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Vingt et une semaines de COVID-19 au Maroc : les raisons du classement en "Zone 2" de Tanger, Tetouan, Casablanca, Settat, Berrechid, Fes, Meknes et Marrakech.
Publié dans EcoActu le 27 - 07 - 2020

Comme d'habitude, les nouvelles données collectées sur la « deuxième vague » permettent de présenter de nouvelles simulations et prévisions pour les prochaines semaines. Les très mauvais chiffres (811 et 633 nouvelles contaminations) du samedi 25 et du dimanche 26/07 nous forcent à corriger non seulement notre optimisme mesuré de la semaine dernière mais aussi les simulations qui étaient faites. Au regard de ces dernières, cette semaine du 19/07 au 26/07 apparaît, pour l'instant du moins, comme la période de pointe (à confirmer) de la « deuxième vague » de contamination. Il n'est pas encore exclu que nous soyons en face de fluctuations au niveau du plateau du nombre de contaminés de cette « deuxième vague » auquel cas il faut espérer que des retrouvailles de l'Aïd viennent changer les règles du jeu actuelles.
Il n'empêche qu'identifier et tester les contacts de quelques dizaines de contaminés par jour est une chose alors que le faire pour des centaines nécessite des ressources décuplées : on ne nous a pas encore dit pas si on les a. Leur concentration pose aussi problème puisque 4 Régions cumulent 91.6% des contaminations de la semaine du 19 au 26/07 et sont sans doute à l'origine du reclassement en zone rouge des 8 Provinces les plus peuplées et contaminées de ces quatre Régions : Tanger, Tetouan, Casablanca, Settat, Berrechid, Fes, Meknes et Marrakech. Les marocains ne sont pas des bêtes que l'on enferme sans explication : pourquoi ne nous a-t-on pas, tout simplement, justifié ce reclassement ?
Toutes les données ont été quotidiennement mises à jour auprès du site du Ministère de la Santé du Maroc[1].
LES TESTS ET LEURS RESULTATS
Détails de l'actualité hebdomadaire
Depuis neuf semaines maintenant, le Maroc teste beaucoup plus que les « fortement suspects« . Maintenant, on parle aussi de « tests d'anticipation » qui se font dans les milieux professionnels en plus des « tests précoces » pour les personnes suspectes : rares symptomatiques ou contacts des personnes contaminées (c'est d'ailleurs parmi ces contacts qu'on a détecté 87% des 1'444 des cas des 25 et 26/07). Ceci dit, même la définition des cas « fortement suspects » avait changé depuis la semaine du 18/05 puisqu'on a pu quasiment y doubler le nombre de tests hebdomadaires.
Le Directeur de l'Epidémiologie au Ministère de la Santé avait évoqué un programme visant à atteindre 1,8 millions de tests qui toucheraient donc 5% de la population, sans doute vers fin Août – début Septembre 2020 (nous sommes à 3,2% comme nous le verrons plus bas). L'évolution des tests réalisés chaque semaine (bleu clair) ainsi que celle de leur total (bleu roi) sont montrées en Figure 1 (l'échelle est logarithmique de sorte que chaque carreau représente une multiplication par dix).
De début juin à début juillet, le nombre de nouveaux tests hebdomadaires se tenait entre 100 et 120'000 par semaine mais la cadence s'est accélérée depuis le 13/07 à plus de 130'000 par semaine en atteignant un total atteignant 1'147'173 le 26/07. Nous saluons de nouveau les performances hebdomadaires réalisées qui représentent un réel effort de la part de tous les acteurs qui permettent d'identifier, parfois d'appréhender, de prélever et de tester les personnes concernées.
Figure 1 Evolution hebdomadaire du nombre de tests
Le graphique de gauche de la Figure 2 montre l'évolution du nombre de tests et de leurs résultats alors que le graphique de droite en montre la structure. La courbe bleue se rapportant à l'échelle de droite du graphique de droite montre l'évolution de la part de la population marocaine testée qui, après avoir dépassé 1% le mercredi 03/06, s'approche de 3.2% ce dimanche 26/07. Nous n'adhérons pas du tout au principe de l'autruche qui consisterait à « faire moins de tests pour faire baisser le nombre de cas » (D. Trump), bien au contraire, plus on testera, plus on isolera de porteurs susceptibles de contaminer leurs contacts.
Figure 2 Evolution du nombre de tests et de leurs résultats
Simulations et prévisions de la « deuxième vague » avec maintien des conditions actuelles
Jugeant déraisonnable de simuler directement le nombre de cas positifs dès lors que la cadence des tests avait augmenté aussi vite qu'indiqué par la Figure 1, nous avons indiqué avoir changé la méthode de prévision dans le rapport de la quinzième semaine[2]. Ainsi, nous avions appliqué la « fonction Gamma » (qui permet de traiter des cinétiques différentes en montée et en descente de l'infection) au taux de positivité quotidien, c'est-à-dire au pourcentage des tests ayant donné un résultat positif, et non plus directement au nombre de cas positifs. Jusqu'à présent, nous ne l'avions adopté que pour la « première vague » mais nous avons ajouté une deuxième « fonction Gamma » pour décrire la « deuxième vague »[3].
La simulation ainsi du taux de positivité par les deux « fonctions Gamma » (courbe rouge) est confrontée aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 3 qui révèle les aspects journalier (à gauche) et hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le taux de positivité global alors que la courbe bleue en montre la simulation.
Figure 3 Taux de positivité : Journalier à gauche en échelle normale (bleu) et log (rouge) et hebdomadaire à droite en échelle log
La représentation logarithmique permet de voir que, jusque vers le 14 ou 15 juin (« première vague »), la méthode de simulation adoptée était aussi satisfaisante aux grandes valeurs (entre 20 et 30%), qui prévalaient au début de l'épidémie, qu'aux très faibles valeurs de taux de positivité (inférieures à 1%), qui ont été relevées depuis l'accélération de la cadence de test entre 25 mai et le 13 juin. Dans le graphique de droite, le traitement hebdomadaire permet de lisser les oscillations journalières et de mieux apprécier la qualité de la méthode de simulation durant « première vague ». Force est de constater la zone mise en évidence par une ellipse qu'il faut bien désigner par « deuxième vague ». Le taux de positivité hebdomadaire a légèrement baissé de 1,92% à 1,35% les deux dernières semaines.
Suite à l'ajout de la 2ème « fonction Gamma » au taux de positivité, il a fallu aussi ajouter une 2ème « fonction Gamma » pour décrire les décès ainsi qu'une 2ème « fonction de Gauss » pour décrire les rétablissements. La Figure 4 permet de voir l'accord satisfaisant entre les valeurs simulées et les valeurs réelles. L'extrapolation des simulations d'aujourd'hui mèneraient à terme près de 19'000 contaminations et 300 décès ainsi qu'à un nombre de cas actifs en dessous de 500 (minimum atteint en début juin) dès la première semaine d'Août.
Figure 4 Valeurs réelles et simulations : contaminations, rétablissements, cas actifs (x4) et décès (échelle rouge à droite)
Il nous semble important de noter que, bien que le saut du taux de positivité de la « deuxième vague » soit beaucoup plus petit (près de dix fois moins) que celui de la « première vague » (graphique de gauche de la Figure 3), le saut du nombre de cas de la « deuxième vague » sera équivalent à celui de la « première vague » (graphique de gauche de la Figure 4), à cause d'un nombre de tests beaucoup plus important pendant la « deuxième vague ».
Des évolutions journalières de la Figure 4, on peut déduire les graphiques des nombres hebdomadaires de nouveaux cas et de cas actifs qui sont montrés dans la Figure 5 et qui confirment clairement l'existence des « deux vagues » encore plus clairement que la positivité du graphique de droite de la Figure 3.
Figure 5 Nombres hebdomadaires réels et estimés de contaminés (vert), et de cas actifs (orange).
Le graphique de gauche de la Figure 6 montre la carte de répartition géographique des cas sur les différentes Régions du Maroc alors que le graphique de droite montre leur classement en termes de contamination. Les couleurs des points de la carte indiquent le nombre de cas par million d'habitants alors que les chiffres entre parenthèses y indiquent les nouveaux cas hebdomadaires.
Figure 6 Répartition régionale (gauche) et classement (droite) des cas positifs au COVID-19 au Maroc
Alors que le graphique de droite montre un classement des Régions par le nombre total de contaminations, le graphique inséré dans la carte de gauche de la Figure 6 montre le classement de l'impact de ces contaminations sur les différentes Régions du Maroc. La population 2020 de chacune des 12 Régions du Maroc a été prise dans un document du HCP[4] se basant sur une prévision au départ des données du recensement de 2014.
La semaine du 19 au 26/07, les Régions où le nombre de cas s'est accru substantiellement sont : Tanger-Tetouan-Al Hoceïma (+1'216), Casablanca-Settat (+854), Fès-Meknes (+478) et Marrakech-Safi (+239). Ces 4 dernières Régions cumulent 91.6% des contaminations de la dernière semaine et sont sans doute à l'origine du reclassement en zone rouge, à la veille de Aïd El Adha, des 8 Provinces les plus peuplées et contaminées de ces quatre Régions : Tanger, Tetouan, Casablanca, Settat, Berrechid, Fes, Meknes et Marrakech. En chiffres cumulés, celles-ci se trouvent aussi être dans des Régions impactées à plus de 600 cas par million d'habitants. En cette veille de fêtes, une explication aurait rendu la décision plus acceptable par la population mais alors pourquoi ne nous a-t-on pas justifié ce reclassement ?
Le graphique de gauche de la Figure 7 montre l'évolution dans le temps des cas positifs dans les différentes Régions alors que le graphique de droite montre l'évolution du pourcentage de chaque Région.
Figure 7 Evolution du nombre de cas par Région (gauche) et de celle de sa structure (droite)
Le graphique de gauche de la Figure 7 montre qu'en fait le nombre de positifs de plusieurs Régions a connu des « sauts » dus à la découverte de foyers épidémiques : Darâa-Tafilalet aux 20-26 avril, Guelmim-Oued Noun aux 22-26 avril, Rabat-Salé-Kénitra aux 03-13 mai et 18-20 juin, Laâyoune-Sakia El Hamra les 20-26 juin, Tanger-Assila les 23-26 juin. Il est vrai que certains ont influencé significativement le taux de positivité national, même si le saut du nombre de contaminations le plus spectaculaire a été celui Laâyoune-Sakia El Hamra.
Les « méga-foyers » de cette « deuxième vague » semblent être, eux-mêmes, significativement circonscrits puisque 87% des derniers cas proviennent maintenant des contacts des contaminés et non des dépistages précoces en entreprise. Rien n'indique encore que nous soyons à l'abri compte tenu de la durée d'incubation du virus et de la difficulté à identifier les personnes qui auraient pu être infectées par les personnes détectées ces derniers jours. Identifier et tester les contacts de quelques dizaines de contaminés par jour est une chose alors que le faire pour des centaines nécessite des ressources décuplées : on ne sait pas si on les a.
Le graphique de droite de la Figure 7 montre que depuis début mai, la moitié des Régions concentrent la quasi-totalité (plus de 90%) des cas positifs : Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Marrakech-Safi, Rabat-Salé-Kénitra, Fès-Meknès et Darâa-Tafilalet. Quant aux Régions de Darâa-Tafilalet, Souss-Massa, l'Oriental et Dakhla-Oued Ed-Dahab, elles n'ont déclaré que quelques rares cas parfaitement isolés. Ainsi donc, l'essentiel de ce qui se produit actuellement au Maroc se joue dans les 5 Régions de Casablanca, Tanger, Marrakech, Rabat et Fès-Meknès.
LA SITUATION DES CAS TESTES POSITIFS
Détails de l'actualité hebdomadaire
La Figure 8 montre l'évolution hebdomadaire du nombre de tests positifs, de décès de personnes infectées, de patients rétablis et de ceux en soin (les nouveaux dans le graphique de gauche et leur cumul à droite).
Figure 8 Evolution hebdomadaire des testés positifs et de leur devenir (nouveaux cas à gauche et cumul leur à droite)
Il se confirme 3'042 nouveaux cas face aux 1'491 de la semaine précédente. Le nombre de personnes en soin a lui aussi augmenté de +1'487 face à -1'110 la semaine précédente, remettant une pression inégalée sur les soignants et leurs infrastructures. Même lorsque le nombre de cas actifs avait dépassé la capacité d'accueil en lits mis en service pour COVID-19 (3'000) entre le 20/4 et le 17/5[5] puis entre le 22/6 et le 12/7, la très large majorité des personnes infectées étaient asymptomatiques et ne nécessitent qu'un isolement sans hospitalisation : initialement 70 à 80% des cas selon les déclarations du Directeur de l'Epidémiologie au Ministère de la Santé et sans doute autour de 95% depuis l'accélération des tests. Ceci fait que la capacité du Maroc en lits dédiés n'a jamais été saturée, loin de là, et que nos médecins n'ont encore jamais été mis devant le difficile choix de priorité des patients à mettre en soins intensifs.
La Figure 9 montre quelques pourcentages qui méritent commentaire.
Figure 9 Evolution hebdomadaire et journalière de quelques pourcentages intéressants
Le graphique de droite de la Figure 9 montre qu'en correspondance avec la nouvelle croissance du taux des cas actifs durant la dernière semaine (cercles oranges), il y légère décroissance du pourcentage des rétablis (triangles violets).
Au stade actuel, la Figure 9 combinée aux autres informations enseignent les choses suivantes :
* Les statistiques actuelles indiquent que les porteurs de COVID-19 du Maroc ont 1.54% de chance d'en mourir, en moyenne et abstraction faite de toute faiblesse qui causerait une aggravation de ce risque. Ce taux de décès de tous les testés positifs décroît de façon lente mais monotone depuis le 12 avril même à l'échelle journalière, comme montré par la courbe rouge du graphique de droite de la Figure 9.
* Dès lors qu'il y a suffisamment de critères que les protocoles hospitaliers ou les accords de test considèrent un individu comme étant « suspect à tester » (pour entourage ou pour symptômes), il y a :
o environ 1.77% de chance d'être porteur de COVID-19, chiffre qui semble remonter légèrement après s'être stabilisé mais, après avoir été ralenti par la « deuxième vague », son évolution devrait de nouveau décroître plus tard comme montré par la courbe verte dans le graphique de droite de la Figure 9,
o environ 0.027 % de chance d'en mourir, ce chiffre a, lui aussi, une tendance à baisser depuis la première semaine d'avril (de 1.44 à 0.027% stable depuis deux semaines). Cette baisse de la mortalité ne peut être due qu'au succès des protocoles de soin adoptés au Maroc.
Selon nos dernières estimations la courbe verte dans le graphique de droite de la Figure 9 devrait converger vers 1.68% si le nombre de tests est extrapolé à l'infini, ce qui indique que, testés ou non, symptomatiques ou pas, près de 596'000 habitants auront été contaminés d'ici là.
Tout en ayant un nombre de tests journaliers élevé, le pourcentage des personnes testées positives chaque jour a une tendance baissière depuis fin mars, comme montré par la courbe bleue du graphique de gauche de la Figure 10 (l'échelle bleue de gauche est logarithmique de sorte que chaque carreau correspond à une multiplication par 10). Comment atteindre zéro infection ? – Cherchons la réponse dans les propos du Pr. Didier Raoult qui, courbe en main, a dit : « La courbe [de contamination] est une courbe en cloche… les épidémies commencent, s'accélèrent, culminent, diminuent puis disparaissent sans qu'on sache pourquoi« .
Il faut interpréter ce que ceci signifie dans la bouche de quelqu'un qui a vu plus de nombreuses courbes de contamination épidémique. « Ne pas savoir pourquoi elles disparaissent » traduit l'incompatibilité entre les théories mathématiques pour qui, en fin de parcours, les « courbes en cloche » diminuent progressivement sans jamais s'annuler alors que les courbes de contamination réelles subissent bien un jour une dégringolade « chaotique » à zéro puisque les épidémies par s'arrêtent dès lors que les derniers porteurs n'ont pu communiquer le virus à un hôte non-immunisé.
Figure 10 Montée du nombre de tests et baisse du taux de positivité (à gauche) – Evolution du taux de reproduction (à droite)
Le graphique de droite de la Figure 10 montre le taux de progression de l'infection. Toutefois, il faut bien se méfier de ce taux de progression car l'Encyclopédie Wikipédia[6] en dit que : « La relation entre le taux de reproduction et le seuil d'immunité collective repose sur un calcul qui n'est valide que dans une population bien mélangée. En revanche, les relations au sein de populations importantes sont mieux décrites par des 'clusters', dans lesquels la maladie ne peut se transmettre qu'entre pairs et voisins.«
Evolution globale
Le graphique de gauche de la Figure 11 montre l'évolution historique du nombre de porteurs de COVID-19 et de leur segmentation en décès, rétablis et actifs (en cours de soin) alors que le graphique de droite montre l'évolution de la segmentation des ces testés positifs. La courbe blanche du graphique de droite montre aussi l'évolution du pourcentage des tests positifs (échelle de droite).
Figure 11 Evolution historique et prospective des testés positifs et de leur devenir
Avant cette « deuxième vague », nos prévisions nous portaient à croire que l'on cumulerait environ à 8'964 cas de contamination (7'831 selon un rapport du HCP[7]) alors que nous en sommes déjà à 20'278 avec les chiffres des 6 dernières semaines et nous serions sans doute à même de dépasser 22'500 cas à terme, ajoutant plus 14'000 cas additionnels dus à des foyers qui auraient pu être circonscrits plus tôt si on avait anticipé l'accélération de la cadence des tests.
Dans notre premier rapport hebdomadaire de début avril, nous rappelions déjà qu'« une hirondelle ne fait pas le printemps » et les évolutions relatives des autres pays nous enseignent que l'on peut même avoir un taux de reproduction en-dessous de l'unité tout en ayant encore des centaines ou même des milliers de nouveaux cas par jour qui pourraient faire repartir l'épidémie en cas de relâchement. Même si les taux de positivité sont sans doute suffisamment bas pour, à mon humble avis, reprendre sérieusement l'activité économique et laisser les gens retourner gagner leur vie le plus normalement possible, il est nécessaire de faire ce qu'il faut pour « vivre avec ce virus ».
Il faut aussi montrer un minimum de visibilité aux entrepreneurs pour permettre aux gens de gagner leur vie ! La vie humaine n'a certes pas de prix, mais elle a un coût dont les composantes humaines commencent à devenir insupportables ! Espérons aussi que toute la lumière sera faite sur les affaires de « méga-clusters » du Gharb et de Safi et que tous les responsables seront jugés et sévèrement punis au moins pour mise en danger volontaire de la vie d'autrui. L'enquête qui été confiée à la Direction Centrale de la Gendarmerie Royale a déjà abouti à des mises en examen et il faudrait mettre les mis en cause en détention préventive pour les empêcher de « liquider » leur biens et se mettre préventivement en situation d'insolvabilité.
Doit-on rappeler qu'on peut être porteur asymptomatique du COVID-19 (sans aucun symptôme) et le transmettre à toutes les personnes approchées sans précautions, or, à l'instar de beaucoup d'autres pays, le Maroc n'a aucune connaissance du nombre réel de personnes infectées.
Les bons chiffres de certaines semaines n'étaient là que parce le confinement avait fortement ralenti la transmission du virus. Les chercheurs nous répètent que la peau de ce virus est faite d'une huile qui est diluée par les savons, qu'il se transmet à la bouche, au nez et aux yeux par la salive ou les postillons qui, sans projection (toux), se projettent à moins d'un mètre tout en sachant qu'il ne dure pas plus de quelques heures sur une surface inerte.
En comprenant bien ceci, on saura ce qu'il reste à faire si l'on veut éviter de s'exposer et surtout exposer autrui au risque de mortalité. Maintenant, « sortir du hammam (du confinement) n'est pas aussi simple que d'y rentrer » dit le dicton marocain mais on est en train de trouver un moyen de nous en sortir puisque le proverbe ne dit pas que c'est impossible ! Mais pourquoi n'a-t-on pas accéléré les tests quelques semaines plus tôt ? Sans doute aurions-nous pu dépister ceux qui ont infecté ceux que nous détectons actuellement.
Dans le concert des Nations, les chiffres marocains sont souvent à la traîne et nous voudrions ne pas changer nos habitudes en nous en sortant avec de faibles cas de contamination et de décès par million d'habitant. Ainsi, nous pourrons pour une fois, une fois seulement, paraphraser Jacques Brel : « Être une heure, rien qu'une heure durant, Beau, beau, beau et con à la fois!«
Par Amin BENNOUNA [email protected]
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc,
http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx
[2] Amin BENNOUNA, "Quinze semaines de COVID-19 au Maroc", EcoActu, 14 Juin 2020,
https://www.ecoactu.ma/covid-6/
[3] Amin BENNOUNA, "Vingt semaines de COVID-19 au Maroc", EcoActu, 19 Juillet 2020,
Vingt semaines de Covid-19 au Maroc : nouvelles simulations et prévisions de la "deuxième vague" de l'épidémie
[4] Haut Commissariat au Plan, "Projections de la population des régions et des provinces 2014-2030", https://www.hcp.ma/region-drta/attachment/861124/
[5] Amin BENNOUNA, "Sept semaines de COVID-19 au Maroc", EcoActu, 20 Avril 2020,
https://www.ecoactu.ma/sept-semaines-de-covid-19/
[6] Les taux communément indiqués pour atteindre une immunité collective (ou grégaire) dépassent allégrement les 50%, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Immunit%C3%A9_gr%C3%A9gaire
[7] Haut Commissariat au Plan, "Pandémie COVID19 dans le contexte national", 9 Mai 2020,
https://www.hcp.ma/Pandemie-COVID-19-dans-le-contexte-national-Situation-et-scenarios_a2504.html


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