La lutte contre les bidonvilles requiert, entre autres, plus de transparence dans l'opération de recensement des bénéficiaires. La lutte contre les bidonvilles continue de figurer parmi les défis majeurs que le Maroc est amené à relever dans les prochaines années. Lors de la conférence de presse tenue récemment pour présenter le programme de la 17ème édition du salon international du bâtiment (SIB) qui se tient du 21 au 25 Novembre 2018, le ministre de l'Habitat, Abdelahad Fassi-Fehri, a précisé que son département était conscient que l'éradication des bidonvilles requiert une vision globale. « Nous ne pourrons pas traiter ce problème par le simple fait de procurer des parcelles de terrain aux habitants des bidonvilles. Nous sommes conscients qu'il va falloir trouver des solutions qui englobent non seulement l'habitat mais également d'autres services notamment le transport, l'emploi, l'enseignement… », a souligné le ministre. En effet malgré les efforts déployés dans le cadre du programme villes sans bidonvilles (VSB), le problème est loin d'être résolu. En effet, il reste 144.116 bidonvilles à résorber au niveau national avec une forte concentration au niveau de l'axe Casablanca-Settat (76.291 bidonvilles) et Rabat–Salé-Kénitra (40.314). Si le gouvernement a réussi à éliminer plusieurs bidonvilles, il a dû faire face à la naissance d'autres en raison de l'exode rural et de la croissance démographique. Si le ministère n'a pas réussi à atteindre les objectifs du programme VSB censé s'achever en 2014, c'est en raison de la complexité du processus du transfert des habitants des bidonvilles. Les dernières opérations de délogement sous haute tension des habitants des bidonvilles d'Ain Sbaâ témoignent des contraintes à surmonter pour mener ces opérations avec le moins de dégâts. Mais pas seulement, le ministre a précisé que l'opération du recensement constitue également un frein majeur pour lutter contre ce phénomène. « Grâce aux efforts de l'Etat dans ce domaine, 280.000 familles ont vu leurs conditions de vie améliorées soit environ un million et demi de Marocains à travers le relogement. Mais cela n'est pas suffisant puisque nous n'avons toujours pas pu stopper ce phénomène. Et ce n'est pas uniquement une question du foncier mais aussi de recensement des vrais bénéficiaires », a déclaré Abdelahad Fassi-Fehri. Pour remédier aux dysfonctionnements liés à cette opération de recensement, il va falloir plus de transparence, unifier les critères d'éligibilité... Dans ce sillage, le ministère de tutelle travaille en étroite collaboration avec le ministère de l'Intérieur pour résorber les noyaux durs, comme les a qualifiés Abdelahad Fassi-Fehri, qui sont les bidonvilles au niveau de Skhirate-Temara (25.000 baraques) et Casablanca (36.000 baraques). Tous ces problèmes et bien d'autres seront abordés lors de la 17ème édition du SIB placée sous le thème «Construire pour mieux vivre ensemble». Une édition qui se tient dans un contexte particulier marqué par l'adoption des orientations pour la redynamisation du secteur de l'Habitat, présentées lors de la 2ème session du Conseil National de l'Habitat (CNH). Lors de cette rencontre où tous les acteurs de l'habitat se donnent rendez-vous, il sera question de s'attaquer, entre autres, à l'adéquation de l'offre à la demande dans le cadre d'une approche territoriale, l'accroissement de la performance des programmes de résorption du déficit en habitat, l'amélioration de la qualité, de la durabilité et de l'encadrement juridique et technique et la création d'un écosystème pour le secteur de l'habitat et de la construction.