L'Organisation internationale du Travail (OIT) a actualisé, ce mardi 7 avril, les données sur les effets de la Covid-19 sur les travailleurs. Dans la deuxième édition de son rapport, elle pousse un cri d'alarme sur les conséquences dévastatrices de la pandémie sur les travailleurs si des mesures ne sont pas prises à temps. 81 % des travailleurs (3,3 milliards de personnes) dans le monde subissent de plein fouet les effets de la Covid-19 qui a causé l'arrêt total ou partiel de certains lieux de travail. «Les travailleurs et les entreprises traversent une catastrophe, aussi bien dans les économies développées que dans les économies en développement», a déclaré le Directeur général de l'OIT, Guy Ryder. «Nous devons agir vite, ensemble et avec détermination. De bonnes mesures d'urgence peuvent faire la différence entre survie et effondrement.». La pandémie a balayé en quelques semaines 6,7 % des heures de travail dans le monde au cours du deuxième trimestre de 2020 – soit 195 millions d'équivalents temps plein. ce taux passe à 8,1 % dans les Etats arabes, soit le taux le plus élevé par rapport au reste du monde (7,8% en Europe, 7,2 % en Asie...). Guère mieux en Afrique, où certaines régions ont des niveaux d'informalité supérieurs, conjuguant manque de protection sociale, forte densité de population et faibles capacités, qui posent de graves problèmes sanitaires et économiques aux gouvernements, avertit le rapport. Ce sont les travailleurs des services d'hôtellerie et de restauration, de l'industrie manufacturière, du commerce de détail et des activités commerciales et administratives, qui subiraient le plus l'impact de la Covid-19. En effet, le Bureau International du Travail estime que 1,25 milliard de travailleurs représentant près de 38 pour cent de la main-d'œuvre mondiale sont employés dans des secteurs qui doivent faire face actuellement à une baisse sévère de la production et à un risque élevé de déplacement des effectifs. D'ailleurs la deuxième édition de l'Observatoire de l'OIT décrit la Covid-19 comme «la pire crise mondiale depuis la Deuxième Guerre mondiale». La hausse finale du chômage mondial pour l'année 2020 dépendra pour beaucoup de l'évolution de la situation et des mesures adoptées. Il est fort probable que les chiffres de fin d'année soient nettement plus élevés que la projection initiale de l'OIT qui était de 25 millions. Pour éviter la catastrophe... Selon le rapport, il y a besoin de mesures intégrées, à grande échelle, s'articulant autour de quatre piliers: soutien aux entreprises, à l'emploi et aux revenus; relance de l'économie et de l'emploi; protection des travailleurs sur leur lieu de travail; et recours au dialogue social entre gouvernement, travailleurs et employeurs pour trouver des solutions. «C'est la plus grande épreuve pour la coopération internationale en plus de 75 ans», a déclaré Guy Ryder. «Si un pays s'écroule, alors nous nous écroulerons tous. Nous devons trouver des solutions qui aident tous les segments de notre société globale, en particulier ceux qui sont les plus vulnérables ou les moins à même de se prendre en charge.» «Les choix que nous opérons aujourd'hui auront une influence directe sur le déroulement de cette crise et la vie de milliards de personnes», a-t-il ajouté. «En prenant les bonnes mesures, nous pouvons limiter son impact et les séquelles qu'elle laissera. Nous devons avoir pour ambition de reconstruire en mieux afin que nos nouveaux systèmes soient plus sûrs, plus équitables et plus durables que ceux qui ont permis à cette crise de se produire.» Le rapport conclut que les événements que nous vivons sont si rapides et d'une telle envergure qu'ils amènent en terrain inconnu aussi bien pour évaluer les conséquences si nombreuses sur l'économie et sur le marché du travail que pour prévoir la durée et la gravité du choc. Les perspectives actuelles se caractérisent par une très grande incertitude à la fois sur l'ampleur de la secousse que l'on enregistre actuellement dans le domaine économique, sur la durée de ce choc ainsi que sur les conséquences à long terme sur les entreprises et sur les prévisions en matière d'emploi. C'est la raison pour laquelle il est indispensable pour les gouvernements d'observer la situation en temps réel en adaptant leur réponse. Lire également : Covid-19 : l'OIT alerte sur la pénurie de personnel de santé