En pleine crise sanitaire, économique et sociale, le Chef du gouvernement n'a pas trouvé mieux que de sortir le projet de loi sur la grève. Pis, il a raccourci le circuit de négociation en le soumettant directement au Parlement. La réaction de l'UMT ne s'est pas faite attendre. Précisions. En plein marasme économique, social et sanitaire, le gouvernement vient de faire un pas qui risque d'envenimer un climat social déjà tendu. Il vient de jeter de l'huile sur le feu en soumettant au parlement le projet de loi sur la grève qui sera présenté le 16 septembre à la Commission des secteurs sociaux en présence de Mohamed Amekraz, ministre du Travail. Sauf que la pilule n'est pas passée du côté des syndicats. L'Union marocaine du Travail vient de dénoncer cette démarche dans un communiqué publié juste après l'annonce de la présentation dudit projet. Le timing de la soumission n'est pas anodin. Le gouvernement profite-il de la crise sanitaire pour faire passer un dossier chaud qui traîne depuis plusieurs années ? Dans un climat tendu marqué par l'incertitude et le manque de visibilité, est-ce le bon moment pour sortir des tiroirs un dossier aussi sensible ? C'est du moins ce que revendique l'UMT qui affirme que le gouvernement veut profiter de la pandémie pour faire passer une loi contraignante et régressive en matière de droit de grève. Il n'en a pas fallu moins pour surchauffer le syndicat qui appelle ses troupes à la mobilisation. L'UMT reproche à l'Exécutif la non-consultation des syndicats avant la présentation du projet de loi au Parlement. « Ce qui constitue une violation grave de l'engagement du Chef du gouvernement à impliquer et à associer le mouvement syndical dans les négociations avant la présentation du projet de loi au Parlement », revendique l'UMT. Saad Dine El Otmani a-t-il cherché à raccourcir le processus de discussion du projet de loi ? S'est-il penché du côté du Patronat ? A-t-il eu des pressions pour boucler rapidement ce dossier ? Veut-il profiter de l'Etat d'urgence sanitaire pour éviter la réaction des syndicats ? Tout laisse à croire que l'Exécutif veut faire aboutir ce dossier le plus tôt possible. Et pour cause, la pandémie risque de faire de ravages notamment en matière de perte d'emploi, et par conséquent de détériorer davantage le climat social. Des milliers d'emplois sont sur la sellette dans une conjoncture peu certaine. Pour éviter tout dérapage, grève ou manifestation le gouvernement aurait choisi d'accélérer le processus d'adoption en brûlant les étapes contrairement à ce qui est prévu. L'UMT accuse directement le gouvernement de servir, une fois de plus, les intérêts du Patronat au détriment des droits des travailleurs. Le syndicat considère que cette démarche menace la paix sociale notamment dans cette conjoncture difficile marquée par une récession économique due à la pandémie. La hache de guerre que le Gouvernement, la CGEM et les Syndicats avaient enterrée en avril 2019 avec la signature de l'Accord social risque d'être déterrée. C'est un pas en arrière dans le respect d'un droit constitutionnel puisque ledit projet comporte des articles régressifs en matière de droit de grève. Venir du jour au lendemain menacer un accord social qui a pris des années pour aboutir, c'est se mettre le couteau sous la gorge. Pour l'UMT, il n'est pas question de céder. Le syndicat réfute catégoriquement cette démarche et appelle le gouvernement à retirer le projet de loi et de le remettre sur la table des négociations. Le Chef du gouvernement va-t-il céder ? En tout cas, l'UMT n'a pas tardé pour affûter ses armes afin de faire face à ce qu'elle considère comme une violation grave des droits des travailleurs et de la Constitution. « L'UMT est prête à faire face à ce projet à travers duquel l'Etat cherche à lier les mains des travailleurs en matière de droit de grève par toutes les formes de protestations », menace le mouvement syndical. Il semble que le gouvernement vient de réveiller le lion. Et pour cause, l'UMT a appelé toute la classe travailleuse de tous les secteurs à se mobiliser pour couper court à ce projet de loi restrictif.