Ecrit par la Rédaction | Le Comité des Quinze Ministres des Finances de l'Union africaine, le Comité F15, se tient les 13 et 14 juin à Rabat. C'est pour la première que le Maroc abrite le F15. L'enjeu est juste considérable face aux crises qui mettent sous pression les finances publiques des pays du continent. Organisée sous le thème « Au-delà de la pandémie de la COVID-19 et du conflit Ukrainien : Renforcer la résilience des économies africaines et la viabilité financière de l'Union Africaine », cette retraite du Comité F15 arrive à point nommé, dans un contexte particulièrement difficile pour le continent, et à l'heure où le monde entier subit de plein fouet les conséquences d'une crise sanitaire sans précédent, doublée d'une crise géopolitique de grande ampleur. Le choix du Maroc reflète, selon la ministre de l'Economie et des Finances Nadia Fettah dans son discours d'ouverture, la confiance que placent nos partenaires africains dans le Royaume du Maroc qui a toujours fait de la coopération Sud-Sud avec les autres pays africains un choix stratégique, porté par le leadership éclairé du Souverain. Elle rappelle à juste titre que le Royaume du Maroc a considérablement renforcé ses relations de coopération bilatérales avec les autres pays africains au cours des deux dernières décennies, tout en œuvrant pour développer de nouveaux partenariats gagnant-gagnant, à la faveur des multiples visites officielles effectuées par Sa Majesté le Roi en Afrique. Ces visites royales – au nombre de 50 dans plus de 30 pays africains depuis l'an 2000 – ont permis de conclure plus de mille accords de coopération qui ont contribué à baliser le terrain pour les opérateurs économiques, dans nos pays, pour lancer des projets d'investissement à fort impact dans plusieurs régions du continent. Une telle dynamique s'est accompagnée par la mise en place d'un cadre juridique plus propice au développement des flux commerciaux et d'investissement. Et ce à travers la conclusion de plusieurs Accords de promotion et de protection des investissements, l'assouplissement de la réglementation du contrôle des changes pour renforcer les investissements marocains en Afrique et la dynamisation des commissions mixtes bilatérales tendant à renforcer la coopération sectorielle, avec une importance particulière accordée au renforcement des capacités et au transfert de l'expertise et du savoir-faire. La réunion du F15 se veut aujourd'hui à multiples enjeux. Et pour cause, depuis 2020 et l'éclatement de la crise économique engendrée par la pandémie de COVID-19 qui a plongé notre continent dans une récession pour la première fois depuis des décennies, les économies africaines font face à une crise quasi-existentielle, qui remet en question la soutenabilité des modèles de croissance, la viabilité des finances publiques et l'efficacité des systèmes de protection sociale. « Le Maroc œuvre également pour mettre sa position géographique privilégiée au service du développement du continent africain, en se positionnant comme hub économique et financier régional et trait d'union entre l'Afrique, l'Europe et le Moyen Orient. Je citerais, à cet égard, le rôle que joue la place financière de Casablanca, qui contribue de plus en plus à canaliser les capitaux internationaux vers des projets d'investissement en Afrique, aidée, en cela, par l'attrait particulier que suscite notre continent et le dynamisme de sa croissance », annonce F. Alaoui. Grâce à cette dynamique renouvelée des relations économiques entre le Maroc et les autres pays de l'Afrique, le Maroc s'affiche, aujourd'hui, comme le premier investisseur africain en Afrique de l'Ouest et le deuxième sur le continent. La crise ukrainienne est venue exacerber ces défis, en aggravant les risques sur la sécurité alimentaire et énergétique du continent, réduisant davantage les marges de manœuvre budgétaires et extérieures de nos pays. En raison de cette conjonction de circonstances aggravantes, l'économie mondiale, et les économies africaines en particulier, se trouvent, aujourd'hui, face à une spirale inflationniste dont l'issue est difficilement perceptible à court terme. Pour notre continent, le coût de cette situation pourrait, si nous n'agissons pas rapidement et collectivement, provoquer un recul considérable des progrès accomplis à l'échelle continentale en matière de réduction de la pauvreté et des inégalités et rendre nos économies encore plus vulnérables aux chocs extérieurs dans un environnement mondial instable. D'où la nécessité de repenser le modèle de financement de si nous voulons garder le cap de l'objectif que nous nous sommes fixé depuis 2015 à Johannesburg, pour un financement durable, prévisible, équitable et responsable de l'Union africaine. « Le Comité F15, fortement engagé dans la dynamique des réformes budgétaires et financières lancées par l'Union africaine ces dernières années, est sans doute l'organe le mieux placé pour mener cette réflexion stratégique, avec, comme objectif, de formuler une vision globale sur la voie à suivre pour apporter des réponses concrètes aux défis du financement de notre institution », rappelle N. Fettah. Et d'enchaîner : « Au cœur de cette vision, la performance budgétaire de l'Union africaine devrait être érigée comme une priorité de premier ordre, en vue d'opérer cette transition, tant espérée, d'une logique des moyens vers une logique des résultats. En effet, les contraintes de financement qui pèsent aujourd'hui sur le budget de l'Union devraient nous inciter, non seulement à rechercher des sources de financement additionnelles, mais surtout à optimiser l'utilisation des ressources disponibles ». Elle exhorte les membres du F15 à mettre en place un groupe de travail rattaché à ce Comité, qui servirait de plateforme de réflexion et de proposition sur les moyens de renforcer la performance du budget de l'Union africaine et d'améliorer l'efficacité de ses dépenses. Cette retraite constitue, selon elle, l'occasion pour le Comité F15 et l'ensemble de ses membres de réitérer leur engagement en faveur des réformes enclenchées par la Décision de Kigali, visant à promouvoir une culture budgétaire et financière axée sur les principes de bonne gouvernance et de reddition des comptes au sein de l'Union.