La flambée des prix des intrants et matières premières au niveau mondial et ses conséquences sur le fonctionnement concurrentiel des marchés nationaux feront l'objet d'une autosaisine pour la production d'un avis du Conseil de la Concurrence. Détails de la note d'information. Conformément à l'article 4 de la loi 20-13 relative au Conseil de la Concurrence, ce dernier s'autosaisit pour la production d'un avis sur la flambée des prix des intrants et matières premières au niveau mondial et ses conséquences sur le fonctionnement concurrentiel des marchés nationaux. Selon la Note d'information, cette initiative émane du contexte marqué par de fortes augmentations des prix de vente aux consommateurs au niveau des marchés nationaux, susceptibles de perturber leur fonctionnement concurrentiel. En effet, comme souligné dans le document, le Maroc ne fait pas exception vu que ses marchés opèrent dans un environnement entièrement libéralisé et dans la mesure où une bonne partie des intrants et matières premières sont importés, particulièrement l'énergie et les céréales. En effet, le Maroc importe près de 90% de ses besoins en énergie et environ la moitié en céréales et par voie de conséquence, il est tout à fait logique que ses marchés soient impactés par leur exposition à l'évolution des cours mondiaux. Selon les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), la variation de l'Indice des Prix à la Consommation (IPC) a atteint 3,6 % en février 2022, soit le niveau le plus élevé enregistré depuis quelques années où cette variation a toujours oscillé entre 0,2% en 2018 et 1,4% en 2021. Toutefois, cette variation est beaucoup plus prononcée pour les produits alimentaires dont l'IPC a connu une explosion au cours des deux premiers mois de l'année 2022 en passant d'une moyenne qui dépassait rarement les 1% à presque 5,5% durant le mois de février 2022, précise-t-on. L'objectif de l'avis est justement d'apporter les éléments de réponse et de compréhension aux raisons profondes des récentes fluctuations des prix de vente au niveau national, d'évaluer leurs impacts sur les marchés nationaux et de recommander éventuellement les mesures à même de rétablir le fonctionnement concurrentiel desdits marchés. L'avis du Conseil de la concurrence sera organisé autour de trois grands axes : le premier a trait à l'analyse de l'évolution récente des prix et des cours au niveau international, le deuxième portera sur les principales causes de cette tendance haussière, et le troisième concernera l'examen de son impact sur les prix de vente aux consommateurs au niveau national, notamment l'appréciation du degré de corrélation entre les deux variables suivantes: évolution des prix au niveau mondial avec les prix de vente au niveau national. A cette fin, les principes généraux qui ont guidé la sélection des produits et des secteurs concernés par la note se basent sur les trois éléments suivants: le premier porte sur la nature des produits (produit de première nécessité ou pas), le deuxième concerne son degré de dépendance par rapport aux marchés internationaux (produit fabriqué localement ou importé) et le troisième a trait aux niveaux de hausses de leurs prix de vente enregistrées sur le marché local (très fortes augmentations). La note d'information précise que l'analyse sera portée sur deux périodes distinctes : une première période plus large couvrant l'évolution annuelle des quatre dernières années (2018-2021) et une deuxième qui se focalisera sur les trois premiers mois de 2022, durant lesquels ont été constatées des fortes fluctuations des prix de vente aux consommateurs sur le marché national. Le choix de 2018 est justifié par l'objectif d'apprécier l'évolution des prix par rapport à une période de référence d'avant la crise sanitaire. Treize produits appartenant à trois grands groupes de produits de base ont été sélectionnés pour faire l'objet de l'avis du Conseil de la concurrence. Produits concernés par l'avis D'abord le blé importé, car comme le montre la note d'information son prix a connu, au cours des quatre dernières années, une tendance haussière passant de 2288 Dh/t en 2018 à 3062 Dh/t en 2021, soit un accroissement de 33,8%. L'augmentation est aussi confirmée pour le mois de janvier 2022 dans le mesure où son prix a atteint 3238 Dh/t contre 2670 Dh/t en janvier 2021, soit 21,2%. A rappeler dans ce cadre que les importations du blé, évoluent selon la production nationale. L'approvisionnement du Maroc en blé est assuré à parts presque égales en moyenne par la production nationale et par les importations. Pour ce qui concerne les légumineuses, l'analyse portera uniquement sur les lentilles. En effet, il s'agit d'un produit que le Maroc importe massivement, soit environ 60% de ses besoins. Quant aux autres légumineuses, les pois-chiches et les haricots…, le Maroc dispose d'une importante production locale lui permettant d'assurer en grande partie ses besoins en ces produits. S'agissant du beurre, il y a lieu de signaler que la couverture des besoins nationaux en ce produit est assurée à hauteur d'environ 30 % par la production nationale et le reste est importé. Ce produit a, lui aussi, vu son prix à l'importation augmenté passant de 39 983Dh/t en 2021 à près de 43 258Dh/t en 2022, soit une hausse de 8,2%. Ce prix s'est accru de presque 37% en mois de janvier 2022 comparé au même moi de l'année précédente. Le secteur de la sidérurgie souffre du manque de la matière première, à savoir la ferraille et la billette. Il y a un approvisionnement local qui couvre environ 30 à 40% des besoins du secteur, les 60 à 70% restants, sont importés. En ce qui concerne les fils, barres et profilés en cuivre, le prix à la tonne a connu une forte progression, passant de 60 781 Dh/t en 2020 à 82 189 Dh/t en 2021, soit une augmentation de 35,2%. Cette hausse est d'autant plus accentuée en janvier 2022 où le prix à la tonne a atteint 89 742 Dh contre 71 951 Dh/t en janvier 2021, soit +24,7%. S'agissant des matériaux de construction, le Maroc a consommé en 2019, environ 1,2 million de tonnes de ronds à béton et 250 000 à 400 000 tonnes de fil machine. Le Maroc a importé en 2019, l'équivalent de 295 000 tonnes de rond à béton et de fil machine. L'un des principaux matériaux de construction qui a connu une augmentation manifeste depuis quelques mois est le rond à béton utilisé dans la construction. Ce dernier est dépendant des prix de la ferraille. Ainsi, son prix est passé de 2668 Dh/t en 2020 à 3962 Dh/t en 2021, soit une augmentation de plus de 48%. Sur le mois de janvier 2022, son prix a cru de près 36,6% par rapport à janvier 2021. En ce qui concerne les produits énergétiques, le Maroc dépend totalement des importations en gasoil, essence et Fuel-oils. Il s'agit des produits importés qui connaissent les plus fortes augmentations de leur prix vu que ce dernier a affiché 5193 Dh/t en 2021, en accroissement d'environ 38,5% en glissement annuel. La hausse est très accentuée en janvier 2022/2021 et dépasse les 60%, conclut la note d'information.