Le vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), Solomon Quaynor, a déclaré que la Banque s'intéressait à des projets industriels transformateurs dans les chaînes de valeur agricoles pour des produits réalisés en Afrique à des prix compétitifs. Le vice-président de la Banque africaine de développement, chargé du Secteur privé, des Infrastructures et de l'Industrialisation, Solomon Quaynor, a fait, le 8 octobre dernier, un vibrant plaidoyer en faveur des investissements à caractère stratégique en Afrique lors d'un webinaire avec des membres de l'Association des entreprises nordiques et africaines (NABA). Cette visioconférence a été organisée par le ministère norvégien des Affaires étrangères, la NABA (Nordic African Business Association), l'entreprise européenne basée à Oslo, Scatec Solar, et l'institution financière Africa Finance Corporation. Elle visait à mettre en lien les entreprises du nord de l'Europe avec le continent. Le « Sommet des entreprises nordiques et africaines » organisé consécutivement ces neuf dernières années à Oslo, en Norvège, a reçu plus de 3 000 invités et 300 intervenants venant de plus de 40 pays à ce jour. Solomon Quaynor, auquel s'est joint Paal Bjornestad, directeur exécutif de la Banque pour les pays nordiques, l'Irlande et l'Inde, s'est adressé par visioconférence à des représentants d'entreprises nordiques, du secteur public et du secteur privé. Le mandat de la Banque visant à stimuler le développement économique durable et les progrès sociaux sur le continent a permis de lever neuf milliards de dollars de prêts commerciaux à des conditions concessionnelles en 2019, a souligné Solomon Quaynor, avant une séance de questions-réponses. Ces prêts ont été affectés à la réalisation des priorités stratégiques de la Banque, les « High5 », à travers des activités transversales clés : intégration de la dimension genre, appui aux marchés fragiles et projets respectueux du climat. Au moins un quart des ressources a été dirigé vers le secteur privé. L'un des exemples de ces affectations est celui de la mine et du port de Boké en Guinée, présenté comme étant un projet « véritablement transformateur ». Ce projet, qui intègre des infrastructures destinées à une exploitation minière, auxquelles se sont ajoutées des infrastructures de transport connexes, a bénéficié d'un prêt de premier rang de la Banque africaine de développement d'un montant d'environ 100 millions de dollars, avec un délai de remboursement de quatorze ans, dont une période de grâce maximale de trois ans. Le projet devrait accroître de 400 millions de dollars le PIB de la Guinée et de 300 millions de dollars la balance commerciale du pays chaque année au cours de la phase opérationnelle. Plus de 4 000 emplois seront créés au cours de sa phase de construction, ainsi que 700 emplois permanents et 1 500 emplois temporaires au cours de sa phase opérationnelle. Les projets agro‐industriels pour lesquels la Banque sollicite l'appui de ses partenaires nordiques comprendront ceux à forte valeur ajoutée, et compétitifs, liés à des produits tels que le cacao, le coton ou l'élevage. Leur mise en œuvre devrait tirer parti de l'accord signé sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui va créer un vaste marché unique de 1,2 milliard de personnes. Ils ajouteront de la valeur et « permettront à la production africaine de participer davantage à ces chaînes de valeur et d'augmenter les emplois et les revenus du secteur privé et de l'économie africaine », a déclaré Solomon Quaynor. L'approche de l'Africa Finance Corporation et du groupe de sociétés Arise de A. P. Moller Capital, en partenariat avec Olam de Singapour, est une bonne illustration. Relever les défis aux projets de financement et de bancabilité Solomon Quaynor a rassuré les participants sur le fait que la question de la bancabilité est toujours prise en compte : elle comprend les risques liés au marché, à la rentabilité et à la trésorerie, l'absence d'un environnement propice à l'investissement, les évaluations d'impact environnemental et social (EIES) de qualité et les questions relatives à l'intégrité des promoteurs et des contractants. Certaines questions ont concerné la disponibilité des financements des projets cités pour les investisseurs, les financements commerciaux et la possibilité pour la Banque de financer des projets touristiques. La Banque apporte son soutien à « tous les projets qui favorisent le développement économique, mais nous avons décidé d'être sélectifs et de nous concentrer sur les domaines où nous détenons un avantage comparatif », a précisé Solomon Quaynor. La Banque est dorénavant plus sélective et cible de grands projets d'industrialisation transformatrice. « Nous appuyons également les institutions financières afin de soutenir indirectement de petits projets. Nous allons également faire davantage pour maximiser nos prêts directs en utilisant des garanties afin d'attirer d'autres investisseurs privés », a-t-il poursuivi. « Dans des domaines comme les énergies renouvelables hors réseau, nous apportons notre soutien à travers des plateformes comme le Fonds pour l'énergie durable en Afrique (SEFA). Il nous faut des projets bancables et des plans d'affaires crédibles, et nous devons nous assurer que les ESG (critères environnementaux, sociaux et gouvernementaux) et les travaux de conformité ont été réalisés », a conclu Quaynor.