Avec 3.500 Km de côtes et une menace de stress hydrique qui s'aggrave, le dessalement de l'eau de mer constitue la meilleure réponse à cette pénurie d'eau structurelle. Conscient de cette problématique et des conséquences qu'elle peut avoir sur le secteur agricole ainsi que sur le développement économique, le Maroc a lancé depuis juillet 2018 la construction d'une usine de dessalement d'eau de mer dans la région d'Agadir. Il s'agit de la plus grande usine dans la région méditerranéenne et africaine comme rappelé ce jeudi 13 février par le Directeur général de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE), Abderrahim El Hafidi. C'est en marge du lancement par SM le Roi des travaux de réalisation du réseau d'irrigation à partir de la Station de dessalement d'eau de mer d'Agadir, que Abderrahim El Hafidi a précisé que c'est un projet « très structurant et innovant », surtout en matière d'optimisation du coût de production, et une première en matière de mutualisation entre la production de l'eau potable et de l'eau d'irrigation. D'une capacité initiale de 275.000 mètres cube (m3) par jour, dont 150.000 par jour destinés à l'eau potable, ce projet permettra également l'accès à l'eau potable d'environ 1.600.000 habitants de la région du grand Agadir et développera l'économie agricole et tout ce qui a trait à la problématique d'irrigation. « Nous avons pris en considération un facteur d'une grande importance conformément aux Hautes Instructions de SM le Roi Mohammed VI et qui est le coût de production », a précisé Abderrahim El Hafidi. Référence faite au fait que généralement le mètre cube produit à partir du dessalement de l'eau de mer a un coût très élevé au niveau mondial. Pour réduire le coût de production, l'ONEE a agi sur trois paramètres. Le premier concerne le recours aux dernières générations en matière de technologies pour pouvoir réduire le coût de l'énergie de production, lesquelles sont améliorées par un système appelé le « système des échangeurs de pression » qui est fait de la filtration sous haute pression et « permet de récupérer l'énergie et de réaliser un impact très positif sur le coût de l'énergie par m3 produit et réduit à peu près 43% ». Quant au deuxième paramètre, il concerne, selon le responsable, le raccordement de la station de dessalement à un parc éolien, étant donné que le « Maroc a un potentiel renouvelable très puissant et qu'il est l'un des rares pays à produire de l'énergie à partir de l'éolien avec un coût très optimisé ». Le troisième et dernier paramètre est lié au transport de l'eau dessalée à partir de la station de dessalement vers le réseau de distribution du grand Agadir, a-t-il fait savoir, notant que « nous avons bénéficié de la géographie de la région pour pouvoir mobiliser la force gravitaire et ne pas utiliser l'énergie électrique pour ce transport, ce qui permet d'avoir un mètre cube très optimisé ».