Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts prend part les 23 et 24 octobre 2019 à Oslo, en Norvège, à la 6ème édition de la conférence Our Ocean. Cette conférence annuelle a pour mission de favoriser l'apprentissage, le partage et l'action pour un océan propre, sain et productif. Elle réunit des représentants des gouvernements, de l'industrie, du secteur civil et du monde de la recherche. Pendant deux jours, différents acteurs discuteront des moyens de protéger les océans et d'assurer une gestion responsable des ressources marines et une croissance économique durable. Il s'agit d'accroître et d'améliorer la collaboration et le partenariat en adoptant des engagements concrets et réalisables. Intervenant au panel sur comment « faire face aux défis et agir contre le changement climatique », A. Akhannouch a rappelé les efforts du Maroc dans ce sens, en intégrant il y a plus d'une décennie la durabilité au cœur de sa stratégie sectorielle de la pêche « Halieutis » et en encourageant un changement de paradigme en matière de production, pour passer d'un mode quantitatif à un mode qualitatif. Le ministre a estimé dans ce sens que la durabilité de la ressource en constitue un axe majeur, précisant que des moyens considérables ont été mis en œuvre depuis 2009 pour renforcer la recherche halieutique nationale, la mise en œuvre de plans d'aménagement des pêcheries, le contrôle des navires de pêche par VMS et la traçabilité des captures. Grâce à ces efforts, 96% des captures débarquées au Maroc sont couvertes par des plans d'aménagement et des mesures de gestion durable des pêcheries. Ce système de plans d'aménagement a permis au Maroc de reconstituer plusieurs stocks de manière inédite et en particulier des gisements de macro-algues qui ont un rôle important dans l'absorption du CO2. En l'espace de 5 ans, la biomasse a augmenté de plus de 30%. Le Maroc développe l'algoculture de macro-algues tout au long du littoral pour une production cible de 40 000 tonnes. Un autre projet de production de micro-algues, tout aussi ambitieux, est déjà opérationnel au sud du Maroc. Ce projet novateur vise à terme une production annuelle de 150 000 Tonnes de micro-algues destinées à l'industrie de l'aliment de poisson. Akhannouch a rappelé à ce titre l'importance de l'aquaculture comme source de diversification économique et réelle, en particulier pour les communautés littorales. Au Maroc, le potentiel de production aquacole est estimé à plus de 350 000 Tonnes. Des plans d'aménagement aquacoles ont été mis en place pour fournir un cadre et une offre pour les projets d'investissements. Le Maroc mise également sur le développement de la Recherche qui joue un rôle crucial dans le processus de mise en œuvre de la gestion durable et de la conservation des océans. Lors de cette conférence, M. Akhannouch a annoncé l'acquisition pour 61 millions de dollars d'un nouveau navire de recherche océanographique. Destiné à de la recherche multidisciplinaire de l'écosystème marin et aux problématiques du changement climatique, ce navire de 48m pourra embarquer plus de 15 scientifiques, en totale autonomie d'une durée de 30 jours. Pour le ministre, une action régionale globale, intégrée et inclusive est primordiale pour la préservation des océans. Pour cela, le Royaume du Maroc a lancé durant la COP22, « l'initiative de la Ceinture Bleue » qui a pour objectifs de de mettre en place des mécanismes de coopération et de mobilisation d'appuis techniques et financiers pour répondre simultanément aux défis du changement climatique, de la conservation des océans et d'un développement durable de la pêche et de l'aquaculture, éléments clés de la sécurité alimentaire en Afrique et dans le Monde. Dans ce sens, le Ministre a indiqué que plusieurs projets sont d'ores et déjà lancés et phase d'expérimentation au niveau local avant de les reproduire à l'échelle régionale dans le cadre de l'initiative de la Ceinture Bleue. Il est à rappeler que la production halieutique du pays atteint 1,4 million de tonnes annuellement et les exportations s'élèvent à 2,4 milliards de dollars en 2018. Au total, 200.000 personnes vivent directement de la pêche, dont 50.000 dans la pêche artisanale. Pour améliorer les conditions de travail des marins pêcheurs et leur permet de valoriser leurs captures en les écoulant dans des halles modernes, le Maroc a réalisé 43 points de débarquement aménagés et villages de pêche. Ceux-ci concentrent plus de 60% du chiffre d'affaires de la pêche artisanale. A cela s'ajoute l'équipement des barques en caissons isothermes permettant la préservation des captures et l'amélioration de leur valorisation. Entretien avec le ministre norvégien des pêches Parallèlement à cette conférence, Akhannouch s'est entretenu avec Harald T.Nesvik, ministre des Pêches du Royaume de Norvège. Les deux responsables ont abordé la possibilité de création d'un réseau de coopératives de pêcheurs pour l'observation scientifique en en faisant des correspondants scientifiques (pêche sentinelle) pouvant contribuer à la collecte de données halieutiques et environnementales dans le cadre de la gestion durable des stocks littoraux. Des projets pilotes pourraient faire l'objet d'expérimentation dans d'autres régions d'Afrique via un appui financier dans le cadre d'un appui à la mise en œuvre de la Blue Belt Initiative. Lors des échanges, il a été également question de campagnes de prospection scientifique en Afrique par les navires de recherche marocains, avec appui de la Norvège.