Cette garantie de l'Etat vient à point nommé pour soulager l'Office qui est dans une phase de restructuration de sa dette. Un chantier que mène l'Office de concert avec le ministère de tutelle. L'Office national des chemins de fer (ONCF) a récemment fêté le millionième voyageur transporté en seulement 5 mois par « Al Boraq ». Un exploit qui dépasse les attentes de l'Office à en croire les propos de Mohamed Rabii Khlie, Directeur général de l'ONCF qui se félicitait des réalisations du Train à grande vitesse (TGV) en marge d'un point de presse. Toutefois, la question est surtout de savoir si les recettes sont-elles aussi en phase avec les prévisions de l'Office ? Interpellé sur cette question, Mohamed Rabii Khlie affirme qu'elles dépassent même un peu les prévisions. Même s'il n'a pas voulu communiquer le chiffre d'affaires exact réalisé, le DG a précisé que grâce aux performances d'Al Boraq, l'Office compte revoir à la hausse, à partir de cet été, le nombre de voyages entre Tanger et Casablanca avec 28 aller-retour au lieu de 20. L'ONCF prévoit de dépasser au cours de cette première année 3 millions de passagers, ce qui permettra la réalisation d'un chiffre d'affaires qui couvrira la totalité des charges d'exploitation du TGV. Une précision du top management de l'Office qui a voulu mettre les points sur les « i » et couper court à certaines rumeurs qui stipulent que le TGV est une « caisse de compensation bis ». «Il faut attendre quelques années pour avoir plus de visibilité sur le retour d'investissement de ce beau projet qui a révolutionné le transport dans notre pays», tient à corriger le DG de l'ONCF. Un projet qui marque un avant et un après de la relation ONCF-Clients. Rappelons que les services qu'offrait l'ONCF étaient en déphasage avec les attentes des Marocains. Trains souvent en retard, aucune communication entre l'Office et les voyageurs, problèmes d'infrastructures, propreté des stations..., autant de maux d'en souffrait ce service public. Pour rétablir la relation ONCF-voyageurs, l'Office a lancé un programme de restructuration et d'augmentation de la capacité du réseau existant en novembre 2018 soit en marge du lancement du TGV. Toutefois ce programme requiert des investissements financiers lourds dont l'ONCF ne dispose pas. Faut-il rappeler que l'Office est l'un des établissements publics les plus endettés en occupant la 4ème place après l'ONEE, l'OCP et Autoroute du Maroc (ADM) avec une dette culminant à 56,138 Mds de DH en 2017. L'Office ne peut donc plus s'endetter davantage pour financer son plan d'investissement. C'est pourquoi l'Etat vient à la rescousse en garantissant les prêts bancaires contractés par l'ONCF à hauteur de 2,5 Mds de DH. Un arrêté du ministre de l'Economie et des finances n° 985-19 du 27 mars 2019 fixant les modalités de conclusion des contrats d'emprunt par l'Office national des chemins de fer auprès des banques à concurrence de 2. 500 MDH a été publié dans le BO du 25 avril 2019. La question qui se pose d'emblée : Cette garantie est-elle suffisante pour la réalisation du programme ? Interrogé sur cette question, Mohamed Rabii Khlie a tenu à préciser qu'en terme de performances de l'exploitation, l'Office est sur la fourchette du réseau ferré à travers le monde les plus performants. « Notre exploitation n'est pas subventionnée. Au contraire nous dégageons de l'exploitation une capacité d'autofinancement pour pouvoir participer à l'investissement des projets. Quant à la dette, elle est allouée à 100% à l'investissement notamment des grands projets », a-t-il précisé. Cette garantie de l'Etat vient à point nommé pour soulager l'Office qui est dans une phase de restructuration et d'assainissement de sa dette. Un chantier de restructuration que l'Office mène avec le ministère de tutelle. « L'objectif étant de pérenniser tout ce qui a été fait jusqu'à présent mais aussi pouvoir accompagner l'Etat dans les projets de développement du réseau », souligne Mohamed Rabii Khlie. A noter qu' un contrat-programme Etat-ONCF est en cours d'élaboration et actera les engagements de chaque partie. Remboursement du crédit TVA Il faut dire que même si l'ONCF est très endetté, il est également créancier. Après n'avoir remboursé qu'une partie de sa dette, l'Etat doit toujours à l'Office 2,5 Mds de DH de crédit TVA. Alors pourquoi l'Etat n'apure-t-il pas ses dettes pour soulager la trésorerie de l'Office ? Nous avons posé la question à Mohamed Rabii Khlie qui a répondu que certes l'Etat a remboursé une partie du crédit TVA, mais pas la totalité. « La garantie que l'Etat apporte en matière de crédit bancaire est en partie pour matcher avec la dette TVA qui court toujours », a-t-il expliqué.