Fraîchement nommé par SM le Roi en février 2019, Mohammed Drissi Melyani, Directeur Général de l'Agence de Développement du Digital (ADD) nous livre, dans sa première sortie médiatique à l'occasion du Salon VivaTech 2019, ses appréciations sur la participation du Maroc à cette grand-messe internationale du digital. L'ADD met le turbo pour rattraper le retard accusé dans ce secteur et prévoit le lancement très prochainement de deux projets visant à promouvoir et accompagner les start-ups. EcoActu.ma : Le Maroc participe pour la 2ème année consécutive au Salon Viva Technology 2019 avec une importante délégation. Quelles sont vos impressions par rapport à la participation marocaine à cette messe de l'innovation et de la technologie ? Mohammed Drissi Melyani : En effet, cette année le Maroc a bien voulu se démarquer lors de cet événement d'envergure, d'abord par une forte délégation constituée menée par le Ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie Numérique et l'ADD en partenariat avec l'ANRT. D'autres organismes ont également fait partie de la délégation notamment la CCG et l'APEBI. Et ensuite, à travers la participation de 16 Startups tech, sélectionnées sur la base de critères objectifs et bien définies Dans ce sens, nos stratups se sont distinguées par la qualité de leurs projets d'innovation ayant permis de mettre en relief les différentes filières retenues pour cette édition notamment l'intelligence artificielle, l'EdTech, le TransporTech et la Geentech. Pour cette édition, nous avons fait preuve d'un bon niveau aussi bien sur la qualité des présentations que sur le contenu des projets portés par ces start-up. Notre objectif a été atteint puisque nous avons réussi à mettre en avant la marque Maroc. Dans la mesure où les startups ont pu séduire des investisseurs des prescripteurs et des grands donneurs d'ordre. Nos startups ont également eu l'opportunité d'échanger avec des start-ups similaires d'autres pays. L'objectif de cette participation est de permettre à la startup innovante marocaine d'exposer son potentiel et de valoriser le savoir-faire de nos jeunes compétences au niveau international, et ce en vue de positionner notre pays en tant que hub digital au niveau africain. L'objectif de cette participation est principalement de mettre le focus sur le Maroc et d'attirer les investisseurs potentiels. Quel bilan pouvez-vous tirer de ces 3 jours du Salon ? Comme vous le savez, l'innovation, au niveau de laquelle la start-up est un acteur important, est un levier incontournable pour le développement économique et social de tout pays. Cela dit, le Maroc cherche à dynamiser son économie digitale en boostant le développement des start-ups. Ces dernières ont pu, à travers les mises en relation effectuées aussi bien à l'Afrobytes qu'au Viva Technology, décrocher des entretiens B-to-B avec des investisseurs de renom intéressés par leurs projets. Dès la semaine suivant notre retour au Maroc, un bilan de notre participation sera élaboré avec un plan d'actions de suivi / évaluation. La volonté y est. Les compétences sont là. Et les idées ne manquent pas. Toutefois des freins subsistent notamment d'ordre financier et réglementaire, qui limitent l'émergence d'une génération d'innovateurs et de développeurs. Ne craignez-vous pas que le Maroc soit dépassé par rapport d'autres pays du continent notamment la Tunisie qui sont plus avancés en matière d'incitation à la promotion des start-ups ? Les orientations royales de SM le Roi par rapport au nouveau modèle économique de développement placent la strat-up au centre de ce modèle. Comme vous le savez nous travaillons sur la Charte de l'investissement, actuellement dans le circuit d'approbation du Secrétariat Général du Gouvernement (SGG), qui réserve un certain nombre de dispositions qui vont faciliter le parcours des start-ups marocaines, leur permettre de tirer un certain nombre d'avantages et de réaliser un chiffre d'affaires dans des conditions meilleures. Cette Charte prévoit également le volet de l'investissement avec des dispositions qui faciliteront aux investisseurs étrangers le parcours de l'exploration du marché marocain. Vous avez été nommé en février 2019 par le Souverain à la tête de l'Agence de Développement du Digital (ADD). Nous savons que vous êtes en cours de préparer votre feuille de route. Peut-on avoir un avant-goût des mesures que vous allez prendre pour accompagner les jeunes start-ups ? En effet, il y a un certain nombre de chantiers que nous préparons dans le cadre du Plan d'actions de l'ADD pour promouvoir et accompagner les start-ups. Je citerai deux exemples prioritaires sur lesquels nous avons avancé. Le premier concerne la mesure prise par le ministère des Finances et qui permet à la start-up innovante de bénéficier d'une facilité de paiement à l'international d'un montant de 500.000 DH en devises. L'ADD, en collaboration avec l'Office des changes et les banques, est en cours de finalisation d'une plateforme digitalisée qui permettra l'entrée en vigueur effective de cette mesure. Le lancement de la plateforme est prévu pour fin juin. Le Deuxième projet concerne la mise en place d'une plateforme sous forme d'un hub virtuel qui permet à la start-up de bénéficier d'un certain nombre de services et d'avoir une Marketplace lui facilitant la prospection du marché national et international. Il s'agit en particulier de mettre à leur disposition des leviers afin de réaliser un chiffre d'affaires. Ce hub constituera sans doute, un grand pas en avant pour accompagner la strat-up dans son parcours d'investissement. Aussi bien le Président de la république du Sénégal, Macky Sall, que le ministre de l'Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy, ont insisté sur l'impératif d'organiser un Salon africain dédié au digital et à l'innovation pour promouvoir les start-ups africaines. Pensez-vous que le Maroc est en mesure d'organiser un tel évènement aussi important que VivaTech ? Tout d'abord, il convient de souligner l'importante qu'accorde SM le Roi, que Dieu l'assiste, au développement de l'Afrique d'une manière générale et en particulier à la coopération Sud-Sud, dont le Maroc joue un rôle primordial tenant compte de ses atouts et avancées réalisées dans plusieurs domaines. En effet, notre pays dispose d'une infrastructure numérique de qualité et doté de ressources humaines hautement qualifiées qui nous permettent de mener à bien le challenge de sa transformation digitale. Etant donné la volonté du Maroc de soutenir les pays africains, l'organisation d'un salon dédié au digital et à l'innovation au niveau du continent aura un effet positif sur l'émergence d'un écosystème continental compétitif. Dans ce sens, l'ADD compte déployer ses efforts pour faire du Maroc un véritable Hub digital au service de l'Afrique.