Aux défis de la mondialisation : crises économiques et financières ; crises sociales ; terrorisme ; désastre humanitaire des migrations ; crise climatique, s'ajoute la pandémie due au coronavirus Covid-19, que l'on considère comme une nouvelle crise sanitaire « humaine » face aux défis de la mondialisation. En effet, au cours des derniers mois, la mondialisation a fait l'objet de très vives critiques, car le virus Covid-19 mettait l'économie mondiale en danger, tant sur le plan commercial, que financier ou encore touristique : les frontières ferment les unes après les autres ; les nations se cloîtrent et les populations se confinent. C'est la pire pandémie que nous ayons connue depuis la grippe espagnole de 1918-1920. Une récession économique inédite. Rappelant qu'en 2008, le monde entier avait uni ses efforts contre la menace d'un effondrement du système financier. Mais en 2020, la pandémie planétaire menace le monde, qui n'a pas réussi à développer une stratégie unifiée. C'est le règne du chacun pour soi. Alors que l'humanité est plongée dans une crise sanitaire, la question des modes de gouvernance de la mondialisation se pose. La pandémie Covid-19, pourrait-elle devenir le symbole d'une mondialisation malheureuse ? Le monde doit-il aller vers la démondialisation ? Ou bien peut-on gouverner la mondialisation de telle sorte qu'elle soit solidaire plus qu'économique ? Pour l'économiste Thomas Piketty, (dans son interview avec le journal L'Obs, publié le 15 mars 2020) » la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 doit nous amener à définir de nouveaux critères de décision en matière de gouvernance économique mondiale « . C'est-à-dire, la mondialisation doit être gouvernée à nouveau. Actuellement, la mondialisation est en crise. Elle doit être remodelée dans le sens d'une solidarité sociale et humaine ; qui ne cherche pas à satisfaire les intérêts économiques des pays du nord développés au détriment des pays du sud. Malheureusement, même les pays du nord, comme le cas des Etats de l'Union européenne, sont apparus désunis face à la pandémie, en l'absence d'une coordination efficace et de solidarité sanitaire. Par exemple, l'Italie est la plus frappée par le coronavirus, délaissée par ses voisins. En France, le président Emmanuel Macron s'est adressé le 9 mars aux dirigeants de l'UE : Pour faire face au COVID-19, il appelle ses partenaires européens à une action urgente pour coordonner les mesures sanitaires. L'Allemagne a refusé de fournir du matériel médical aux pays voisins. Tout cela explique, inéluctablement, que l'UE n'est pas un exemple de solidarité ou de coopération. La politique européenne face à la crise sanitaire actuelle n'est pas unifiée. Donc, le monde est face à une mondialisation non solidaire entre les pays du Nord et ceux du Sud, mais le plus grave entre les pays du Nord eux-mêmes. Sans oublier, la mondialisation économique « sauvage » marquée par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Chacun voudra retracer un nouvel ordre international. Mais ces deux grandes puissances, convaincues de leur pouvoir économique, se révèlent incapables de coordonner efficacement à l'échelle internationale à cause de la crise sanitaire. En outre, la pandémie du coronavirus va certainement orienter le monde vers une nouvelle architecture de la mondialisation. Car, à défaut de coordination internationale efficace et de solidarité sanitaire internationale, les pays, en matière de lutte contre le Covid-19, ont mené leur bataille propre. C'est un défi national ou un défi de souverainisme. D'autant plus, les Etats abandonnant une partie de souveraineté à la faveur de la mondialisation sans que ces abandons ne se traduisent par des gains de solidarité économique et sociale. C'est le cas des pays du tiers monde, menacés par la pandémie. C'est incontestable, le Covid-19 constituera l'occasion de gouverner les économies des pays développés vers une mondialisation solidaire, égalitaire et équitable pour le bien-être de l'humanité, et d'adopter les règles pour un développement durable face aux différentes pathologies à l'avenir. La crise épidémique du coronavirus illustre le lien entre la mondialisation économique et la mondialisation solidaire. Par Khalid Cherkaoui Semmouni, Professeur de droit constitutionnel et sciences politiques