.ma dévoile en exclusivité les premiers résultats de l'enquête sur les risques de la pandémie Covid-19 menée par la Confédération Marocaine de TPE-PME auprès d'un échantillon d'entreprises pour prendre le pouls d'une frange très vulnérable et fragile aux facteurs exogènes. Le Covid-19 continue de faire des milliers de victimes à travers le monde. Mais pas seulement. Cette crise sanitaire est également responsable de l'hémorragie économique mondiale qui est entrée en récession. Le Maroc n'étant pas épargné des conséquences économiques de la pandémie. Bien que des mesures aient été prises pour alléger les entreprises et pour absorber, tant soit peu, le choc de la crise sur les ménages, force est de constater que le plus dur reste à venir. Les chiffres provisoires annoncés récemment par le ministère des Finances font état d'une situation alarmante avec 134.000 entreprises ayant déclaré être en difficulté et plus de 810.000 employés affiliés à la CNSS déclarés en arrêt temporaire. Les plus touchés sont sans doute les entreprises opérant dans les secteurs les plus impactés mais également celles les plus vulnérables aux facteurs exogènes. C'est le cas des TPE et PME qui depuis des années rament à contre courant pour survivre et sortir la tête de l'eau. Pour avoir une idée plus précise de la situation de cette frange qui constitue 95% du tissu économique, la Confédération Marocaine de TPE-PME a mené une enquête, entre le 18 mars et le 6 avril 2020, auprès des TPE (y compris Auto Employeurs), des PME et des Coopératives. Les premiers résultats de cette enquête, révélés en exclusivité à EcoActu.ma, donnent froid dans le dos. Il ressort clairement que cette pandémie est un nouveau fardeau qui se rajoute à la liste des maux dont souffre cette catégorie du tissu économique très fragile pour ne citer que le retard flagrant des délais de paiement, les charges sociales et fiscales, le manque de liquidités ... A noter que cette étude a été menée sur un échantillon de plus 1080 (jusqu'au 6 avril 2020) entreprises identifiées de façon aléatoire de différentes tailles représentant les différents secteurs d'activité dans les différentes régions du Royaume. Il ressort des premiers résultats que les structures les plus impactées par cette crise sanitaire et par l'état d'urgence sont les TPE (y compris les auto-entrepreneurs) suivies des PME et des coopératives avec respectivement 90%, 8% et 2%. Il ressort de l'enquête que la capacité financière assez restreinte de cette catégorie en est la principale cause de cette situation. « Avec des fonds de roulement très limités, des délais de paiement (privé et public) beaucoup plus longs, un recours au financement bancaire plus compliqué..., cette catégorie aura du mal à résister », précise la Confédération. Le risque de faille des entreprises est beaucoup plus élevé. Les conséquences sur l'économie ne sont pas à négliger puisque cette catégorie représente 95% du tissu économique marocain et peuvent entraîner une stagflation de l'économie marocaine. Impact par secteur d'activité L'étude a été menée auprès de dix secteurs d'activité notamment l'industrie, le BTP, le tourisme, l'artisanat, l'éducation, les services, la communication et l'événementiel, l'agroalimentaire, le transport et logistique ainsi que le commerce et distribution. En tête de liste des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire, ceux des services aux entreprises et du commerce avec respectivement 21.9% et 20.6% de l'échantillon. Ils sont suivis par le secteur de l'industrie, du BTP, de la communication et l'événementiel, l'agriculture, le tourisme et l'artisanat avec respectivement 13,5% ; 12,7% ; 10,5% ; 5,7% ; 5,2% et 4,3%. Conclusion, l'effet de la pandémie a pu atteindre tous les secteurs d'activité sans exception. Les petites structures avec des petits fonds de roulement sont les plus touchées et ne pourront pas gérer cette crise pour une longue durée. Le commerce, les services et le BTP sont les secteurs les plus touchés et c'est tout à fait normal, puisqu'une grande partie des entreprises se retrouvent en arrêt total d'activité. Ce qui n'est pas sans conséquence sur les relations client-fournisseur, banque-client, fournisseur-client et sur les loyers de ces entreprises. Focus sur les entreprises en arrêt L'enquête a mis la lumière sur un point très important à savoir la situation actuelle des entreprises objet de l'étude. Les résultats obtenus cette dernière semaine montrent que 83% des entreprises marocaines sont en arrêt total d'activité. En effet, ce pourcentage représente plus de deux-tiers de la population étudiée. Alors que les structures en arrêt partiel d'activité ne dépassent pas 17%. Le graphe ci-dessus montre la situation spécifique des entreprises par secteur d'activité. Il ressort que les deux secteurs les plus touchés sont le commerce et les services. En faisant un croisement entre le deuxième et le quatrième graphique, nous constatons que pour le secteur du commerce, 81% des entreprises sont en arrêt total, alors que 19% en arrêt partiel. Tandis qu'au niveau du secteur des services, 89.4% sont en arrêt total et 10.5% en arrêt partiel. De même pour le tourisme, 85.5% des entreprises opérant dans ce secteur sont en arrêt total et 14.5% sont en arrêt partiel. En effet, tous les autres secteurs vont dans le même sens, car la bonne partie des entreprises sont en arrêt total dans les dix secteurs. Conclusion, la grande partie des entreprises de notre échantillon sont en arrêt total d'activité et dans tous les secteurs. Ce qui va impacter la croissance économique du pays, le taux de chômage, le Produit Intérieure Brut et le nombre flagrant des faillites que le tissu économique va connaitre en absence des mesures rigoureuses de la part des autorités publiques pour garantir le maintien de l'équilibre. Impact sur l'emploi D'après les données collectées, il ressort que le nombre moyen de postes d'emplois pour les PME est de 12.9 postes, alors que pour les TPE, il est de 3.6 postes. Malheureusement, beaucoup des employés vont perdre leurs postes à cause de cette crise. Rappelons que 90% des 5 millions de TPE-PME sont en arrêt total soit plus de 15 millions de postes d'emplois qui se retrouvent au chômage. La Confédération appelle une intervention rapide du gouvernement, du Comité de Veille Economique et des parties prenantes pour sauver les millions de familles qui souffrent en silence sans réclamer. Par secteur Faut-il rappeler que l'industrie embauche 24% de la population active, suivie du secteur du BTP avec 21%. Il est à noter que seuls quatre secteurs commerce, industrie, services et BTP embauchent 72% de la population active. Conclusions de l'enquête et recommandations Cette enquête ne fait que confirmer une situation de crise sévère de l'économie marocaine. Pour faire face à cette situation la confédération préconise plusieurs mesures qui doivent être prises par les différents intervenants, surtout l'Etat et le secteur bancaire. Il s'agit de : * Faciliter l'accès au financement pour relancer l'activité des entreprises * Accorder aux entreprises en difficulté de nouvelles lignes de crédits (facilité de caisse, financement à moyen et long terme), afin de relancer l'activité ; * Suspendre le paiement des impôts et la prolongation du délai des déclarations fiscales ; * Reporter le paiement des charges sociales par la CNSS ; * Assurer une indemnité pour les salariés qui ont perdu leurs emplois pendant cette période ; * Dresser rapidement un plan de sauvetage pour éviter la faillite des entreprises * Accorder des subventions directes aux entreprises atteintes pour récompenser les dégâts causés par cette crise ; * Mettre en place un programme d'accompagnement pour aider les entreprises à reprendre leurs activités. * Création d'un fond de soutien spécial pour les TPE (y compris AE), PME et les Coopératives. * Faire bénéficier l'ensemble des TPE-PME et Auto-Entrepreneurs du programme d'appui INTELAKA sans conditions (y compris les entreprises + de 5 ans) * Reconnaitre par l'Etat marocain du Coronavirus COVID-19, comme un cas de force majeure, et par conséquent, annuler les pénalités de retard, débloquer les acomptes et les paiements définitifs dans l'exécution des marchés publics pour les TPE et PME. * La Confédération Marocaine de TPE-PME doit siéger en tant que membre du Comité de Veille Economique vue l'ampleur de la crise économique sur les TPE et sur la relance de 95% de l'économie marocain .