de sensibilisation au changement climatique dans les thématiques de la Forêt, de l'Eau et du Littoral, produits dans le cadre du projet ont été projetés. Ensuite, le projet MS3C a été présenté ainsi que son état d'avancement après 2 ans et demi d'activités. Un accent a été mis sur les réalisations phares du projet : la mise en réseau avec l'adhésion des 16 OSC au réseau AMCDD et la création d'une commission Adaptation, l'élaboration de 6 recommandations à destination des acteurs institutionnels et la sélection et mise en œuvre de 5 projets de terrain. Pour finir, le coordinateur du projet MS3C en Tunisie, nous a également présenté l'expérience dans son pays. Concernant les recommandations, 2 recommandations par thématique, celles-ci ont élaboré de manière participative lors d'ateliers encadrés par des experts. Au niveau de la thématique de l'Eau, il a été constaté que le changement climatique a des conséquences néfastes sur les ressources naturelles et provoque notamment une raréfaction des ressources en eau sur le territoire. La situation est alarmante pour le Maroc, ce qui nécessite une transparence totale dans la gestion de cette ressource et une prise de conscience de l'ensemble des acteurs du pays. Une gestion participative de l'eau, donnant la place à la société civile, constitue une solution incontournable pour garantir le droit de tous à un accès à l'eau (ODD 6). Ainsi, les OSC ont défini deux recommandations : – Recommandation 1 : Renforcer les capacités institutionnelles de gouvernance des ressources en eau à travers l'amélioration du degré de transparence vis-à-vis des processus d'affectation et d'arbitrage de la ressource au niveau national et territorial entre les différentes catégories d'usage : les opérateurs économiques, les ménages et les écosystèmes naturels – Recommandation 2 : Créer et mettre en place des commissions régionales d'éducation et de sensibilisation aux impacts du CC sur les ressources en eau Ensuite, le LITTORAL subit également des dysfonctionnements majeurs, tels que l'érosion, la forte urbanisation, la dégradation de son couvert végétal, les évènements climatiques extrêmes, la surpêche ou encore l'extraction illégale du sable, qui ont un impact direct sur la biodiversité et les activités économiques qui en dépendent. Pour tenter de faire face à ces problématiques, les OSC ont élaboré deux recommandations en lien avec l'accès à l'information et la gouvernance du littoral : – Recommandation 1 : Renforcer la résilience et l'adaptation du littoral par une meilleure mise à disposition des informations pertinentes et efficaces sur les vulnérabilités climatiques et les mesures appropriées pour les atténuer – Recommandation 2 : Améliorer les capacités de gouvernance locale du littoral à travers la conception et la mise en œuvre d'urgence des schémas régionaux du littoral (SRL) de manière participative et intégrée en cohérence avec les orientations du plan national de la gestion intégrée du littoral (PNGIL) et du plan national d'adaptation au climat et ce avant fin 2020 Pour finir, la FORET au Maroc connaît de fortes perturbations liées entre autres au changement climatique ayant pour impact principal la perte du couvert forestier et de la biodiversité qu'elle abrite. C'est pourtant une ressource vitale pour le bien-être des populations et acteurs économiques de par les nombreux services écosystémiques qu'elle met à notre disposition à travers ses 9 millions d'hectares sur le territoire marocain. Dans un premier temps, il est important de revoir le cadre règlementaire qui date du protectorat et n'est donc plus adapté au contexte actuel, et ce en vue d'assurer une meilleure gouvernance. Il faut également favoriser la mise en œuvre de mesures et pratiques bénéfiques aux ressources forestières. Ainsi, les deux recommandations retenues sont les suivantes : – Recommandation 1 : Adapter le cadre réglementaire des forêts et des parcours datant du protectorat aux exigences du CC et aux besoins d'adaptation des communautés vulnérables tout en intégrant les critères d'approche genre et de participation inclusive – Recommandation 2 : Augmenter les projets d'adaptation et d'atténuation spécifiques aux forêts nationales dans le cadre des deux processus d'élaboration du Plan national d'adaptation et de révision de l'ambition de la NDC du Maroc. Ces 6 recommandations, élaborées par les OSC lors de tables rondes encadrées par des experts de chaque thématique, feront l'objet d'un plaidoyer dans les mois à venir. Pour ce faire, les OSC se sont de nouveau réunies en octobre 2020 pour déterminer un plan d'action précis, chapeautés par les commissions de l'AMCDD, afin d'assurer la mise en œuvre d'un plaidoyer fort qui garantira la prise en compte de ces recommandations par les pouvoirs publics. Ces actions seront renforcées par les projets de terrain qui ont été sélectionnés et financés dans le cadre du projet MS3C, et ayant pour objectif de tester des mesures d'adaptation directement sur le terrain. L'AESVT accompagne les associations dans le suivi et la mise en œuvre des activités. Voici les 5 projets de terrain qui ont été retenues et lancées en septembre 2020 pour une durée de 8 mois : * Développement de la pépinière AICHA pour la lutte contre la désertification, de l'association AICHA dans la région de Guelmim ; * Contribution à la protection des terres arables et à la conservation du sol en amont de la vallée d'Imilchil, de l'association AKHIAM ; * Plaidoyer pour la protection de l'environnement et du littoral (PEL) dans la province de Safi, de l'ASPFM ; * La rationalisation des eaux d'irrigation pour une amélioration de la productivité du jardin collectif de Tamsouqt à Fam El Hisn, de l'association TAGADIRT ; * Mon jardin agroforestier nourricier : Un levier potentiel d'intensification écologique, de l'association Terre & Humanisme Maroc dans la région de Marrakech. C'est un travail énorme qui a été construit en partenariat avec les OSC, le WWF et l'AFD, avec pour seul objectif de permettre à la société civile de lutter et s'adapter efficacement au changement climatique, avec l'appui du réseau AMCDD et par l'implication des acteurs publics. Une action commune reposant sur la coopération et la solidarité est indispensable pour obtenir des résultats convaincants. Dans cette période de remise en question de l'ensemble du système au niveau mondial impulsée par la crise actuelle, il faut prendre le virage et trouver la voie qui permettra d'atteindre les objectifs en termes de développement durable et d'adaptation au climat. Pour les 6 mois restants du projet, l'association compte redoubler d'efforts pour assurer le succès des activités restantes, à savoir un plaidoyer fort pour la prise en compte des recommandations, des projets de terrain montrant des résultats concrets et une mise en réseau durable des OSC pour assurer la continuité du projet après sa fin.